Cutter, pince, poitrine, nains, légumes mutants, chinois et chinoise, Bourdieu, tamanoir. Moteurs vont en raffoler. bises, bonnes soirées…
Jeudi 13 Juin 2002
Un petit message à quelqu’un que j’aime plus qu’il ne le pense ?
C’est son numéro 24 en ce jour
(même numéro pour les jumelles M. que j’embrasse autant que c’est permis)
Sortir du bunker, passer le champ de mines, s’extraire du brouillard en souriant. Retrouver le soleil, de nouveaux horizons. Libres, enfin.
La vie, sur terre, est sur le point de disparaitre. Mais nos amis, goguenards, ne perdent pas le sens de l’humour. La lumière, trop vive.
Et la pluie.
c’est sexy, extatique, crazy, excentrique, animal, romantique, c’est communiste… tinyurl.com/muj4fh
Carver, nous sommes, Mina et moi, avec toi à Rockland.
Vibre au dessus de ses moyens. Écheveau et curry pour tous. Mina, Igor se cultivent, préparent d’importantes expériences polysexuelles. Nus.
Eliot ne cherche ni ne trouve.
Boum. La Nuit.
Il neige dans le 19ème. De la cendre noire. De la pluie grisâtre. De petites pierres pointues vraiment très très coupantes et revanchardes.
Ce matin, j’ai déplacé une fourchette en la regardant fixement de manière prolongée. Ma caméra ne tournait pas. 18cm de pure fantasmagorie.
TONIGHT I’M A PORN STAR
6 : 20
pas de putes rue st denis
pas de femmes saoules à enlever
pas de plaisir à recevoir (ni à donner)
les Tourguenievs sont le bec dans l’eau
on pense à faire une tournante sur Mlle S.
(en chaleur).
mais elle est trop poilue
Nicolaï semble dépité,
et Igor se frotte l’entrejambe d’énervement.
et nous déclarons ouverte la semaine du Porno
sur Tourgueniev.com.
belle nuit ma douce,
ne pense pas à moi en entrouvrant les jambes
sous le vent.
TONIGHT I’M A PORN STAR
Mais tu dis n’importe quoi.
MANIAKO-DEPRESSIV – blacklisté par NOBODY
le blog est une imposture de la bonne conscience collective
c’est du bullshit generator
la vie de ton chat
je m’en branle
y’a rien à la télé et tu t’emmerdes dans ton deux pièces cuisine ?
je m’en branle
tu n’aimes pas le Jean-Pierre Pernod 51
moi non plus et alors ?
bonne conscience collective
mon cul
juste une façon de faire du porno
sans montrer son cul
je préfère un beau cul
à ces misérables expressions quotidiennes
ces gamines qui se prennent en photo devant leur miroirs
qui parlent du prince charmant
en s’écrasant le clito à longueur de temps
ces mecs qui font wesh wesh dans la rue
mais qui préfèrent se branler par web-cam interposée
et ces trentenaires bobo-isés, lobo-bo-tomisés
je ne vais pas sur toutes ces pages parce que ça m’emmerde
les fées et les princesses sont à la mode
rêves de trentenaires
reloaded
to be or not to be
dans la matrice de la Warner ?
le mielleux et le bon sentimentalisme
ça me gave et j’y crois pas,
ça renifle le socialisme de la belle époque à 100 mètres
on roule à 60km/h sur la file de gauche
par habitude, par abandon
on crache sur sarko dans les dîners en ville
on parle de révolution, du grand soir…
il est bon ton shit
la vie en leasing…
foutez-moi le camp
j’ai d’autres plans d’avenir
cligno, rétro
prochaine sortie à deux bornes
la crise est passée par là
la dépression collective s’exprime
à travers les blogs justement
prenez des nouvelles de moi
mais ne m’appelez pas, je répondrai pas
tu veux savoir comment ça va ?
si tu as le haut-débit tu sauras tout sur moi
sinon tu peux envoyer un mail
je répondrais pas
tu es venu lire
tu repartiras sans rien dire
on se connaît
on se connaît pas
on s’est connu
mais on ne se reverra jamais plus
peu importe
vous me faites chier
à ne pas faire attention aux autres
vous me faites chier avec cet égoïsme
que vous jetez à la gueule des autres
ceux qui me manquent sont morts
les autres sont en vie
à attendre la catastrophe,
le suicide ? on l’avait pas vu venir…
vous me faites chier et je vous emmerde…
comme dirait l’autre
faites une dépression, une bonne un vraie !
je reste debout !
…à bon entendeur
L’homme à la tête de chat saute au dessus du feu et, intronisé membre, propose à la tribu sa pratique libertaire de l’astronomie hivernale.
le récitant : une bonne carte pourrait nous aider à nous repérer dans cette jungle.
se demande si / choses noires / rôdent dans les bois / se rendent compte à quel point nous sommes nus et vulnérables. Outils tranchants.
Halloween 9
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approuvez les débuts de film avec Michael dans la morgue et droite après que ses yeux s’ouvrent saisit-il le docter par le cou et le sang sort-il de ses yeux alors halloween des débuts de chanson que nous allons au sarha à la maison d’heure parlant à un ami qui sera anonyme elle ont demandé le sarha sont vous redy pour la partie? sarha indiquer non vrai vous aucun ce qui produire pour la dernière fois halloween dire ouais butthat excédent maintenant non inquiéter vous être fin alors sarha dire yah vous penser scène aller Michael dans bois sanatarem rechercher jamies corps biseauter trouvaille v lauries pièce pour trouver son SH être non là contenus pour regarder alors voir docters travailler dans son un docters dire aucun impulsion appel alors ohter docter système je biseauter être mort pour jour peut-être bouche bien voir Michael tête dans porte dedans marcher loin alors Michael promenade en bas rue hondonfield Se un insecte cela lire ‘halooween partie 9 heure ‘vouloir pour briser partie voir lui marcher dedans avec un couard alors type porte dire gentil masque sarh être non aller comme cela alors film aller massacre avec knifes knifes et plus knifes alors aller centre partie unique non que Michael lui individu être là voir un nerd en ligne alors dire ‘type venir ici ‘alors sarha dire wha être h syas écouter halloween chanson commencement sarha indiquer tour en bas type indiquer pourquoi alors dire son très rampant où vous trouver? le type de te dit sur le sarha net dit le tuera que je ne veux pas être effrayé en ce moment BIEN! ‘le type dit l’ok correct j’approuvera le nowwe voient un jamie de weno de caskat est dans lui que nous voyons John il dit je suis ainsi maman désolée il des sobbs dix nous voyons molly elle dit tate de manque je suis désolé si j’étais selfless ceci n’aurais pas l’ok de happend nous voyons John He est dangrtament wachting de maison sur les nouvelles il ont vues que un journaliste il dit était ceci sont vraiment était itdangertiment? alors John dire vous mais votre âne être vrai quelque manière nouvelles que Michael être dans maison aller sarha alors phénomène et trouvaille John voir ici porte johns loger alors porter lui son maison partie être foncé dans ther seesort un forme sorcière avérer pour être Michael avec sang partout son masque voir lui poignarder sarha alors shes complètement alors bataille microphone et John molly obtenir un feu exstingwiser dedans mettre aux yeux Michael dix dire laisser aller John maintenant alors dire aucun je devoir rester ici pour mon maman andmy famille courir outre du thn John et Michael battaling tout comme le busta et le microphone dans le ressurection alors le combat continue le microphone de la poussée de John et une fenêtre et son gos arrière dedans à un certain brokein John de verre prend un morceau de verre et les encavateurs de microphone du cou du microphone de coupes son cou en douleur alors John coupe sa tête au loin qu’il est mort pour sûr il enlève le masque de te de Michael nous voient que son visage tout brûlé et sanglant dans halloween l’extrémité de te de débuts de chanson…
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Cool non ?
le récitant : prendre un bain de pied et explorer son troisième niveau.
Igor filme les chats, son genou, sa jolie femme qui sautille d’un pied sur l’autre dans le salon sous-marin. Reprendre du thé. Moi c’est.
L’animation image par image est une technique permettant de créer un mouvement à partir d’objets immobiles. ♫ blip.fm/~aqhvg
Dans les décombres du sexshop bulgare, Mina trouve une robe vichy, trop petite. Une étiquette, un nom étrange. www.giedre.fr
« Arrête pas de quoi ils perdent des égarés par avoir vraiment excellent anniversaire. Ouais je sais c’est beau vélo à voter en novembre. »
Dans la remise, Carver et l’homme à la tête de chat réparent le vélo, atomique.
Les siciliens satanistes du mouvement rebelle occidental n’aimaient pas trop le jambon des fascistes roux. t.co/ONsjNKHo
Et depuis 50 minutes et pour encore 10 minutes (heure de la fuckin’ métropole) les animaux peuvent parler. Profitez-en.
…
Je suis dans le dongeon de Dame C.
On voit tout Paris et c’est bô.
Ca sent bon…
Si je savais ce qui est vrai, je lui raconterai.
Mais je crois que je ne peux pas me permettre de faire des oracles.
Je laisse ça aux devins et aux astrologues de TF1.
A la télé, on entend que le gouvernement cède sur tout.
Ils ont un mois pour convaincre, séduire.
C’est possible, ils ont la langue menuisière.
Moi je vais manger des pates.
Et ça, rien ne pourra m’en empécher.
—————
break
Un homme trainé dans la rue par un robot démineur.
Il est en vie.
Sa bombe n’a pas explosée totalement.
break-end
—————
On mange.
…
Igor devait rencontrer @caroline_hazard un soir de mai dans les ruines d’Oberkampf. bit.ly/horoscopitone
Nous remontons à la surface avec nos combinaisons intégrales. Carver est en larmes, Mina serre les poings, je pousse la dernière trappe. Nous sortons du bunker. Dehors le ciel est violet, la pluie noire, les bâtiments relativement intacts. Nous sommes les derniers zombies. Enfin.
Mina et Igor, Le bunker, cuisiner en chantant, chasser la nostalgie qui risque de tout submerger, monter la radio. t.co/E3rnWQOLav
En sommeil.
Ah, non ! On a passé minuit : ne plus nourrir les gremlins.
Les vivres commençaient à sérieusement manquer. Nourriture, eau, munitions et caleçons propres. Mina, sur la brèche.
Michael : « j’aime bien l’idée que les drogues devraient être réservées aux gens de plus de quarante ans, ce serait plus simple. »
L’hiver, pour manger, les hommes courraient dans la lande chasser le marmotton. Ragoût exquis. Bon poil à manteau, aussi. Lune gibbeuse.
Sept trucs
– être une femme, être un homme, penser avant d’agir, agir avant de penser, atteindre l’illumination, écrire un roman vraiment vraiment bon, être un super bon coup tendre violent sensible brute macho et lesbien.
– découper un psd, les pates, le jeux de rôles, être gentil avec une fille, danser comme un fou avec ou sans X, être méchant avec une fille, lire.
– les ruptures, danser comme il faudrait, écrire un roman vraiment vraiment bon, me coucher avant 6h, ranger mon bureau, réparer un lave-vaisselle, avoir les cheveux longs.
– les fesses, les seins, les yeux, les histoires rigolotes, les grimaces de la bouche, les cheveux, les hanches.
– c’est ce qu’elles me disent toutes, ça vaut pas le palace en 84, les saladiers de coke, tamanoir, tourgueniev, je dis ça, je dis rien, le bon esprit de l’Amour, la maison du bonheur, je t’aime, graoo.
– chloé delaume, michael jackson, joann sfar, winona ryder, madonna, maggie cheung, ivan tourgueniev.
– zan, to urgueniev, agent Zero, personne ne porte le même nom, nicolaï tourgueniev, nothing, alan strang, ulf harkogansk-malatesta.
Pendant ce temps à La Ferme, l’antéchrist prend la forme de l’agneau pascal sous les yeux de la hype pharisienne. Violons, clap de fin.
le récitant : mes parents étaient profs en russie mais mon russe est rouillé alors je ne m’en vante pas.
Mbiké njo ni zo. A yé ke mbi.
Et pour mes noces, du fromage de lait de chat et un manteau en poil de souris.
L’impression d’avoir dormi dans un buisson d’épine avec 7 nains en train de chanter à tue-tête est persistante, c’est grave Docteur ?
Low Bibi ?
Les milices bengali me paient des frites et du pastis. t.co/HfXI0lLh
Encore de la vodka pour Igor, ses idées folles. Mais un mojito ne serait pas refusé. Même avec un jour de retard. Poser nu devant un fusil.
chimera vella sophisticate devotion roughen brigantine egyptian
dominican element ditto peril hapsburg associable jasper
covalent remission dove superannuate cayuga nemesis
cartilaginous armload client pertinent al mustang slender ajar kirkpatrick
courthouse assume turnabout quadrilateral boggy abetting ferry leap librate supervene
aeneas timberland hydrochloride marguerite incapable mealtime slosh centrex
al mustang slender ajar kirkpatrick courthouse assume turnabout quadrilateral
boggy abetting ferry leap librate supervene aeneas timberland hydrochloride
marguerite incapable mealtime slosh centrex
le récitant : bon, ici un texte de merci merci à tout le monde MAIS il y’a une fuite dans ma salle d’eau ET DONC mastiquage en règle.
Et les milices turquo-chinoises apportaient aux réfugiés lyonnais, vivres, médicaments, passeports. Dirigeable en flamme. Radium sec. #dpda
Mauve hotel on a lonely highway (aire connue).
Varje natt jag ser dey framför mina ögon.
Nicolaï pose la #vérité sur la table. Igor éteint la lumière, sourit au canapé lit, inerte et allume la mèche. « Décanillons, bro’, ça va… »
Carver : « Aujourd’hui, marathon NERDZ sur @NolifeOfficiel « . Mina : « Montre-nous, Dagobert, ce que tu sais faire ». Igor : « Ouah ouah ! »
Locuiesc in televizor
Magalie se indoapa cu croasanti, explicandu-i peretelui ca varietatea este prin ea insasi un univers artistic, Gregory plange in bratele camarazilor sai, pentru ca totul este prea crud, Elodie se smiorcaie in sala de interviuri, Nolwenn se culca cu Matthieu Gonnet, iar Jenifer cu Jean-Pascal. In cazul unei nominalizari, candidatul ia cunostinta de situatia sa odata cu telespectatorii, cu prilejul emisiunii cotidiene realizate in direct si duplex. Candidatul aflat in pericolul de a fi eliminat face apel la telespectatori ca sa-l salveze via SMS-urilor suprataxate.
Roux.
Cette nuit je pense à toi ↑ toi ↓ toi ↙ toi ↖ toi ← toi ↘ toi ↗ mais aussi et surtout à toi →
Il pleut.
Igor aimait les dirigeables, un dirigeable dans le ciel, c’était déjà un signe d’uchronie, de dystopie ou d’utopie. Avant l’Accident.
À minuit, tous les agents…
Encore un mail (de le truite)
EJAC ANALE DANS L’ANUS DE MICKEY LA SOURIS CE GROS ENCULE QUI S EST FAIT BAISE PAR
MICKAEL JACKSON LE TRAVELO EN BAS RESILLES QUI SUCE DES BITES DE GAMINES
MUTANTES AVEC DES BOULES DE GUEISHA ELECTRIQUES BRANCHEES SUR SECTEUR
220 VOLTS DANS TA FACE (ça va là ?)
le récitant : bon, il est temps de fermer et de rejoindre la « kill your boyfriend » night à la salle Wagram.
Le tourguenisme avance ! #Vishnu or #Die.
Je suis le Comte Harbourg et je viens de faire un très mauvais jeu de mots. A mon âge on a de la brioche. Catherine Deneuve aime ça long.
I’m a flesh eater.
je ne peux…
je n epeux plus écrire jen e peu xplus cérire ej ne peux plus ércir eje ne peux lpus écrire ej ne peux plus écrier je n epeux plus cérire je ne peux lpus écrire j ene peuxplus écrirej e ne epux plus cérire je ne peuxp lus écrrie je ne peux plusé crire je nep eux plus écrrie je ne peux lpus écrire je ne epux plus écrire je nep eux plus écrrie je ne peux plu sécrire je ne peu xplus écrire je n epeux plus cérire je ne pexu plusé cirre je ne peuxp lus écrire je n epeux plus écrire ej ne peuxp lus écrirej e n epeux plus écirre je ne epuxp lus cérire je nep eux plus écrirej e ne peux plusé crirej e nep euxp lus écrire je ne epux plus écrire jen e peux lpus écrire je n epeux plus écrir eje ne epux plusé crire...
Et Igor, Mina, de danser.
La fille à la robe bleue entre dans la classe. Elle est gigantesque, magnifique. Mina plisse les yeux, admiration. igor se tape sur les cuisses, joie. Carver soupire. Dehors, pluie noire. La fille à la robe bleue sourit à Mina. Explosion dans le couloir. Leurs mains se touchent.
Clig flanc !
Take me out tonight… bit.ly/9Gb4oK
Les branches métalliques de ses lunettes plantées dans le sol stratifié de la petite cuisine provinciale. Spasmes, bruxisme, nausée, Igor.
Dans la cave, ombragée, de l’appartement 42 on écoute Pop Satori religieusement. Dernières minutes avant la fin de tous les chants. Éclairs.
Igor faisait des photos des filles qui le lui demandaient. Pour vaincre sa timidité, il commençait dans le noir, avec des masques de catch.
Chaque nuit je rêve d’une maison penchée.
hier, début de soirée,
tentative d’OPA agressive
sur Tourgueniev ce héros
par le consortium Velleity of Velleities.
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Caramba, encore raté !
le récitant : (mon clavier aime pas les accents tchéques… il me fait une guerre culturelle ce saloupiaud) #Mina, attention aux basses. #bi
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Rappel : Une armada de petits canards en plastique jaunes devrait s’échouer dans quelques semaines sur les côtes britanniques, dernière étape d’un voyage épique entamé dans l’Océan pacifique. |
Nuit blanche bavarian glam bondage. La nuit quoi.
Bon, je ne suis pas menacé, mais on me dit de dire que, @AuDiableVauvert , n’est pas petit, pas du tout même. Ragots d’ivrognes séniles.
Depuis le temps qu’Igor fête ses 20 ans.
Ma très chère Ar*
C’est la larme à l’œil que je découvre le paysage malsain qui vous entoure. Cette ville moribonde et crasseuse que vous dépeignez dans votre lettre, est-ce que ce peut être Paris ? Peut-on concevoir pareil tableau de la capitale où je croyait réfugiées les plus hautes valeurs de l’humanité ? Si la liberté existe bien quelque part en ce monde, n’est-ce pas en ces murs ?
Cependant, les relents d’humidité que vous respirez, la grisaille qui vous surplombe sont autant de désagréments que je souffrirais volontiers, tant la situation de notre pays s’est dégradée. Nos cieux d’été, embrasés de couleurs vives, grandioses ; la douceur de l’air salin, l’indicible beauté sauvage de nos terres généreuses, et ces gens, plein d’entrain et de malice. Tout s’est affadi, Ar*. Jusqu’à cette table où nous avons si souvent diné, et qui ne manquait jamais de nous ravir le palais. Jusqu’à ces cœurs jadis gonflés d’orgueil et d’insolence. Rien ! Il ne reste plus rien à déglutir où à penser qui ne soit corrompu par la fadeur. Celle là que nous a légué la poigne de fer des nouveaux maîtres de notre avenir. Souvenez-vous, ma chère Ar*, de cette dernière année. L’hiver est arrivé avec une rare rigueur. Vous me faisiez remarquer un matin, sur ce ton ironique qui était alors le vôtre, assise à cette table d’où je vous écris, que la saison préfigurait peut-être un sombre avenir pour ce pays. Ce « mauvais présage » dont l’improbabilité nous a fait rire un instant s’est depuis révélé plus véridique que nous le l’imaginions. C’est à peine s’ils ne viennent pas désormais ramper dans nos rêves. Par les plus odieux stratagèmes, ils sapent l’identité de cette culture qui nous a vu grandir, influencent nos choix en nous bombardant sans répit des rhétoriques les plus spécieuses qui se puissent concevoir. Notre histoire est devenue un champs de bataille où sévissent les censeurs obsédés par l’avenir. Ces usurpateurs arrivés dans un vent de fortune ont décidé de voler notre mémoire en remodelant l’ histoire.
Désormais, beaucoup sont partis pour des destinations que l’on boudait autrefois. Nous étions si fiers de ce pays que l’on avait jeté comme un voile sur le reste du monde. Celui-ci s’est vite déchiré et vous voici à Paris. Je vous aurais volontiers suivi, vous le savez, si les rigueurs de l’âge m’avaient laissé un peu de répit. Mais voilà que cette lèpre nationale s’est fait précéder par l’addition d’une vie dont je n’ai pas lieu d’avoir le regret, toute au service de la table, de la chair et de cette douceur de vivre que l’on connaissait jadis en ces murs. J’avoue que le couronnement de cette existence aurait été cette dernière escapade à vos côtés. Mais je m’avoue parfois vaincu par ce désespoir qui suinte de vos murs gris et qui me cloue au lit.
Chère Ar*, rassurez-vous, j’ai beau accusé le coup de nos délicieux excès passés et de la folie de nos frères, j’ai beau me plaindre et forcer le trait de nos misères, je n’en demeure pas moins sec et opiniâtrement attaché à la vie comme un cep de vigne à la terre. Dorénavent, je mettrai mes caprices dans l’avenir de nos enfants. S’il est encore un peu d’espoir dans cette gérontocratie, c’est d’eux qu’il viendra ; et croyez-moi sur parole, Ar*, je ne cèderai pas, ni au trépas, ni au chantage, ni à la haine. Votre jolie petite fille sera élevée comme elle le mérite : comme un enfant. Elle connaitra les joies du jeu, de l’espoir et… quand le temps sera venu, des joies revigorantes de l’amour. Je me sens à nouveau le devoir de vous rassurer. La vie dissolue que nous avons mené ne sera pas le modèle de sa jeunesse. Le temps passé et votre exil ne m’ont laissé d’appétit que pour une certaine délicatesse. Elle n’aura pas à ribauder dans la fange où se vautrent désormais les petites femmes de son âge. L’exemple que je lui veux donner sera de nature à épargner sa vertu. D’ailleurs, ce fier gaillard qu’est mon neveu l’entourera de toutes les attentions les plus sincères et se substituera à ma vigilance dans ces moments que l’adolescence ne saurait partager avec les « vieux ». J’en fait un point d’honneur : cette enfant jouira d’un sort convenable et porteur d’avenir.
Il me faut enfin vous prévenir, ma chère Ar*, que cette hauteur de ton que je me permets encore dans ces lettres ne saurait garantir notre sécurité encore longtemps. Vous souvenez-vous de ce vieux râleur de Al* ? Ils ont fini par l’arrêter l’autre soir, après qu’il ait vertement sermonné quelques-uns de ces jeunes idiots qui croient détenir la vérité, claironnant les messages grossiers du parti. Sous je ne sais quel prétexte obscur, on l’a emmené à Er*. Inutile de préciser qu’il n’a pas été jugé en public ! J’ai appris qu’un projet de censure des informations subversives, destinées à saper l’intégrité et la crédibilité de l’état avait été récemment présenté au parlement. Vous savez, comme-moi, que les représentants de la nation ne sont plus que des pantins sans ressources qui ont tout le loisir d’approuver les projets du parti. D’ici à ce que l’état d’urgence soit décrété et les libertés civiles raccourcies au nom du salut public, nous aurons largement eu le temps de nous compromettre. Je crains que ma popularité et mon crédit n’aient bientôt plus la moindre signification. Qui empêchera alors les agents de l’état providence d’ouvrir nos courriers ? Cette lettre sera la dernière à jouir d’un ton authentique. Tâchons désormais de nous comprendre à demi-mots ; pour l’amour de nos enfants, qui ne doivent pas pâtir d’une amitié en passe de devenir une trahison de la patrie.
Puisiez-vous, très chère Ar*, me pardonner cette franchise. Nécessité fait loi désormais. En attendant impatiemment d’avoir de vos nouvelles, je vous embrasse du fond du cœur en vous renouvellant l’assurance de mon dévouement ; à votre égard et à celui de votre fille, notre espoir à tous deux.
Az*
Ce soir j’irai mourir au club.
A cœur brisé rien d’impossible. Je me sens tellement comme Rimini sous la pluie. Electrelane à fond dans le salon, toujours rien avalé.
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