… tu t’allonges… ça fait drôle de te voir là… chez moi… tu trembles légèrement… moi aussi j’ai un peu froid… tes seins durcis semblent me lancer un appel. tu me souris, et je pose la trousse en cuir sur la table roulante. tu frissonnes. je suis moi-même plutôt excité. je vide lentement la trousse de son contenu sur le drap en coton blanc. les outils étincellent. les murs en béton gris rendent la scène un peu effrayante, dans un hôpital ça aurait paru normal. ici, dans une cave humide et triste, ça parait un peu surréel, un mauvais film d’horreur. une seringue, une simple piqûre dans ta cuisse, tu grimaces. je brandis un scalpel dans la lumière du plafonnier. il est tard, ma main tremble un peu. désolé nathalie…
d’accord il plongea, il s’insinua dans ce qui ne représente rien pour là-haut. ici si je pleure c’est comme si je ne pleurais pas. il resta calmement au fond sans repirer sans respirer.
et peut-être après c’était mieux.
si je ris c’est comme si je m’étouffais
il s’ouvrit sur le dos regarda le dos de la surface là-haut, frontière encore plus implacable que de l’autre côté. je reste.
… d’étrange petits champignons aux chapeaux noirs et dentelés. Nikolaï en ramasse un à l’aide d’une pince et l’enfoui dans un petit bocal en verre qu’il porte à la ceinture. Tourgueniev acquiece de la tête. L’humidité se fait de plus en plus présente et on peut entendre desormais comme un bruit d’eau qui vient du bout de la galerie. La progression se révèle aisée malgré les quelques cubes de béton qu’il faut parfois enjamber ou éviter. Natalia semble frustrée de ne pas avoir rencontré d’adversaire et elle progresse maintenant en tête du cortège, toujours à la limite de luminosité de la torche. Un minuscule cercle de lumière se manifeste à la limite de son champ de vision, Tourgueniev espère qu’il pourra mener les négociations avec les autochtones sans que le sang coule.