Grumbl

On peut les trouver chez Lidl, pour un prix très modique (surtout qu’elles sont de 50 cl chacune) (peu fortes, c’est indispensable pour durer et ne pas agresser les gens). L’inconvénient c’est le clochard devant chez Lidl, mais il est probable que je développe une parano. Il m’a dit – et je ne plaisante pas – ceci n’est pas une mauvaise blague tourgueniste comme il y en a tant – il a donc maugréé : « Tu bois trop… ». Il était à 4 mètres environ. Je me suis donc demandée si je n’avais pas des hallucinations auditives. Si je ne me parlais pas à moi-même à travers ce clochard (sorte de culpabilité névrotique détournée). Puis – j’ai cru clairement entendre – « regarde-toi, t’es pas belle comme ça ». Là j’ai flippé, je suis entrée très vite très vite dans le tourniquet de chez Lidl. J’ai mis un peu de temps à comprendre le mécanisme du truc. Parce que je sortais de trois heures de sangria de chez ED. Il est vrai que j’étais salement habillée. Mais bon, Lidl c’est assez déprimant comme ça, donc tu te coordonnes, tu n’hésites plus à te trimballer habillé en poireau pour adhérer au décor. Bon voilà, faut savoir que c’est quand même un lieu vicieux, qui insiste bien sur ta non-pérennité sociale, c’est-à-dire la non-émergence de ton compte en banque dans la société. Mais je m’égare. J’ai donc foncé vers l’endroit où sont rangées ces fameuses bières pas trop fortes mais énormes (parfaites pour une concentration longue durée sur des mutants à l’huile pour résumer). J’ai pris très vite les bières, il était donc 17h, en traitant intérieurement le clochard de, enfin bref une espèce de « tiens, prends-toi ça dans la gueule, de quoi j’me mêle » que j’me disais en arrachant le pack de bières un peu violemment. Bon et à la caisse, du coup, j’avais l’impression que tout le monde regardait mes bières. Bon voilà. Y’avait que ça sur le tapis roulant. Il était 17h. Bon mais en même temps je pouvais très bien rejoindre des copains sur le champ de Mars pour une happy few party, merde. Je sais même pas ce que ça veut dire happy few party.

Bon, mais c’était pas le cas.

Donc j’avais l’impression que les gens sentaient, reniflaient, l’espèce d’appendice anormal qui pendait au milieu de mon visage. Soit mon nez rouge. Ma patate, comme on l’appelle avec Paulo et Francis.

Je suis sortie très vite, le pack heureusement caché dans mon gros panier acheté chez Monoprix, dont les anses se décollent malheureusement petit à petit sous le poids des packs de bières. Le clochard a pas eu le temps de dire un mot parce qu’il parlait avec un autre sale gars, et le temps qu’il décide d’interrompre sa conversation pour encore me faire chier, ben j’avais déjà filé, avec mon œil rouge de psychopathe et la mine renfrognée des fois qu’on veuille m’agresser.

Bon, et après je suis rentrée.

C’est tout agent Zéro. J’peux pas prendre de photos. y’en a plus.