La nuit tombait doucement sur l’île, une chanson emplissait l’air du soir, deux voix de femme, un piano…
L’immense hôtel semblait désert, abandonné. Quelques lézards, seuls occupant de la piscine vidée et des tables renversées. Toujours cette chanson dans l’air, entêtante et triste. Sur la terrasse qui dominait le Patio, Igor regardait la mer, à côtés de lui, Oneko, son chat, dormait paresseusement. En contrebas, près du bar, Orad jouait du piano et chantait, accompagnée par Gwendoline, qui se tenait derrière elle, les mains passées autour de son cou. Derrière elles le professeur Fox, allongé sur un transat, semblait dormir. Igor huma l’air, tentant d’y retrouver le fort parfum de vanille qu’il n’aurait pas du pouvoir trouver ici, mais qui semblait imprégner toutes les chambres de l’hôtel fantôme. Oneko se redressa doucement, s’étira et entreprit de se lécher nonchalamment le bout des pattes.
En bas, le professeur Fox dormait maintenant profondément, et les ronflements sonores du petit indien montait doucement vers la lune. Les filles toujours enlacées avaient rejoint la suite qu’ils s’étaient choisie au dernier étage. Nicolaï remontait maintenant le sentier menant à hôtel, portant quelques gros poissons; il semblait avoir arrêté ses toxines habituelles, et commençait à retrouver figure humaine: on pouvait même lui trouver un début de bronzage. Bien sûr il refusait toujours de dormir dans hôtel, et occupait un bungalow sur la colline à l’est de la piscine, mais Nicolaï restait Nicolaï…
La nuit était douce, Igor regardait toujours la mer, dans sa poche la présence du petit pistolet à aiguille le réconfortait, maintenant tout pouvait aller très vite…
La première explosion vint vers deux heures, d’abord une lueur aveuglante, terrible, puis le champignon qui s’élève lentement, le fracas n’arrivant que quelques minutes après.
Nicolaï fut, bien sûr, le premier à sortir, il portait des lunettes protectrices de sa conception, elles semblaient terriblement complexes à Igor, lui ne portait que de classiques Ray-Ban.
Les filles arrivèrent, main dans la main, Orad pleurait un peu, Gwendoline, restait terriblement calme: « trop loin. » Dit-elle doucement, dans un souffle.
Le professeur lui ne se réveilla qu’à la troisième explosion, quand l’onde de choc fit basculer son transat. Un juron plus tard, il rejoignait les autres sur la terrasse.
Igor pris la main de sa sœur et l’embrassa doucement; sa bouche sentait la vanille…
Oneko s’étira de nouveau et s’endormit; Sur la colline, Nicolaï pleurait doucement.
Une chaude brise venant de la mer soufflait maintenant sur l’hôtel.