Mardi matin. On fait l’inventaire. Le matériel est aussi défectueux que l’humain. Essence, chiffons, bouteilles. Les filles nous sourient.
Et nous connaîtrons d’autres moments. D’autres moments plus grands. Mais aussi, sans doute, quelques autres, vraiment, petits.
Mercredi matin. Lipstick pour tous. Les miliciens sont sur les nerfs. Dans le ciel, le noir léviathan, somnambule. Carver et Igor, au lit.
Dans le frigo, 1000 embryons de Ninjas, collés aux bouteilles de champagne prévues pour la fin du conflit. On fait tout sauter. Direct !
Mina testait la Méthode d’endormissement des tigres sur les miliciens corses. Le thé hallucinogène incas coule à flot. Igor relance de dix.
Bricolage. Sous le plancher, origine de l’odeur, un corps oublié. Dans sa bouche un diamant. Dans sa main, un poumon de chat. On range, nus.
Mina, pratiquement lucide, répète les derniers mouvements de sa passe contre le conglomérat lituanien. Carver repasse sa plus jolie robe.
Dans les tunnels, on manquait de tout. Sauf de rats et de pestilence. Nos fêtes étaient légendaires et éphémères. Mina, toujours en blanc.
Lundi matin. Éclairs.
Carver et Mina, déglinguées, sautillent sur le toit de l’hôpital, monoculaires en l’air. Le son des explosions se mêle à celui des basses.
Fête des dieux ! Igor dépense 30 pierres magiques, 6 tirages. En pure perte. Même pas un œuf d’or. Soirée fichue. Nager dans le canal. Nu.
Mina saute Igor contre la portière arrière du bus Paris-Irkoutsk. Les charnières lâchent. Noyade générale. Yeah.
Mardi matin, Igor accuse le coup. On annonce une pénurie de soleil vert dans le 19e. Mina tricote un pull cyclope. C’est l’hiver. Nucléaire.
Ils ont volé mes cartes de crédits, pas le liquide, je me lève, ils me repoussent, dans la baignoire, je brûle les plans du zeppelin.
Le petit déjeuner est gratuit jusqu’à 10h30. L’hôtel est entièrement détruit. Plus de tasses intactes. On boit le thé dans de petits bidons.
Mercredi. Carver ouvre les volets. Entrée d’une aube blafarde, chargée de poussière de radium. Mina révise son morse. Igor reste au lit, nu.
Ils se prennent la main, se sourient, vérifient les parachutes, sautent. En contrebas : Paris sous les bombes. Mars 1995.
Il trouva une fille qui s’appelait Michael.
Carver, écroulé sur le cadre. Carver pédalant à fond, rattrape son retard. Dans son sang, mille dopants. Derrière, les premières explosions.
Jeudi : bonne ambiance.
Et l’aube de saluer les survivants, hilares, d’une nuit de bombance, de doux sourires, de complices révolutions, nus.
Igor glisse sa valise, en bois, dans le compartiment sous le siège du pilote. Ses mains, tigrées de vert, fendent l’air d’un obscur signe.
Nager la nuit sous les étoiles, nos mains nouées. Redouter, espérer, la grande, dernière, vague.
Nouvelle année. Autour du temple, en ruine, les feux s’élèvent à la nuit tombée. Mina, Igor, du balcon, contemplent les combats, tremblants.
Igor, Carver, se jouent des forces maléfiques invisibles des milices mystérieuses, des phalanges grises, des œufs mal cuits, nus, forcément.
Igor, ligoté derrière le mur, fredonne de vieux airs oubliés de tous. Mina fait mine de ne rien entendre. Carver insulte les rats. Hésiter.
Sans doute pire que le foot. Sans doute. Igor balance l’écran par le sas. Dehors, la ligue des rouquins ricane.
Pendant l’explosion, Carver embrasse furtivement Mina. Igor, hypnotisé par les flammes, le chaos, ne remarque pas. Ils se blottissent, gais.
Et le chaman de fournir aux participants une petite bassine ronde et un pistolet brillant. Et une balle, explosive.
Dans la carlingue défigurée de l’antique DC10, l’homme à la tête de chat repère les plus gros rongeurs, trace le patron de son futur caban.
Le tsunami est annulé. Vous pouvez reprendre vos activités habituelles. La poésie peut aider. Carrément.
Lieu maléfique. Boîte de nuit en journée. Sièges en Skaï défoncés. Sur la scène violemment éclairée, une batterie, rouge. Mina, sa gattling.
Te regarder me sourire, je peux mourir.
Papa, pourquoi tu as mangé mes frites ?
Hey ! Le dialoguiste de nos vies, stop l’acide.
Squee !
L’homme à la tête de chat, en conférence, avec la femme à la tête de panthère nébuleuse. Si. Ça existe. Conférence de paix. Fin du monde.
À Chiba, on trouve un nouveau foie à Carver. On l’échange contre un vieux rein, tatoué, tigré. Mina refuse de porter une cape. Igor déguste.
Mina, légèrement nostalgique, à Igor : « Je crois que le trou effrayant à la place de mon cœur est le centre de l’univers connu ». Vertige.
Les ambassadeurs se réunissaient, ivres, dans la grande piscine de l’hôtel, vidée pour l’occasion, nus, pour éviter les assassinats rituels.
Et Mina de s’exclamer avant de défourailler en se jetant sous la table basse du salon : « les virgules, haha, les virgules »
Mina, les ruines d’Angkor, partage un thé, des œufs, avec la patronne des Forces de Libération de la Réalité. Elles rigolent bien, malines.
Et en face… C’est la côte anglaise. Mina enlève son pull. Sur le ferry, l’ambiance est vraiment pourrie. On balance les corps à la flotte.
C’est l’aube. Les dernières rations sont distribuées aux miliciens ardéchois. On arme la phalange turco-suisse. Dans le bunker : frissons.
Il neige dans le 19ème. De la cendre noire. De la pluie grisâtre. De petites pierres pointues vraiment très très coupantes et revanchardes.
Sur la colline. Roder, avec toi, dans la futaie. C’est l’aube. Nos yeux sont rieurs, aimants, si vieux. Une brume monte du sol argileux.
Mon disque dur est mort. Saudade.
Ensuite : des hémorragies internes et externes surviennent ensuite, suivies du décès par choc cardio-respiratoire dans 50 à 90 % des cas.
Fin de l’happy hour.
Dans la zone, plus d’espoir. Igor et l’homme à la tête de chat se murmurent, à l’oreille, de doux secrets. Minarets et citadelles cachées.
Chaque nuit je rêve d’une maison penchée.
Sous le sapin de Mina, un zx spectrum, une kalachnikov et les clefs du zeppelin. Après ce décisif réveillon, rien ne serait comme avant.
Il y a des tâches de sang partout dans la cuisine. Surtout sur les casseroles et les couteaux. Porter le deuil de ce lundi matin illustré.
Écrivons ensemble les légendes, les murmures, les histoires, les sagas de la fin des temps. Mains nouées, souriants, échangeons les secrets.
Métro Crimée, les observateurs russes préparent la troisième guerre mondiale. Ça sera funky, vert foncé. Mina, rue de Nantes, calcule grave.
Dans la salle de conférence souterraine, une grande roulette customisée. Nos héros tirent alors rôle, genre et orientation sexuelle. Ou pas.
Mina, Igor, se refusent à tout commentaire. Carver, sous la camionnette, bricole. L’homme à la tête de chat coordonne les opérations. Pause.
Traverser l’Australie en dirigeable. Jouir de nos cabines. Première classe et cuir de buffle. La salle de bal, ouverte sur le vide. Vertige.
Un traducteur corrézien ivre de joie mélange pourparlers de paix et phase de poules. Drame.
Antarctique 2003. Te revoir enfin. Nos vacances à la mer. Margarita, amicale émulation, ours polaire. Mina bouquine.
On repêche les corps au niveau de l’écluse de la rue des mauvais garçons. La cause de la mort semble être une malédiction péruvienne. Oui.
Mina, Carver, Igor observent tranquillement le début de l’embrasement. Les armées en mouvement. Les champignons dans le ciel. Cette lumière.
Amenez vos amis, c’est le temps des aventures. Nous partons pour de lointaines contrées. Princesses, rois fous et reines vampires attendent.
Plus tard. L’hôtel à l’abandon. La piscine toujours vide. Carreaux brisés, herbes folles. Hiver nucléaire. Dans le grand salon, Igor, Mina.
Dans la rue, Ebola.
Dans la Conurb, grand retour des Panthères Modernes, du Front de Libération de la Réalité. Ambiance toujours pourrie. Cannibalisme.
Igor surveille la porte. Dans le bar, trop sombre, on ne compte plus les victimes. Man Ray est au fumoir. Carver recharge les fusils. Break.
On partage les bâtons de dynamite en trois. Puis c’est l’heure de la pâtisserie artisanale. Mina assure. Carver explose les conventions. Si.
Mina, Igor, rodent dans les parages. Visite nocturne ultra connectée des antiquités égyptiennes. Momie en folie. Carver, sa valise, en bois.
Et Igor de bondir dans l’action. Et le train d’exploser. Et Mina de conclure la paix. Et Carver de soigner son alcoolisme mondain. Et…
Seul bâtiment intact de l’antique cité une fromagerie du quartier Nord. Sa rénovation était en œuvre au moment de la guerre des champignons.
Carver, du genre fluide, de genre fluide, portait robes et trucs roses quand il se sentait viril et marcel et short si elle se sentait girly.
Rire, détente. Golf dans le champ de mines. Cubes sur l’autoroute. Natation synchronisée dans le volcan. Mina, Igor, Carver, qui fait quoi ?
L’homme à la tête de chat découvre une réserve naturelle de souris décapitées, in vitro, sous la table de la cabine. Première classe.
Et, illustre, l’homme à la tête de chat referme, paisiblement, le grand livre de sa, chaotique, jeunesse. t.co/Jh82UyINdy
Après le premier choc, sa mère à Igor : « Bali c’est joli, Capri c’est fini, Java c’est basta, Lombok c’est pas toc ».
J’ai rangé les armes à la cave. Mina porte toujours un sabre de cavalerie, en avril. Carver : vélo et point de croix. Dehors les cendres.
Pour échapper aux grenades biologiques, s’enduire de monoï. Insister aux embranchements glaireux. Ne pas débattre de sujets politiques, nus.
Et Igor de se laisser glisser lentement dans l’eau glacée. Au fond de l’eau, l’entrée du tunnel. Et les requins bleus atomiques consanguins.
Dehors, tombe la neige, noire, sur l’antique capitale européenne. Les véhicules blindés inutiles encombrent la rue, défoncée. Et, on chante.
L’homme à la tête de chat, sur la terrasse de l’hôtel en ruine, contemple, au téléphone, la destruction de l’époque humaine. Des croquettes.
À l’ouverture de l’antique abri, un furet, ironique, s’échappe en faisant « pop ». Mina y voit un signe de fraîcheur. Igor sanglote, ivre, nu.
Mardi : fièvre accompagnée d’asthénie, de myalgie, de céphalées ainsi que de maux de gorge. Débutent ensuite les diarrhées…
Par la fenêtre, les hommes en noir. Le bruit des bottes.
Le cratère, presque l’aube. On stocke nourriture et vêtements pour le festival. La neige, brune, recouvre tout peu à peu. Mina somnole, nue.
Depuis mardi nous aimions le vieux barbu et sa révolution. Voir rouler les têtes des tyrans au pied de leurs idoles abattues. Éclate totale.
Enfant soldat ivre, Igor ne devait sa survie qu’à un sens de l’humour immobile et de couleur plutôt ultraviolet. La nuit, j’ai si froid, si.
Mina, Igor, poser des bombes au petit matin. Dans les rues, les milices, ivres. Carver confectionne munitions et alcools. Et, on danse, nus.
Difficile d’expliquer à nos gardiens les raisons réelles de notre misérable tentative d’évasion. Nos cheveux courts, le maquillage, hilares.
Ce soir là, Howard Philip : « Le rêve de Seekonk – raz-de-marée – foudre du ciel – exode depuis Providence – la chute du dôme du Congrès. »
Ils ouvrent la porte sur la fin du monde. Interlude.
Et, vive le feu.
Collocation 101 : le ménage, toujours nus, partager les munitions, les vivres, les amant-e-s, un seul lit, se sourire, et la révolution.
Dans la cave, ombragée, de l’appartement 42 on écoute Pop Satori religieusement. Dernières minutes avant la fin de tous les chants. Éclairs.
Et nos visages, voleurs de poules. t.co/RZP0ADSB7A
Carver, à vélo, à l’aube, remontait les Champs. Sur sa chemise, un message : la langouste ne passera pas. Les miliciens ricanent. Grenades.
Mina portait une combinaison caméléon. Mina arborait un karma sans tâche. Et, un optimisme sanguinaire, homicide.
Les vivres commençaient à sérieusement manquer. Nourriture, eau, munitions et caleçons propres. Mina, sur la brèche.
Le gomi, partout, et personne pour le trier, l’entasser, le compiler, le régénérer. Igor, son nouvel arc, entraînement. Suivent accidents.
Grosse agitation autour du métro Crimée. Vivres et munitions commencent à manquer. Les milices tiennent le Monoprix et le Castorama. Misère.