Sortir du bunker, passer le champ de mines, s’extraire du brouillard en souriant. Retrouver le soleil, de nouveaux horizons. Libres, enfin.
Et la peur de l’autre, l’égoïsme pur et simple, le je avant le nous, avant le eux, la simple ignorance, toujours les armes du capitalisme.
Dans les ruines, la VHS que tu avais laissé pour tes amis, au Pérou, ton sourire m’impressionne, les avions tombent du ciel. Être en larmes.
Et soudain, les sirènes.
Orgues. C’était un amour tropical. Orgues.
Espoir fou des révolutionnaires, le dirigeable blindé canonne l’antique cité. Les hommes sans âme s’égorgent dans les décombres hantés. Oui.
Interlude, dansé.
Mina et Igor rejoignent Carver à l’étage pour admirer les premières déflagrations. Combinaisons inconfortables alors se dévêtir, se blottir.
On marche, sur la jetée, époques variées, nos mains se frôlent, nos doigts se touchent pratiquement, rire de concert. Presque se connaître.
Ce soir j’irai mourir au club.
Les dernières gouttes d’essence, les dernières balles, les dernières étreintes paniquées, nos doigts qui se touchent, puis la fin, de tout.
Les milices kurdo-siciliennes déchirent la dernière forteresse du dictateur aux abois. Dans le bunker, Igor prépare son ultime discours. Nu.
Mina à la basse, Carver à la batterie, l’homme à la tête de chat à la guitare et Igor, ivre dans un coin, au chant, le public, est, en, feu.
Sortant de scène, tu m’embrasses furtivement, Igor nous sourit, Carver ouvre le coffre, je m’extirpe par la fenêtre des toilettes, il neige.
Carver, sur une île au large de Bornéo, s’imagine éviter le pire du festival nucléaire, il oublie à chaque fois le raz de marée, et l’hiver.
Igor, levé dès l’aube, s’aventure prudemment dans Jérusalem. C’est noël, la neige recouvre Southampton bien mise à mal par les bombardements alliés. Restés à l’hôtel, Mina et Carver inventorient les munitions, les provisions, le sel. Les rues charrient les espoirs de l’an passé.
Et Igor, Mina, Carver, sous la pluie, se recueillent, se souviennent de son rire, de sa joie de vivre. Le bruit des gouttes sur le pavé.
Le bunker. Igor passe la serpillère en écoutant « Papa don’t preach ». Nu. La chaleur est intense. Les filles se bandent les seins. Boogie.
Avec Carver, on avait parié sur un conflit relativement rapide, ça a duré 56 minutes. Dans la cave, il fait vraiment froid. Larmes et rage.
Et… Vive le feu.
Je vais te poser trois questions. Et la maison va brûler. Et les garçons vont crier. Et on tuera tous les affreux. Et tu me répondras. Fin.
Place de la République, nos amis avisent un petit homme naïf qui s’époumone, fier, on est mercredi, dans quelques jours, l’hiver nucléaire.
Et Mina termine, cul sec, la bouteille de vodka. Igor, tête dans la cuvette, renonce à la poésie. Carver, à la fenêtre, tire dans la foule.
Et dans les rues, dans la fumée, les tigres rugissants. Les hurlements, les sirènes, nos chants et puis la lutte. Mes larmes et ton sourire.
Mina et Igor bloquent la porte de l’abri avec une chaise tordue. Dehors, Carver change de disque, se tourne vers la lumière et sourit. Ivre.
Les élections approchent, les manipulations deviennent évidentes. Tellement de temps pour démentir chaque mensonge. Mina sur les barricades.
Nos pupilles énormes, nos sourires terribles, nos doigts mêlés, les basses massives, nos poitrines humides et dehors, les bombes. Atomiques