Et soudain tout s’arrête. Les habitants sortent de l’abri en rang par deux arborant leurs plus chatoyantes couleurs, se dirigent vers les arènes irradiées, oubliant soudainement l’humiliation. Les ruines sont pleines de mutants. On sert le vin. La neige est noire, le roi est nu.
Mina prépare ses arguments dialectiques : ouvrages nombreux, pamphlets dévastateurs, tracts savoureux, drapeaux noirs, AK-47 et grenades à fragmentation. Igor, ivre, cuisine du plastic. Carver décore les t-shirts. Dehors, les oppresseurs, systémiques et/ou structurels, tremblent.
Mina regarde le feu. Elle pense à une chanson folklorique du vieux millénaire. Burn the disco. Hang the Dj. Ses mains se posent sur les grenades customisées, rouge, noire et paillettes, évidemment. Les nazis sortent en hurlant, nus. Igor rigole. Mina plisse les yeux. Explosions.
L’air est chaud, un peu humide.
Nous remontons à la surface avec nos combinaisons intégrales. Carver est en larmes, Mina serre les poings, je pousse la dernière trappe. Nous sortons du bunker. Dehors le ciel est violet, la pluie noire, les bâtiments relativement intacts. Nous sommes les derniers zombies. Enfin.
Les néons clignotants, les murs suintants, graisseux, l’air goût recyclage, les cafards volants massifs, on est lundi. Igor baisse la tête, Carver se blottit, tout contre, leurs doigts s’effleurent. Mina, déjà ivre, prépare un mauvais coup, du genre politique, et nucléaire. Boum.
Mina, en combinaison de parachutiste soviétique, regarde le camp en contrebas avec un monoculaire anthracite. Les réfugiés quittent la région, la menace nucléaire a tué tout conflit interne. Igor ondule lentement, ragtime. Le dirigeable chinois, couleur savane, brûle, au ralenti.
Et on reparlait à nouveau des missiles sur Hawaï. Carver se bouche les oreilles. Mina renverse la table. Igor essaie de réparer la vieille radio du grand père. Dehors il fait déjà nuit. On entend le chat dans la cuisine. Le bruit du frigo. Stop.
Nous remontons à la surface avec nos combinaisons intégrales. Carver est en larmes, Mina serre les poings, je pousse la dernière trappe. Nous sortons du bunker. Dehors le ciel est violet, la pluie noire, les bâtiments relativement intacts. Nous sommes les derniers zombies. Enfin.
Ils se retrouvent dans la carcasse d’un zeppelin, chinois ou russe, pulvérisé par l’explosion liminaire. Mina claudique un peu mais semble bien. Carver et Igor, ivres et nus, enlacés sous la douche de décontamination, luisent légèrement, irradiés. Vodka pour tous. Entropie tango.
La fille à la robe bleue entre dans la classe. Elle est gigantesque, magnifique. Mina plisse les yeux, admiration. igor se tape sur les cuisses, joie. Carver soupire. Dehors, pluie noire. La fille à la robe bleue sourit à Mina. Explosion dans le couloir. Leurs mains se touchent.
Les arènes se vident lentement, on retire nos masques, le soleil embrase nos peaux, on tousse, on tombe à genoux les mains dans les cendres froides. Nos larmes de joie s’évaporent immédiatement, nos cheveux s’enflamment, nos yeux explosent joyeusement. La victoire est totale.
Et Mina de sortir piques et torches. Et vive le feu. Enfin.
Igor range les munitions dans le sac à dos gris sale. Mina sourit. On est en Angleterre ici. Les gens n’ont pas de revolver. Carver classe les manifestes qu’ils distribueront dans la zone périphérique. L’homme à la tête de chat passe un veston en kevlar très classe, glitter rose.
Allongés sur le toit du bunker, nos amis se réchauffent au soleil, se sourient, se blottissent très tendrement. Leurs combinaisons protectrices sont un peu encombrantes et épaisses mais offrent une protection d’au moins sept minutes. Quel luxe. Autour d’eux, un monde de cendres.
Dehors la musique est tonitruante et les basses, volcaniques, font exploser les trop petits animaux. Carver enfile ses jeans neufs et des lunettes d’aviateur. Ses pupilles sont déjà immenses, lacs sans fond, quand il bondit hors du bunker. On va voir ce qu’on va voir. Fuck. Yeah.