Dans le bureau le vieux général solennellement rédige une dernière lettre. Fredonne le thème de Motus. Se jette par la fenêtre. Nu. Splotch.
Papa, pourquoi tu as mangé mes frites ?
Mina portait une combinaison caméléon. Mina arborait un karma sans tâche. Et, un optimisme sanguinaire, homicide.
Un traducteur corrézien ivre de joie mélange pourparlers de paix et phase de poules. Drame.
Métro Crimée, les observateurs russes préparent la troisième guerre mondiale. Ça sera funky, vert foncé. Mina, rue de Nantes, calcule grave.
On partage les bâtons de dynamite en trois. Puis c’est l’heure de la pâtisserie artisanale. Mina assure. Carver explose les conventions. Si.
Dans la rue, Ebola.
Et Igor de se laisser glisser lentement dans l’eau glacée. Au fond de l’eau, l’entrée du tunnel. Et les requins bleus atomiques consanguins.
Et en face… C’est la côte anglaise. Mina enlève son pull. Sur le ferry, l’ambiance est vraiment pourrie. On balance les corps à la flotte.
Nouvelle année. Autour du temple, en ruine, les feux s’élèvent à la nuit tombée. Mina, Igor, du balcon, contemplent les combats, tremblants.
Mina, Carver, Igor observent tranquillement le début de l’embrasement. Les armées en mouvement. Les champignons dans le ciel. Cette lumière.
Et Igor de bondir dans l’action. Et le train d’exploser. Et Mina de conclure la paix. Et Carver de soigner son alcoolisme mondain. Et…
À l’ouverture de l’antique abri, un furet, ironique, s’échappe en faisant « pop ». Mina y voit un signe de fraîcheur. Igor sanglote, ivre, nu.
Les miliciens du rail portaient en permanence capuches et manteaux verts. Leurs prénoms, première lettre, un W. De sacrés loulous. Vraiment.
Mina dans sa jeunesse, aventureuse, possédait papa libraire bien pratique pour fournir munitions intellectuelles, cocktails molotov, en kit.
Nager la nuit sous les étoiles, nos mains nouées. Redouter, espérer, la grande, dernière, vague.
Mina, les ruines d’Angkor, partage un thé, des œufs, avec la patronne des Forces de Libération de la Réalité. Elles rigolent bien, malines.
Mina, Igor, rodent dans les parages. Visite nocturne ultra connectée des antiquités égyptiennes. Momie en folie. Carver, sa valise, en bois.
Et d’autres inductions de fiction.
Après le premier choc, sa mère à Igor : « Bali c’est joli, Capri c’est fini, Java c’est basta, Lombok c’est pas toc ».
J’ai rangé les armes à la cave. Mina porte toujours un sabre de cavalerie, en avril. Carver : vélo et point de croix. Dehors les cendres.
Ensuite : des hémorragies internes et externes surviennent ensuite, suivies du décès par choc cardio-respiratoire dans 50 à 90 % des cas.
Pendant l’explosion, Carver embrasse furtivement Mina. Igor, hypnotisé par les flammes, le chaos, ne remarque pas. Ils se blottissent, gais.
Mercredi. Carver ouvre les volets. Entrée d’une aube blafarde, chargée de poussière de radium. Mina révise son morse. Igor reste au lit, nu.
Déjà 4 hivers.
Lieu maléfique. Boîte de nuit en journée. Sièges en Skaï défoncés. Sur la scène violemment éclairée, une batterie, rouge. Mina, sa gattling.
Enfant soldat ivre, Igor ne devait sa survie qu’à un sens de l’humour immobile et de couleur plutôt ultraviolet. La nuit, j’ai si froid, si.
Mina testait la Méthode d’endormissement des tigres sur les miliciens corses. Le thé hallucinogène incas coule à flot. Igor relance de dix.
Sans doute pire que le foot. Sans doute. Igor balance l’écran par le sas. Dehors, la ligue des rouquins ricane.
Igor, ligoté derrière le mur, fredonne de vieux airs oubliés de tous. Mina fait mine de ne rien entendre. Carver insulte les rats. Hésiter.
Ils se prennent la main, se sourient, vérifient les parachutes, sautent. En contrebas : Paris sous les bombes. Mars 1995.
Jeudi soir. Igor et Mina dérobent le trésor de Toutankhamon. Le Galak ça n’est pas du chocolat. Carver tricote un pull d’été en fer rouillé.
Carver, écroulé sur le cadre. Carver pédalant à fond, rattrape son retard. Dans son sang, mille dopants. Derrière, les premières explosions.
Chaque nuit je rêve d’une maison penchée.
On repêche les corps au niveau de l’écluse de la rue des mauvais garçons. La cause de la mort semble être une malédiction péruvienne. Oui.
Sous le sapin de Mina, un zx spectrum, une kalachnikov et les clefs du zeppelin. Après ce décisif réveillon, rien ne serait comme avant.
Dans la zone, plus d’espoir. Igor et l’homme à la tête de chat se murmurent, à l’oreille, de doux secrets. Minarets et citadelles cachées.
Pendant ce temps là, à Bornéo, l’homme à la tête de chat fait ami ami avec de dangereux tigres estampillés « Pure Milice Mixte Miaou Miaou ».
Collocation 101 : le ménage, toujours nus, partager les munitions, les vivres, les amant-e-s, un seul lit, se sourire, et la révolution.
Les vivres commençaient à sérieusement manquer. Nourriture, eau, munitions et caleçons propres. Mina, sur la brèche.
À Chiba, on trouve un nouveau foie à Carver. On l’échange contre un vieux rein, tatoué, tigré. Mina refuse de porter une cape. Igor déguste.
Dehors, les titans.
À Florence, Mina a ouvert un bordel de plage anarchiste. Carver, employé-e du mois, meilleur-e client-e aussi. Gratuit pour les martyrs.
Et Mina de s’exclamer avant de défourailler en se jetant sous la table basse du salon : « les virgules, haha, les virgules »
Et nous connaîtrons d’autres moments. D’autres moments plus grands. Mais aussi, sans doute, quelques autres, vraiment, petits.
L’homme à la tête de chat découvre une réserve naturelle de souris décapitées, in vitro, sous la table de la cabine. Première classe.
La révolution est en marche. Nos pupilles sont tellement énormes qu’on peut y écrire notre devise, en cinq langues. On trinque.
Amenez vos amis, c’est le temps des aventures. Nous partons pour de lointaines contrées. Princesses, rois fous et reines vampires attendent.
Pour échapper aux grenades biologiques, s’enduire de monoï. Insister aux embranchements glaireux. Ne pas débattre de sujets politiques, nus.
Le capitaine du dirigeable rebelle était du genre à posséder divers petits animaux irradiés luminescents. Mina le balance par le hublot. Nu.
Réunion secrète au mini golf. Carver lance un assaut sur le trou numéro douze et plante le mini van bourré d’explosifs bio dans le bunker.
Sans glace, ces cataclysmes apocalyptique se terminent souvent, mal. Enfin, tu vois, quoi.
Sur la plage, les mouettes irradiées, meurent, calmement. On construit de splendides châteaux de sable, luminescents. Nos mains, si lisses.
Samedi soir, on saute sur Strasbourg. Dans les sections, on révise son chinois, son karaté. La vodka coule à flot. Carver, le caporal, nus.
Dans le frigo, 1000 embryons de Ninjas, collés aux bouteilles de champagne prévues pour la fin du conflit. On fait tout sauter. Direct !
Les membres du Front de Libération de la Réalité ne se nourrissaient que du riz ramassé par terre après les mariages et autres offrandes.
Il neige dans le 19ème. De la cendre noire. De la pluie grisâtre. De petites pierres pointues vraiment très très coupantes et revanchardes.
On a décoré nos masques à gaz avec de petites étoiles phosphorescentes. On parfume le bunker à la sauge, à la myrrhe. Dehors, tout est mort.
Un conapt minuscule où nos trois amis cohabitaient souplement depuis déjà un an, un seul lit mais tout un univers d’innovations nucléaires.
Mina, Igor, se refusent à tout commentaire. Carver, sous la camionnette, bricole. L’homme à la tête de chat coordonne les opérations. Pause.
Mardi matin, Igor accuse le coup. On annonce une pénurie de soleil vert dans le 19e. Mina tricote un pull cyclope. C’est l’hiver. Nucléaire.
Et nos visages, voleurs de poules. t.co/RZP0ADSB7A
Te regarder me sourire, je peux mourir.
Lundi matin. Éclairs.
Dans le lointain, les lourdes basses, le dub. Igor, Mina, le reste de la bande, sur la pelouse, enlacés, préparent la suite. La fin, enfin.
Rire, détente. Golf dans le champ de mines. Cubes sur l’autoroute. Natation synchronisée dans le volcan. Mina, Igor, Carver, qui fait quoi ?
Cimmérie, le souvenir de tes grises collines venteuses chasse mes sourires aussi sûrement qu’une nuée de deuils.
Fier de ma nocturne nudité, je croque la pomme, deux fois.
Dans la Conurb, grand retour des Panthères Modernes, du Front de Libération de la Réalité. Ambiance toujours pourrie. Cannibalisme.
Pour le lever de la constellation du chien, la canicule : Augurium Canarium à la porta Catularia, sacrifice de chiots roux.
Dehors, tombe la neige, noire, sur l’antique capitale européenne. Les véhicules blindés inutiles encombrent la rue, défoncée. Et, on chante.
Plus tard. L’hôtel à l’abandon. La piscine toujours vide. Carreaux brisés, herbes folles. Hiver nucléaire. Dans le grand salon, Igor, Mina.
Les ambassadeurs se réunissaient, ivres, dans la grande piscine de l’hôtel, vidée pour l’occasion, nus, pour éviter les assassinats rituels.
Et les pourparlers de paix de se conclure par une bataille d’oeufs. Les ambassadeurs génocident. Des poussins incendient le Dôme. Vengeance.
Nous étions, à nouveau, réunis. Le petit port de pêche grouillait de réfugiés politiques. Les affaires marchaient bien. Notre QG, le hammam.
C’est l’aube. Les dernières rations sont distribuées aux miliciens ardéchois. On arme la phalange turco-suisse. Dans le bunker : frissons.
Mina, légèrement nostalgique, à Igor : « Je crois que le trou effrayant à la place de mon cœur est le centre de l’univers connu ». Vertige.
Carver et Mina, déglinguées, sautillent sur le toit de l’hôpital, monoculaires en l’air. Le son des explosions se mêle à celui des basses.
Ils ont volé mes cartes de crédits, pas le liquide, je me lève, ils me repoussent, dans la baignoire, je brûle les plans du zeppelin.
C’était mes frites.
Tic tac. Fin du monde.
Igor dansait nu sur la colline herbeuse. Igor, yeux au ciel nocturne, ignorait tout des guerres à venir. Au nord, l’atome.
Mercredi matin. Lipstick pour tous. Les miliciens sont sur les nerfs. Dans le ciel, le noir léviathan, somnambule. Carver et Igor, au lit.
Ce soir là, Howard Philip : « Le rêve de Seekonk – raz-de-marée – foudre du ciel – exode depuis Providence – la chute du dôme du Congrès. »
Igor, Mina, Carver : la rencontre. Nous étions clients du même marchand de glaces à l’eau. John Citron, sur la 5e avenue. Août 1937, Saigon.
Mina, Carver et moi découvrons, sous les ruines de la cathédrale, les réserves des miliciens indonésiens. Lysergsäurediethylamid pour tous !
Dans la salle de conférence souterraine, une grande roulette customisée. Nos héros tirent alors rôle, genre et orientation sexuelle. Ou pas.
Dans les décombres de la gare, cent jouets d’enfant : de minuscules mitraillettes, des grenades ebola et des masques à gaz au look rétro.
Carver fabrique des munitions. Igor fait du vélo sur les murailles. On ne fait pas de selfie en zone de guerre. Les miliciens sont en grève.
Ils ouvrent la porte sur la fin du monde. Interlude.
L’homme à la tête de chat, en conférence, avec la femme à la tête de panthère nébuleuse. Si. Ça existe. Conférence de paix. Fin du monde.
Souviens-toi que tu vas mourir.
Les mains sur les yeux, faire mine de ne pas remarquer cette étrange créature qui ne se nourrit que de la couleur rouge des objets éparts.
Mina, Igor et Carver, ce matin gueule de bois. L’homme à la tête de chat prépare une infusion. Préparer sacs de sable et cocktails. Molotov.
Carver, à vélo, à l’aube, remontait les Champs. Sur sa chemise, un message : la langouste ne passera pas. Les miliciens ricanent. Grenades.
Igor surveille la porte. Dans le bar, trop sombre, on ne compte plus les victimes. Man Ray est au fumoir. Carver recharge les fusils. Break.
Carver, décidant de ne pas décider, reste sous la couette. Mina bouquine. Igor cuisine. Œuf, bacon, grenade. Les pieds se frôlent, sourires.
Dans la carlingue défigurée de l’antique DC10, l’homme à la tête de chat repère les plus gros rongeurs, trace le patron de son futur caban.
Alors je pleure. Mes frites, pourquoi, Papa.
Sous les projecteurs halogènes nucléaires, nos peaux cuisent doucement. On pense à Paris, sous la mer. Et nos reflets, si révolutionnaires.