(La bataille du gras et de l’italique.)
TOUT DIRE ?
Reprenant son souffle positif qui revient parfois animer ce qu’il croyait perdu, il pense à un œil franc et calque sa respiration sur la saccade heureuse du temps : prêt à entrer dans le vif de la vie. N’importe quel événement peut alors combler son désir de participation.
Je ne suis pas vraiment là où vous pensez me trouver. Ce n’est pas que j’essaye de vous échapper. Je suis un peu plus loin. C’est tout. Mais j’apprécie les réactions. Ce que vous dites en un sens je l’accepte. Mais cela ne me concerne déjà plus. Vous n’êtes pas vraiment clair. Ou alors je suis idiot. Le vertige n’a rien d’organique comme vous semblez le penser. Laissons le corps à sa place. Il n’y a pas que du malaise dans cette histoire qui recommence. On espère une pause. J’ai expliqué qu’il faut parfois passer par là, par une lutte, une crise. Et plus tard, on espère pas de réconciliation, mais autre chose, un amour comme vous dites. Avec ses soubresauts violents, parfois très doux aussi. Sachez qu’il n’y a pas que des chutes ou des corps à terre inanimés, saignant. Je n’ai rien d’autre à vous dire.
Par ailleurs, corrigez mes accents, sinon je ne viendrai plus. (Peut-être est-ce que vous attendez ? Libre à vous : l’espace est bien plus vaste que ce que vous pensez.)
Amicalement, A.D.C.
Recu ce matin un email de Jean-Pierre Rehm :
« N’hesitez pas, de toutes les facons, a m’ecrire : il n’y aucun tragique dans le mail – ni guere ailleurs, du reste. tant mieux ou tant pis, nous sommes voues au melo. Ne pensez pas trop a Blanchot ou Artaud : on ne s’invente pas un destin – et (lisez Daniel Oster : La gloire, ou encore son dernier dont j’ai oublie le titre) quand bien meme, l’aureole ne doit pas aveugler sur la fabrique – pardon d’etre brutal. mais il importe de rapporter cette aventure a son ouvrage. quittez le mythe que tant s’emploient a vouloir frauduleusement encore endosser, les paresseux. »
Nos solutions à la portée des mains : nous pouvons enfin empoigner notre temps. De quoi s’agit-il ? Je ressasse souvent cette question pour me suprendre et m’infliger l’ordre de déchiffrer la figure. À chaque fois que l’écriture se produit, le monde n’est pas loin. Je me dis : à quoi bon ? Questionner le manque ? Je ne me résouds pas à accepter le vide. Pardonnez-moi ma chère. Je fonctionne ainsi : prêt à parler au devant d’une femme. Tout a toujours été ainsi. Des atermoyements, des excuses, des politesses et le monde retardé. Au nom d’une femme (« déchiffrer la figure. ») Il y a -t-il une énigme ? Surtout pas.
bien de prolonger la fiction, de la faire déborder; il
n’y a jamais d’embarras ; aujourd’hui on a perdu (hélas) le goût du secret & de
la beauté.
En venant
Vous pensez encore aux choses comme
l’élégance, le secret, le caché ?
Il me semble oui.
Pas peur du ridicule ?
Je pense mon cher que ces mots pour les
autres sont impossibles.
Pensez, pensez, pensez
Il y a plus grand monde nulle part
quand il s’agit d’y penser.
Optimiste ?
Sur l’avenir du machin ?
De l’écran ?
Des planqués ?
Disons que moi je suis caché et qu’ils
sont planqués.
Assez idiote pensée non ?
Pensez ce que vous voulez
Dans quel ordre ?
D’abord l’élégance : un concept qui n’a pas
bonne presse il semble.
Puis le secret, mot dans la bouche comme une fleur
Le sens vient après, quand ils sont fatigués.
Ils ?
Quelqu’un a dit justement que nommer, identifier, c’est presque tuer.
Je ne leur souhaite pas ca.
Ils ?
Les précédents.
Ils ?
Ceux qui vont venir.
Avec une force de proposition ?
Des paroles lourdes je crois.
La tienne est assez brutale il me semble
Je me bats pour ne rien comuniquer, me signaler c’est tout.
Un projet sans programme je me tue a le dire.
J’oubliais aussi qu’avec l’élégance, il y a un
autre concept bien francais.
Dis moi lequel ?
Le sérieux.
Parlerons nous encore ?
Si vous venez a moi.
Quand vos notions prendront-t-elles effet ?
Quand ils dormiront.
L’image — (dimanche, 13h07) — la chaleur dont le foyer serait sous le bitume attaquant l’air blanc, consistance noire, pollutions.
Dans la rue droite, assaili de pensées ridicules. Pourtant, il me faut régler le problème. Trottoir droit, je me dis. Dans la rue droite, assailli de pensées ridicules. Il faudrait fermer l’esprit sur tout cela. je bute sur ce promontoir de quotidiens de quartier. À défaut d’un chien dans lequel j’ai toujours rêvé de shooter. Je connais le chemin. Razant les murs. Innocent. Trottoir droit. Envie brusque de hierarchie. Bientôt la porte de l’immeuble où je vis. Bientôt les pensées ridicules me lyncheront. Je serai dans l’ascenseur à scruter dans le miroir un visage pâle, un être totalement moyen. Changer de trottoir ? Agir ainsi ne me couvrira pas de gloire. Personne pour admirer l’audace. Personne qui sache non plus que je m’obstine à renâcler des pensées ridicules sur le trottoir droit. Et s’il faisait froid au moins… Je mettrais en route la machine pour ne pas stagner dans l’idiotie. Mais j’ai chaud, mes pieds tremblent comme deux ampoules surchauffées. Est-ce le cerveau ? J’interpelle un jeune homme, lui demande une cigarette. Je fûme et j’oublie la bonté du gars, son chaleureux : “ bonsoir. ” Je fûme comme un savant sans science. Où vais-je ? Même pas mener la guerre. Rue déserte. Là, une vitrine cassée. Je dérobe un manuel de cuisine orientale que je jette ausitôt dans le canniveau. Bientôt chez moi. Bientôt l’épreuve de la veille où rien ne s’entamera, pas même une angoisse qui me glisserait aux limites de votre monde.
Chère … ?
Nos facéties prennent fin, ici. Assez. On prend nos affaires qu’on déplace ailleurs. La journée commence sous un autre ciel. Je n’assiste à aucun lynchage hélas.
Je ne condamne personne : tout le monde fait ce qu’il peut selon ses moyens. Vous êtes adorables, raison d’un départ anticipé. Tu progresses mon ami.
Est-ce seulement raisonnable ? On m’a tant reproché de choses dans le silence. Et le silence dans les chambres dans la nuit c’est épouvantable.
On sortira du placard le monstre qui vous effraye. Le sourire n’est pas interdit — défilements. Je vous serai gré de me tenir au courant de chacun de vos déplacements. N’ayons pas peur.
Fictions
En me coupant de toi, je me suis séparé
du monde.
ÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉ
La bataille des cÏurs.
ÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉ
Ai-je seulement besoin de vous ?ÉÉÉÉÉÉÉ
ÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉ
« Si tu continues a jouir en moi, tu seras père avant
la fin du mois. »ÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉ
ÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉ
La mort et le pot de chambreÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉ
ÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉ
Séduction pathétique et ses immondes
banderolles décoratives.ÉÉÉÉÉÉÉÉÉ
ÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉ
La misère ne te secoue pas assezÉÉÉÉÉ
ÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉ
N’a rien dit, ne dira jamais rienÉÉÉÉÉÉÉÉÉ
ÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉ
Fragments d’une esquisseÉÉÉÉÉÉÉÉ
ÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉ
quequequequeÉÉÉÉÉÉÉÉÉ
ÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉ
Tu vois une chose et tu penses a une autreÉÉ
ÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉ
Il n’y a que des défauts, des défauts.
ÉÉÉÉÉÉÉÉ
La queue de la souris dans l’encre de chine.
ÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉ
Le string de la jeune maman via Gosue CarducciÉÉ
ÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉ
Romans
J’avais prévu d’aligner ma vie sur quelques figures
périlleuses,
lesquelles avaient la forme plus ou moins classique
et scandaleuse de l’hélice ;
j’en parlais
de suite aux spécialistes d’images et forts en communication
de l’ame et du monde,
et ces gens, m’avouèrent que la comparaison
fut déja utilisée dans des milliers d’écrits.
Ha que ne puis-je comparer ma vie a une hélice.
Je fus perdu, sans mot et paf désemparé :
le combat en question nécessitait chaque jour
un numéro d’adresse, du genre,
voyez mesdames ce qui se passe dans l’intensité d’une phrase,
dans la joute d’une idée qui fait mouche. Grosso modo le spectacle.
L’ami suisse m’avait conseillé quelques années
d’abstinence textuelle, sans quoi, selon lui, je risquais de perdre
au combat des chefs, aux jouissances générales
de pacotille qui volent les mots aux autres. Du moment que tu ne leur as pas
pris leurs femmes, tout va pour le mieux dans le meilleur
axe pour annexer la galaxie Gutemberg.
J’arrivais donc au milieu des autres pret pour raconter mon histoire.
Mais je n’avais jamais vraiment vécu grand chose digne
de faire palpiter le coeur de mes ainés.
Pourtant, je décidais ce jour la, malgré
la méfiance saine de l’ami suisse, qu’impressionner
méritait encore notre approbation, et ceci, malgré
l’intimidiation d’espèces modernes rivées
a la complaisance de l’échec. Etais-je seulement
hors du coup et pas du tout nuisible ?
Comme j’aurais aimé cette hélice !
SANS TEXTE SANS
Il y aurait eu tout a dire, mais les forces manquent, le temps
se perd vite dans des mouvements de fatigue inutiles. Je me
dis que cela change. Quand ? Demain, toujours remmettre
plus tard la décision d’agir, d’écouter, de réparer
peut-etre les fautes, de réconcilier les flux. On se coupe
au ciseau. La peinture n’est pas très propre. On oscille
entre la désinvolture et la précision maniaque qui
tourne au vinaigre, au maniérisme. J’ai écrit que tout est
encore vierge et sans fausse image mon amour. Tu arrives dans
un lieu pour régner ou briller, mais les bons mots manquent
au numéro. Le désir pathétique de séduire
l’emporte sur le reste, et les corps se fatiguent de ton extreme attention,
des défauts, des mauvais pantalons, des registres de langues
foireuses, et tout ce qui habille au plus mal tes poses. On espère.
Le mot revient souvent sous nous. Comme si c’était le seul foyer possible.
Les fondations. Mais ainsi, chaque journée demeure insuffisante. Et tu
cherches l’amélioration, la pofinage absurde qui regroupe a la fois
les vetements, les récits, les paroles,
tout devient lié dans un souci gigantesque de parvenir aux productions.
Quand enfin, on aura décidé de s’enterrer tout près de
l’espérance, sous elle, ne revenant plus jamais, heureux d’avoir accompli
textes et bévues, dragues & amours, en silence encore dans le calme
d’une création positive qui a juste voulu mettre en avant le monde sans
savoir le nommer.
Nous nous voyons.
« BONJOUR COMMENT çA VA ? »
Le culot de la question m’irrite au plus au point :
« çA VA TRÈS BIEN MERCI. »
Il y a du silence après l’entretien : nous sommes engagés désormais l’un vis-à-vis de l’autre. Nous nous serrons la main. Après les questions. Nous évoquons des prouesses de la littérature.
« Elle va très bien merci. »
Mais personne n’écoute plus personne.
« C’est pour ça que la littérature va bien. »
(Jouer la scène dans une cage.)
« Puis
Je suis capable du pire, socialement, bien entendu ; les fantaisies poetiques ne regardent que la chambre.
Dégager de nos difficultés une couleur. Cela sera le blanc, comme vous l’avez choisi. Il y a des murs, aussi des images surexposées. Des photographies sur le mur où nous voyons déjà les formes de nos vie à venir.
Il y a la peau blanche, les surface, rien en dessous. Peut-être sous les images des traces de clous : empreintes de cadres anciens dont nous nous sommes séparés. Ils disent qu’il nous faut de la place.
Plutôt sortir vite pour se prélasser, ne rien faire, attendre.
— Tu frôles l’insignifiance.
— À quoi bon ?
— Toujours les lourdes questions.
La sensation immédiate, juste après la virgule, je la cherche, tremble, la voilà : yeux fermés, respiration coupée comme si j’allais plonger.
Il faudrait exiger un train, un avion, un accident, une langue que personne ne parlerait. Pas de souffrance à ne rien y comprendre. Enfin ? Je n’ai jamais caché un idéal, dieu, coits, errances stériles, siestes puisque c’est l’été.
( ces notes ne forment rien qui vaillent, je le sais. Exercices en vue d’autre chose. Préliminaires appliqués)
nous allons ecrire sans accent
mais quoi
pendant quatre ans j ai fait 3 fois 36 photos par semaine
je n y crois plus
je vous regarderai en face sans accent sans voile sans fiction sans mot
nous ecrivons plus facilement que prevu sans accent
nous sommes tres heureux
nous vivons plus facilement que prevu sans photographie
……………………………………………………………………………………………………………………………………………………(pour Astrid)
Parce qu’il y avait ces retours de la joie, ces découvertes incongrues venues de nulle part, nous décidions de racheter notre temps, de recommencer à attendre ; par exemple, au bord de l’eau, guettant je ne sais quoi, un bateau, une mouette à l’œil sévère qui m’avait impressionné dans la photographie de Joseph Koudelka ; en ville aussi, dans un restaurant, discutant à la fois de livres, de désastres, et de nuits qu’il nous faudrait passer pour honorer ce changement. Nous ? Qui sommes-nous ? Le temps, les années, hommes, femmes, animaux même, défis insensés pour relever un monde mortifère, ennuyeux le plus souvent, où vous (femme quelconque, toute femme) vous vous plaigniez que personne ne sache vous guider ou vous prendre tout simplement, regardant en face le temps, les années à venir, les directions possibles à partir d’un baiser, d’un pas, d’un engagement ; je me rappelle ce jour où nous avions marché dans le parc du luxembourg sur une carte géante et qui représentait la nation française ; nous riions je me souviens, mais il y avait là de quoi nous rendre heureux : parc, été, vos yeux curieux de mes yeux, le monde discret derrière nous, des enfants, ou un homme qui lisait le journal et vous m’aviez juré de ne pas regarder les tragédies planétaires, les titres gras sur la feuille que l’homme lisait en tremblant ; assis je me concentrais sur vous, moi, encore cette affaire de temps qui réunissait tout ce que j’aurais pu vous dire, par amour qui multiplie les regards sans jamais les identifier, modalités changeantes, théories diverses, exercices de mise en jambe, pas de mise à niveau, oubliez les niveaux : nous avions choisi le dérapage, la pré-vision, la balade autour de la littérature, malgré notre souhait de l’écarter, elle revenait sans cesse se joindre au monde si bien que nous savions plus qui imitait l’autre ; finis les remontrances, l’homme qui lisait le journal avait l’air de redouter l’emphase, mais à partir de cette journée ce fut le mot d’ordre, la déviation constante, le balayage des saisons, le rattrapage du passé, l’anticipation romanesque de nos prises de position sur les choses, fermes et toujours à réévaluer, et enfin, dans le crépuscule où nos chemins nous séparaient, j’avais juré ceci : MUTATIONS, AVENTURES, ENSEMBLE.
— Ensemble.
— On revient sur les lieux du crime ?
— Hélas, on ne baisse pas les bras.
— Depuis notre dernier entretien, j’ai pensé à un seuil commun.
— C’est à dire ?
— Le lieu qui nous rassemble.
— Histoires, amours, mondes.
— Rien n’a changé ?
— Si, seuil introuvable, histoires lourdes à raconter, fictions lassantes.
— Questions de numéros insupportables.
— Il faut aller ailleurs.
— Si seuil quelque part il y a.
— Vous pensez qu’on ne doit plus rien communiquer ?
— Peut-être, momentanément.
— Pause purificatrice.
— Un peu de pudeur, laisser la vie se faire, sans désir de la contenir, décrire, inventer.
— À un moment, on retrouvera un désir ?
— Je pense que c’est ça.
— De quoi ?
— Les désirs aujourd’hui sont nains.
— Les objets, caricaturaux.
— C’est pour cela la haine de l’image ?
— Exactement.
— On attends dans la prudence.
— C’est ça.
— Agaçant votre communautarisme.
— Pourtant, aucun angélisme consolateur.
— Pouvoir enfin se regarder en face, à partir d’œuvres possibles & acceptables.
— Ensuite, on peut s’aimer, se rejeter, passer à autre chose.
— Je vous avoue avoir ce désir d’être fasciné par le monde à travers la présence de l’autre. & non l’inverse.
—mmmmm.
— Ensemble.
— Je ne vois pas du tout de quoi vous parlez.
— Cela ne m’étonne pas.
— Ensemble.
L’exercice quotidien, n’étant ni une divulgation — ni une une privation forcée de belles révélations, se trouva mis en déroute : peut-être qu’il se situait dans l’entre deux, prêt à tout dire, au risque de sombrer dans une pathétique logorrhée ; prêt à se taire, se méfiant de l’expression & de l’affirmation, sachant que l’une et l’autre cotoyent la mort. Même ces observations lui semblèrent tenir du grand guignol : quand on n’a rien à dire, on se range de l’autre côté, mais l’autre côté n’existait pas encore; alors, interminables, ces justifications devaient le conduire enfin là où il souhaitait se rendre : « Si loin de nulle part ? »
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Consignes
Je l’avais attendue, plusieurs mois — attendue. Mais elle n’est pas venue.
(Répéter plusieurs fois « pas venue ».) Aujourd’hui, je ne l’attends plus. (Supprimer « attends plus. »)
Yeux beaux bleus perdus.
(Dessiner « yeux beaux bleus perdus » sur carton noir, graphie infantile, soleil à angle supérieur droit, maison, jardin, chemin.)
Faire circuler le dessin.
L’écriture qui se méfie des images : voilà le seul commencement envisageable.
L’unique argument qui peut devenir une arme de combat pour peut-être nous délivrer de nos difficultés et assumer la nomination d’une chose, d’un objet, d’un être — extraits du visible. Sous ce problème abstrait se cache la peur de typifier, de simplifier, de tuer tout simplement au moment de l’exécution, de l’identification. Une description à retardement ? Nous savons que l’inexorable se produira. Mais le risque d’être piégé ci-tôt engagé dans l’écriture m’impose la prudence. Certes, on peut m’accuser de prendre une pause. De devenir malgré moi une image. Pour y échapper la surprise doit-être à la mesure du changement, de la rupture. Contrairement à ce qui a déjà été écrit (« refuser l’héritage du passé »), pour susciter ce retournement, il faut construire une continuité, et féconder le passé des phrases en engendrant un monde. Le problème ne semble pas si insoluble. Je reviens à la méfiance des images, à cette formidable tension devant le choix d’un monde à annexer, à interpréter. Aucune complaisance dans cette situation d’attente, il s’agit d’une croyance pure au réel, nous y sommes presque, patience.
DÉPARTS
Commençant à écrire, j’exigeais d’une phrase qu’elle se soulève au-dessus de moi pour me conduire vers l’inconnu. Aujourd’hui, la raison d’écrire renverse rapport et je tiens à remonter à l’origine de cette phrase, recherchant son essence. N’ayant jamais encore trouvé cette origine, je doute avoir commencé un travail. (Peut-être ai-je anticipé en brûlant des étapes.)
Cet exercice quotidien m’échappe. S’agit-il d’un entraînement ?( Si oui, en vue de quoi ?) Représente-t-il une fin ? Ces questions m’inquiètent. Comme si ce travail était menacé par une désignation, son titre par exemple. Je préfère lutter contre lui en m’adaptant à son anarchie. Anticiper sur sa fin est un risque. Relire ce qui précède, une souffrance. Allons de l’avant, les plûmes.
PLUS TARD
(Savoir une fois pour toutes poser la question. Poser une question. Tandis que le projet avance, les mauvaises images s’écartent, les souvenirs poreux restent sur le bas-côté.)
Une journée. Je suis dedans, complètement englué en elle. On trouve que c’est mieux que rien.
La journée que je passe, assis dans un transat précaire, totalement sous le soleil. Il y a de l’eau prés de moi. Des livres aussi.
J’ai le courage de tourner la tête pour voir le gros immeuble jaune ou rouge, où des vieux finissent leurs vies. Je commence quoi ? A me tarir. J’ai extrêmement chaud. (Le fantasme : courir vers ma propre histoire. La suggérer, la conduire, instamment.)
Mais bronzer, c’est pas mal aussi.
( Une pulsion de parole commune. Comme les jeunes qu’on interview à la télévision. On demande : comment entrevoir son avenir ? Je réponds : dans le sud de l’esprit. Là où les pensées sont chaudement exposées au danger.)
Le danger est pour l’instant invisible. Quoi que je risque de gêner mes voisins. Je peux gueuler, exiger que les enfants, dans la petite cour de mon immeuble restent dans l’ombre de leur misérables appartements.
Une jeune fille l’a dit, aigri. Elle était tellement moche, tellement peu crédible. Sa laideur recouvrait chacune de ses phrases.
( Tandis que la beauté sauve la bêtise de certaines salopes.)
Les mots sont jetés brutalement. ( On pense enfin devenir un produit de son intelligence. On est rebuté par de longs exposés.)
Rien à voir : ici : soleil et désœuvrement. Aucune force pour raconter comment les objets qui transpirent contribuent à me rendre inutile mais si heureux de prendre des couleurs.
Plainte contre X
Si ici n’est pas le lieu du brouillage, du malentendu, mieux
vaut ne pas s’en occuper.
Un matin d’automne, on se dit : a quoi bon ?
Qu’est ce que cela représente ?
Les questions n’en finissent plus,
nous sommes contents.
Trop court.
Qui est votre destinataire ?
Votre ami ?
Votre lecteur secret ?
Petites choses de la complaisance avérées petites,
inoffensives.
nous recherchons une parole vraie, pas rejetée, souveraine ;
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ecriture & culpabilite = mother + invention & fiction, che fare ? forme du decrit + eros + regret (mother dead) /style et tendance soustrait au reste
S’il fallait recommencer l’histoire. Lire encore. Examiner
nos erreurs. En serais-tu capable ? Passer plusieurs nuits
anxieuses ensemble ; imaginer les projets. Aucun programme.
On verra si �a tient tout seul. Quelles destinations ?
Beaucoup de sites visitŽs en surface. Revoir ainsi les pierres,
les hauteurs et ces granites vers Napoli. Ne pas se dire surpris.
Voir tout pour que nos yeux ensemble changent.
Un pŽriple saccadŽ, sans s’Žpuiser. Les forces doivent nous mener
jusqu’ˆ aujourd’hui. Es tu capable de produire du dŽsir ?
Relisons-nous avant de prendre une dŽcision.
Ê
Je me demande
ce que
Je
doit dire
pour prendre
forme Mais La question
ne doit pas se poser
ici, trop sérieuse
question trop misérable
espace
alors a quoi bon
Je me
Demande
Je vous le
demande
a quoi bon
s’attacher a vous ?
ALORS VITE UNE HISTOIRE
LE MOT FAIT lES
CHOSES :
DIALOGUES ?
Vite fait et envoyé sans façon, ne ménageant personne, ne sollicitant personne, n’appelant personne, utilisant sans méthode jour après jour un espace réservé — une fenêtre qui s’emboîte parmi d’autres fenêtres dont il ne connait aucun faiseur, aucun auteur, peut-être une personne qu’il s’agit de deviner à travers ses facéties, elles sont nombreuses, mais à la fin, ce que que constitue ces fenêtres ne ressemble à rien ; cela peut-être intéressant, ce rien, ou au contraire ce plein saturé de vide; Y participer ? cela peut être envisageable ; prier pour que les textes ici ne deviennent pas des images, des blocs que personne ne lit, occupé plutôt à ramasser des rebuts de pensées, des figures amusantes, des illustrations ; une question immédiatement se pose quand on a dans la tête le désir de croire à une communauté qui hélas semble bien désœuvrée, désunie, éclatée, sans objet, sans raison, sans espoir (il semble) de convoquer une idée, une synthèse.
La question s’énonce presque dans la terreur :
qu’est-il possible de faire ensemble ?
En dessous de la question terrible, demeure cette peur souterraine que les traces qui forment cet espace ne reflètent qu’un petit désir éphémère de laisser quelque chose que personne ne croira, oublié, et jeté vite dans des images statiques, mortelles, prisonnières de leur mode de production qui suppose l’effacement, l’absence de retour, la légèreté obligée ; minceur où apparaît un monde où toute image provoque un commentaire infini, vain peut-être.
CONTINUE L’ERRANCE ?
on a trouvé une petite fioriture typographique, on
est content, on l’utilise un peu, sans gravité ni brouillage
PLUSIEURS
Principe
Se livrer à l’automatisme — lâché verbal, sans cibler l’intention — uniquement pour retrouver une logique, affranchie de la vigilance critique. Je veux parler de cette réflexivité sans pitié ; avant la fin d’une phrase en cours, l’œil noir du jugement sévit : Il n’aime pas. Trouve cela pauvre. Oublions cette tentation d’auto-destruction pour laisser venir ce qui doit venir : Le plus court est souhaitable.
(janvier 2002)
Des chambres, des appartements charmants, des promenades avec d’autres femmes, toujours d’autres femmes. Des discussions, un érotisme divertissant, puis ce retour en chambre où nos expériences fécondes me permettent de passer l’hiver tout seul. Depuis un certain temps, je séduis, mais je n’embrasse leurs bouches qu’à moitié, je m’érige en séducteur moyen, il faut bien se donner une contenance, le temps est si long et les divertissements parfois plus difficiles à aligner que les phrases.
Révolte
Le livre maltraité sauta au cou de son lecteur. Il parla. Le lecteur interloqué, écouta. Ainsi le livre commença à geindre. “Je déteste tes doigts. Et tu lis sans conviction. Tu n’es jamais concentré. Tu sautes une ligne sur deux. Lles verbes t’échappent et les adjectifs que j’ai eus un mal fou à trouver t’indiffèrent. Tu n’es qu’un gros con. Malheureusement, je n’ai pas beaucoup de pouvoir sur toi. ô gros con. Si tu penses que c’est avec ton argent que je peux t’appartenir, tu rêves naîvement. Sache que je ne suis pas une pute.. ” Et le livre aboya.. Le lecteur choqué alluma la télévision.
L’origine
Je suis né le 13 avril d’un père écrivain et d’une mère inconnue. Les journaux ne manquèrent pas de relever ce phénomène : “ Dans la nuit de jeudi à vendredi, le même nourrisson est sorti de l’utérus de 76 femmes différentes. Le père, furieux, décida qu’il ne resterait qu’un enfant et il congédia les mères. ” Comprenez alors l’ampleur de ma tourmente.
(août 2001)
À un moment, je sentis qu’une brêche s’ouvrait où s’entassaient mots et images, terreurs et jouissances ; je pouvais bien sûr tourner le regard et continuer ma vie d’homme ordinaire, mais — inépuisable mais, rigoureuse objection au confort — je plongeai de suite ma peau et mes yeux dans la brêche et je compris que pour avoir plus de lumière, il fallait que j’y demeure longtemps.
Elle
Pas un jour où il ne pensait pas à elle. Elle se laissait parfois saisir, puis lui faisant volte-face. Il la coursait, sans qu’elle fût devenue une ennemie. Il savait bien qu’un tel jugement sur elle l’aurait rendue à tout jamais hors d’atteinte. Depuis qu’il la convoitait, il avait fallu ruser : elle pouvait à tout moment l’intimider au point de le laisser choir. Pas question de créer un conflit, à coup sur il le perdrait. Elle s’offrirait à lui uniquement s’il était clair avec lui-même. Pourquoi une telle détermination à désirer posséder quelque chose qui n’a pas encore de visage? Il persévérait en dépit de son inconsistance. Malgré les railleries de son entourage, il avait une foi superbe et c’est pourquoi rien de l’arrêterait.
Du neuf et du vieux
Arturo vivait deux habitudes. Il me disait : “ Tous les jours je m’astreins à cette règle : Je reconnais. Je découvre. Du neuf et du vieux. Sinon le soir je ne dors pas. Mais je ne sais pas pourquoi. ”
Alors
Les motifs : esquisses, exercices. Les figures : répétées. Il doit y avoir quelque chose. En déchaînant, ces motifs et ces figures, en les reliant peut-être, j’apercevrai le tableau.
Fantasme : écrire un conte pour enfants.
Réunir des textes parmi des images. ( Plus de textes : effets d’élargissements : ouverture à la Biographie.)
Ainsi c’était donc ça. Pardonnez la simplicité de l’idée. Vous étiez donc une femme. Et ça changeait tout. Vous n’y pouvez rien, alors continuez.
AUTOLOGUE
COCO C’EST PAS BIENTÔT FINI CEs JÉRÉMIADES,
JE TE L’AI DIT TU N’AS TOUJOURS PISSÉ QUE DE L’EAU (je ne pouvais pas prévoir une réaction aussi violente ?).
Peut-être fallait-il envisager l’affrontement ?
(Sous la littérature, sous le monde, là où il y a encore de quoi faire, sans poser.)
TOUT CE QUI VIENT DE TOI NE M’ÉTONNE JAMAIS. CHACUNE DE TES PENSÉES EST EMPRUNTÉE À D’AUTRES PENSÉES MAIS PAS LES TIENNES…
(j’avais conçu le projet d’une œuvre qui se serait éloignée des autres, des livres, près de la vie, du vivant surtout.)
J’écartai avec une certaine élégance les gêneurs. Mais pour qui ?)
Parceque c’était une foirade, une erreur, je le jure, une incartade comme on pourrait dire, j’ai sorti le plus bel attirail,
et mis un costume pas si moche, pour défiler devant les yeux creux des mères de famille : que souhaitez-vous faire ?
« Recommencer. »
« Quoi donc ? »
« Les règles du jeu. »
(Le jeu est en cours d’élaboration, les mères aussi, quoi qu’aux fils, ils peinent à essuyer les fautes de leur pères.)
Parceque c’était une foirade et que mon père était mort, j’avais la possibilité insensée de provoquer les mamans etc.
« Recommencer ? »
Je souhaitais réaliser de biens piteux projets. Recommencer tout à zéro, démontrer qu’en costume, je passe partout : je suis un jeune homme poli qui sait faire table rase d’un passé sombre.
« Vous pensiez qu’il fallait d’abord parader devant les mères ? »
« Bien évidemment. »
Parceque c’était une foirade, je pouvais mélanger les éléments, revenir au point mort : réinventer les rapports.
« Recommencer ? »
Parceque c’était une foirade, j’avais mes alibis. Je choisissais comme je l’ai dit le costume sombre pour être crédible.
Et une valise aussi. Genre : je reviens ou je pars en voyage. Sur la valise, en évidence, le nom des compagnies d’avions de pays exotiques : orient, etc.
« recommencer ? »
« Oui, c’est ça, emmener les mères ailleurs. »
Oui, il va s’agir peut-être de commencer. Mais les commencements sont désagréables. Surtout si à chaque nouvelle approche (frappe), je refuse l’héritage du passé. On naîtra à chaque fois, le projet ne se privera d’aucune image, aucune surenchère non plus, nul désir vide, transformer très vite cette opportunité en devoir, oui — urgences. Mais les exercices sont pénibles, comme chacun sait. S’il était justement possible d’entrevoir la finalité (un morceau de la dernière figure) je pourrais respirer avec calme et commencer sans mauvaise pensée le projet. Inutile d’indiquer (frappe superflue) la tension d’un tel geste. Impossible de prévoir les effets d’un tel acte. La bêtise consiste à déjà glorifier la chose qui est absente. Vaste prétention à attendre des lauriers, une belle fin, comme chacun sait. Désignons le problème comme insoluble. Mais le pathos devient le risque majeur de cet argument. Alors, achevons le faux commencement avec cet espoir : nulle exclusive, pour le moment.
3
Quand il faut fermer le piano, produire du silence, l’effroi me prend. Je demande à la musique comme à un dieu d’injecter au plus vite de nouvelles images dans mon corps, dans le texte. J’ai une sainte panique de voir disparaître les rituels, que l’indifférence se propage au pianiste, aux enfants, aux femmes. Que les fugues n’appellent plus rien, que les phrases stagnent, que les images existent mais que j’erre à leur surface. Alors, je prie, je me concentre, je ferme les yeux, je souhaite situer ma quête du côté du silence ; qu’est-ce qui va unifier la voiture rouge au visage d’une femme ? et la fugue convoque une curieuse poussée vers le passé, relevant du temps ses improbables preuves, ses traces qui n’aideront pas leur foutus desseins. La transparence ? Quelque chose de l’harmonie. Dire oui sans savoir ce qui va poindre. Simplement oui Ñ sans foncer tête bêche vers l’enfant Ñ à la rigueur lui demander de chercher, car cette voiture n’a pas pu disparaître comme ça. Le bonheur de la fugue, c’est ça : une absence de nostalgie, elle fonce, et si par hasard elle a un peu échoué, négligé un motif, on attend d’elle de nouvelles surprises: le SI majeur, ultime note du clavier peut-être enrayée, l’amour gouverne le projet de Glenn Gould ; tout jouer, toute l’oeuvre de Bach sous la menace que le temps fasse claquer le piano sur ses doigts.
— Vous ne savez faire que ça ?
— Quoi donc ?
— Émettre des saloperies.
— Qu’attendiez-vous ?
— Autre chose.
— Fini l’héroisme, les réussites et les virtuoses, et les bibelots.
— On a fait le tour du bidon, du ratage, du pauvre, je crois.
— Que reste-t-il ?
— Beaucoup à faire.
— On tachera de faire mieux.
— Et plus grand, ailleurs, sans moi.
« Maintenant ? » — « Urgences » — « Une traversée ? » — »Périples, cache-cache avec le temps. » Tout ça bien sûr en guise de masque. Nous traversons la rue, et ceux qui vous regardent, je les félicite : ils ont bon goût. Un peu bruyante tout de même madame. « Nous allons rendre visite au jour. » Nous sommes enfin arrivés dans l’autre époque. Pages tournées, ambitions modifiées, énergies décuplées. La ville avait enfin de quoi nous divertir. La nuit nous dormirons si possible à la campagne. Et la journée — vacances. Urgence de trouver un pas juste, une cadence pour marcher ensemble ; je ne le dirai pas cinq cent fois : vous me suivez, ou vous disparaissez.
COMMENT ETRE LA ?
D’abord un coup d’oeil en surface où rien n’est encore décidé si ce n’est une adhesion complaisante aux images, puis un retour décisif du côté du cervelet gauche, qui provoque un rejet pas encore verbalisé ; cela peut engendrer la colère, ou le plaisir, mais les deux mélangés peuvent très vite susciter une emphase catastrophique, une mêlée odieuse dont on ne comprend rien, absolument rien, ni la cause, ni la visée, ou peut-être simplement un amusement enfantin, un fourre-tout monstrueux en expansion constante.
COMMENT LIRE CELA ?
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commencements
— Vous êtes resté là-bas longtemps ?
» Quelques mois, mais après-coup : une éternité. »
— La perte est trop lourde ?
« Pesante. Aujourd’hui, je désire du concret. »
— Autonome ? » Je me suis rassemblé autour d’une idée. »
— C’est donc ici que vous m’avez convié ?
» Ça ne durera pas. « On en profite pour donner mais on retrouve vite sa mesquinerie. » — L’expérience se prolonge.
» Jusqu’au moment de l’assèchement. »
— Et la lumière sera coupable.
III
Dans l’étonnement, visions fatiguées des lignes d’écritures sur un fond blanc, images
mortes, texte pour rien. Surpris par cette participation hybride, je souhaitais non pas apporter mes biens (je ne suis pas un spécialiste), ni tonner contre les risques de pollution que peuvent engendrer ces systèmes — mais juste signaler en toute hâte et
sans me priver d’avouer un certain enthousiasme — que je suis tout à fait apte à saisir l’esprit dans lequel viennent s’insérer ces signes, excluant un nombre non négligeable d’individus, sans afficher cependant les couleurs d’une quelconque communauté : je ne rejette rien, et si aujourd’hui je fais acte de ma présence, c’est juste pour m’infiltrer dans cette brèche moyenne, sans valeur effective ; singularité quelconque idéale en somme pour reprendre à zéro nos entreprises. Ainsi : nulle intention tueuse. Aucune identité sérieuse. Quelque chose de naissant, de fragile, menacé par l’annexion frivole de songes-creux ; cette liberté apparente peut susciter de drôles de rêves égotiques, des attitudes démesurées pour chercher à tout prix le contact en le privant de contenu. Il y a de quoi avoir peur. Cette distance froide et brûlante à prendre vis-à-vis de ce phénomène n’interdit cependant pas d’y venir signaler le vacillement de sens dont il pourrait être coupable : à peine la communauté reliée, elle peut s’éteindre dans l’insignifiance, mais bizarrement c’est l’insignifiance même (momentanée) qui lui donne une raison de vouloir monter plus haut. À SUIVRE ?
François Martin m’a raconté qu’un jour dans l’avion il fit cette découverte extraordinaire transmise illico presto à son ami Jean-Luc Nancy via son portable : ETC. = Eros. Tanatos. Chronos.
Il y avait la chambre d’amour : carrée, murs rouges, plafond blanc — fenêtres ouvertes. Le temps passé à regarder dehors. On s’ennuyait. Alors je t’offris une autre pièce, celle-ci fut circulaire : jours après jours, nous accrochions au mur des polaroids, pris à travers l’ouverture de notre chambre d’amour. L’un après l’autre, nous guettions l’image juste :
Ce fut un enfant qui trébucha au bout de la route
Ton visage vieillissant s’embellisant.
Le vent.
Une télévision éteinte.
Un bateau échoué.
Deux hommes qui se serraient la main.
Les branchages affectant la toiture.
Une mère en fuite et qui portait sa fille.
Une valise fermée à clefs.
Nos corps & nos voix.
exercice parole voix eau
sont les mots retenus en ce jour
mardi
exercice corporel muscles etc. aussi parfois mental
concentration regards sur admirables choses
parole plus en forme de fantasme que fruit
du geste simple de converser
pas dit grand chose
Voix car on entend toujours
un machin ou un etre
qui fait son bruit
Eau violent desir de mer
pas assez jamais assez
toujours plus au sud
exercices pour parler justement et entendre une voix se noyer
eau pour finir
tout est dit mardi ni accent ni ponctuation mes salops.
I
Tu dis : affronte ton contraire, je suis dÕaccord avec mon image, le nŽgatif de ce corps, de ces lettres indŽchiffrables, pr�t ˆ considŽrer sans prŽavis quÕun regard ˆ rebours de soi est une expŽrience nŽcessaire avant la traversŽe vaillante de la vie, de lÕesprit, des villes, des affaires de la citŽ. Au moment voulu, les responsabilitŽs tant attendues seront lˆ. Tu ne peux encore tÕengager car les qualitŽs ne sont pas rŽellement mise ˆ jours ; parfois tu devines une possibilitŽ, une pose, un style, mais le lendemain, parceque tu es volage, tu troques cette impression contre une autre, dont tu dois assumer le fonctionnement pour en retirer plus tard le bŽnŽfice escomptŽ. On appelle �a papillonner. Les intellectuels ont para”t-il des aspirations ˆ lÕaltitude. Nous rŽduirons leur qu�te ˆ une approche timide de lÕair, du vent surtout. LÕinconsistance a toujours ŽtŽ lÕŽcueil dans lequel souvent tu tÕes senti piŽgŽ. La sŽduction de lÕabsence de sens ? Bien, mais ce projet doit trouver une forme intelligible. Contradiction Žvidente donc douloureuse ; Voilˆ que tu nÕacceptes pas �tre dŽpassŽ et conduit dans lÕangle mort de ton travail. O� va-t-il ? NÕest-ce pas seulement le mouvement quÕil rŽalise qui tÕintŽresse ? SÕil avait tout ˆ coup un nom, tu ne dŽsirerais pas continuer. Vers qui ? (Toujours la probl�me de lÕadresse. B. Parle du Ç couillon de lecteur. È) Tu tÕinventeras spectateur dŽtachŽ de ta production.
on imagine facilement a quel point votre vie peut se
réduire a un triste énoncé qui chaque
jour se rétrécit jusqu’au ridicule ;
présence persistante bien qu’infime dont
le bruit me fait penser aux gémissements
terminaux d’une mouche que je viens d’écraser. Elle pourrait
constituer un sain motif de colère, voire de mépris,
mais la complaisance dans le regard que vous portez au miroir rend
difficile le détachement que suppose ce mépris.
Pourquoi ? Parceque je suis parfois aussi tenté de m’exercer
aux belles gesticulations devant le regard d’autrui. Craner dit-on.
Se pavaner dit-on. Se plaindre dit-on. Gémir dit-on.
Mais il y a autre chose a honorer (découvrir ?) le dehors.
(Je comprends la séduction de la chambre et le bonheur d’y rester en
compagnie ou seul pour jouir ou gémir. Exposez-vous dehors,
il fait assez bon. en ce moment. Je vous en prie, économisez vos images
vos confessions, il n’y a plus d’homme digne de se fondre dans l’attente de
l’amour, de disparaitre sans fracas.)
Mot-imagecorps, femmes alors
femmes, j’écris FEMMES, je désécrisFEMMES, il manque le seul BEAU MOT
hai la chose, ou la vraie-femme innomable
invisible, impossible ; j’écris femme
et je la vois, je l’atteins, je lui parle, j’oublie avoir
écrit Femmes pour vivre avec
une seule femme, dans le silence.
BEAU-MOT-IMAGE LA NUIT (cette nuit avec elle)
faire l’amour sans image et sans bruit
OUI
Il y a quelque chose qui nous échappe. Est-ce cette voix ? Les journées happées ? Les nuits dévorées ? Savoir retarder la rencontre pour ne pas tout gâcher. Comment se comporter face à elle ? Les questions pleuvent ; j’oserais dire aussi — les questions pleurent. Je réponds peu à peu à ses exigences. Mais je ne la connais pas. On tâtonne. On prépare le terrain. Elle se fiche éperdument de notre réserve. Bien ridicule. Je veux activer l’entreprise. À peine sera-t-elle entamée, (une liaison, un branchement ?) qu’une foule de questions m’assommera. Il ne sera pas question de se retourner vers vous. J’accrocherais au-dessus du lit une carte de l’amour & de l’œuvre. Aussi,
OUI
griffonnés sur des post-it, les prévisions de nos actes. Des plus légers, au plus lourds. Nous assumerons parfaitement les risques. Sans amour, pas d’échos, pas de constructions, pas de monde. Tout le monde le sait. Et peu à peu, la figure apparaîtra sous vos yeux. Il s’agira de respecter le corps & la voix.
Il n’avaient hélas pas eu le temps de se rencontrer. Juste des mots échangés via de nouvelles technologies. L’objet de l’entretien ? Toujours déporté vers un nouveau vertige. Des exercices, en somme, mais aucun numéro officiel prévu ; battre presque les mains dans le vide, sans jamais se toucher.
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À D’AUTRES
Déconcerté, sans pouvoir de jugement, il provoque quotidiennement cette hémorragie, cette dégringolade qu’on pourrait à juste titre nommer accident, bévue ou glissement ; feignant de ne rien attendre, il espère néanmoins qu’une personne bien attentionnée viendra soutenir sa maladie et le convaincre de sa nécessité ; après-tout, la guérison doit passer par les extrémités et se fichtre du monde, de la norme et du jugement d’autrui ; car là où elle se produit, nous ne sommes nulle part ; les autres textes agonisent, tandis que lui, tenté souvent souvent d’aller voir ailleurs, préfère résister et regarder avec une certaine délectation tomber l’un après l’autre ces esprits bien plus malades que lui — et sans prétention à la guérison : ils font semblant de survivre alors qu’ils sont bien évidemment déjà morts.
Ne plus savoir comment reprendre le fil de nos dernières paroles. Dès qu’il faut être performant (efforts), la tentation d’ouvrir une nouvelle porte me saisit. Quoi que les portes (premières images) restent bloquées, grinçantes, il n’y a rien de concret derrière elles.
Les premiers égarements, première image écœurante flanquée de milliards d’autres images. J’ai choisi la plus usée des images, je m’en excuse. Et associer ma situation à un ouvreur de porte (explorateur) ne me convient guère. L’aventure ne doit pas s’ouvrir sur des chambres. Grotesque errant pathétique.
Je me demande quel chemin emprunter. (Chemin-image, porte-image). Ne plus savoir comment reprendre le fil de nos dernières paroles, boucle-bouclée-image.
Voilà l’origine, critiques.
(Les textes laissés ici ne sont que les contours du travail. Profitant de l’été, du temps, le projet a quelque chose à voir avec une exténuation : jusqu’où aller en proposant des objets, manipulables, interchangeables qui pourraient tout à fait se retrouver un jour ensemble.)
II
L’histoire commence, tout à coup. Quelqu’un prend la parole, et s’inscruste littéralement dans l’oreille d’autrui. Choquer ? Agir plutôt, faire tourner la mécanique du dialogue ; au nom de l’amour, du sacrifice peut-être ; Il y a-t-il des actions remarquables ? Des positions enviables ? Je ne pense pas ; celui qui va saisir la voix risque d’incommoder, de gêner, d’ennuyer. Il y a l’espoir d’être entendu ; monde des écrans, écrans des mondes, enthousiasme groupées, réalité masquée ou transmise dans la fatigue. Quel est l’objet ? Le sujet ? Déplacés. On sait vite comment neutraliser le projet en l’escamotant, c’est à dire en le montrant du doigt. Laissons de côté le style grandiloquent contre les petites doses de paroles prévues. En général, vous lisant, j’éprouve ce sentiment lassant d’avoir déjà vu, digéré, cela est bien. Mais facile, d’étonner, systématiquement. La question (encore) demeure vive, acérée, comme s’il dépendait de nous pour échapper à l’anxiété de la réponse. Où sommes-nous ? Au seuil des possibles. J’avoue que la phrase est presque ridicule. Mais encore. Dans aucune tonalité, aucun territoire ; aucun pays. Dans une langue, soit. Mais nous n’avons pas le choix. Jaloux des images, certes. Avec les mots, il y a l’exigence du sens, de la direction, du fruit à trouver. Se dépeupler, accepter le vide en soi, prendre sur soi et comprendre cette vérité au milieu de l’encombrement des interfaces. Dans l’éphémère, je devine l’importance d’une posture du doute ; momentanée, oui. Mais après, la vie reprend ses droits ; le téléphone sonne etc. Dans l’exception d’aujourd’hui, j’assume n’être personne, être nulle part, ne rien à voir. L’aveu d’une nudité ? C’est ça. Attitude ascétique ? Religieuse : que cette purification m’achemine bientôt jusqu’à vous, dans le désordre, le trop plein d’idées, de matières etc. Des liens entre les esprits, corps, lignes… Mais un mot bourdonne à mon oreille et je ne l’aime pas. L’histoire l’a grossi, signalé comme le pire de tous : fusion. Restons à l’abri du MO®T.
Il……… …… ………… ……
…………………… …………………………ne………… ……………
…………… ………………… …………… ……………………… vise…………………
……………………………… aucune………………………… ………………………………
………… …………… ……………… …………cible………………… ………………………………
(quelques prétextes aux amusements : périphérie du drame)
Une récapitulation s’impose.
Il y a des humains, soit. Mais aussi des problèmes. Une perception immédiate des problèmes. Une pudeur curieuse aussi. Vous portez des lunettes noires, je comprends. Vous souhaitez conservez vos yeux, ne pas les jeter trop vite aux crocodiles. Pourquoi cette sauvagerie ? Fait-elle partie des « problèmes » évoqués ? Caresser un crocodile ne doit pas être désagréable. Mais ça vous dévore très vite un crocodile. Je vous rassure, il n’est pas question d’une métaphore. Je pense : crocodile ; je vous vois en ma compagnie fréquenter des crocodiles. Est-ce une façon d’échapper aux problèmes que de mettre tout sur le compte du crocodile ? Mais un tel animal ne dévore pas les yeux : inutile de porter vos lunettes, regardez-nous en face, le crocodile et moi. Ais-je fait l’image ? Ce fut uniquement pour vous distraire. Il aurait pu être question de n’importe quoi d’autre qu’un crocodile. Un chat ou des amis, une robe, une émission de télévision. Mais vous le savez et c’est un problème. Continuons je vous en prie.
Eu envie de parler du fluo. Eu envie de parler du réel. Des mauvaix films. D’une enfance dessinée. Du sale genre poétique. De pornographie dégradée. Du désir sans objet. Du vide toléré. De la peau. Des vêtements. De la possibilité de parler entre. De quelqu’un. De l’impossibilité de parler.
La fabrique du sens dans les………………………………………………………………………………………………………coins.
*
Projet, programme.
*
Au-devant d’elle.
*
Allers et retours dans le laboratoire de fiction.
*
Un mois encore jusqu’à……………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………exténuation ou
…………………………………………………………………………………………………………………………………………………
………………………………………………………………………………………………………ennui. (Feuillets nombreux.)
………………………………………………………………Reprises.
…………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………Images.
OU ?
Il ne faut que deux ou trois bricoles à agencer autour de soi.
Chacun trouvera son compte, tout le monde pourra se reconnaître. J’imagine tout à coup une faste cérémonie au nom de rien, ou des individus font la propagande de leurs petites affaires. Cela ne fait presque pas de bruit et n’étonne personne. Des garçons bien vêtus accueillent les anonymes, les femmes sourient, prétendent qu’elles ne poseront plus jamais. (Leurs images sont tombées à terre et derrière le bureau où elles officient, elles sont en train de se réinventer.)
Tout fait dorer son blason pour plaire. Ce cérémonial (qui doit se passer dans un hall d’exposition) est tout à coup enrayé par une pancarte portée à bout de bras tendus où on lit : COMPLAISANT.
Les participants se font rares et s’annulent d’eux-mêmes.
Le temps est trop court, les actes trop lourds.
QUOI ?
Le bruissement du monde a coté de nous . Sil avait fallu choisir, cela aurait été peut-etre le passage d’une vespa, ou une conversation entre un homme et une femme derrière le mur de la chambre ; vous aviez pensé : « Les murs parlent ». Des murmures glissaient le long du crépis, des voix chuchotaient un secret, et nous avions décidé de ne pas nous renseigner si la pièce a coté était habitée. Facile de déflorer l énigme car tout pouvait etre blanc, noir, vrai ou faux. Votre visage calme, associé a la durée ; voila la terrible figure qui déliait chaque jour ses contours et m’impressionnait au point de ne plus savoir ce que je cherchais. Que ma voix puisse résonner contre votre peau, qu un échange se produise, que nos paroles soient fécondes et multiplient le temps de nos journées. Voila ce que j’espérais, voila ce qui vous effrayait. Aussi vous aviez rappeler l’existence d’un verbe de notre langue mais qui n existait plus ; c’était le mot « espérir. » Je crois avoir pleuré tant il était poignant et si proche de nous-memes.
15.08.02
MATIN (qui ne recouvrira rien) « Fais en sorte que je puisse te parler. » Blanchot. Rhume métaphysique (aspirine et vérité, vite).Sortir de la « stratosphère du verbe. » Matin « pluie d’une aurore mêlée. » Tout traverser, vite. Littérature ? » Nous n’avons rien à voir avec L. mais nous sommes capables de nous en servir. »
*
Le moment improbable où il faut tout revoir, considérer à nouveau nos phénomènes adorés. Des mots cruels, « Tu as été élevé à un manque d’amour. » Pasolini.
*
Et puis il y a la tentation du désœuvrement. Quelques temps après, la mort. Douce plutôt.
*
— Les expériences se rejoignent-t-elles quelque part ?
— Finiras-tu par te taire ?
*
» Je n’ai jamais été mis en vie. » Bernard Lamarche-Vadel.
*
Comment nous avions regardé ensemble la photographie d’une femme derrière une vitre, sur une terrasse et qui regardait la mer. Le verre opaque, la figure enfin tracée. Tu as dit : c’est là où je veux aller, c’est elle que je veux être.
*
« On peut changer de mode aussi. »
*
Cela donnera ceci
AUTOLOGUE
… les mots que j’aurais dû dire, et ceux qu’il m’aurait fallu taire pour que les autres soient en phase avec moi, dans le chemin étroit où le moindre faux pas est une invitation au précipice.
(Me suis-je trompé ?)
De toute manière, nous ne sommes pas faits pour nous entendre. C’est limpide. Il n’y a pas de place pour tout le monde. Ou alors il s’agit d’élargir le passage & décider d’ une destination commune. Savoir aussi quand on va s’arrêter. Ce qu’on choisira de voir… si le chemin doit être élevé, ou creusé sous la terre. Soit, des détails. Mais depuis que je suis ici, je n’ai reçu aucune consigne.
(Parceque je me suis trompé ?)
J’ai toujours rêvé d’obéir à une voix, mais ce que j’entends, c’est l’écho de la mienne renvoyée sans pitié, que j’accueille, que je brime, transforme à nouveau, jusqu’à créer une saturation désagréable.
Fictions
En me coupant de toi, je me suis séparé
du monde.
ÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉ
La bataille des cÏurs.
ÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉ
Ai-je seulement besoin de vous ?ÉÉÉÉÉÉÉ
ÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉ
« Si tu continues a jouir en moi, tu seras père avant
la fin du mois. »ÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉ
ÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉ
La mort et le pot de chambreÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉ
ÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉ
Séduction pathétique et ses immondes
banderolles décoratives.ÉÉÉÉÉÉÉÉÉ
ÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉ
La misère ne te secoue pas assezÉÉÉÉÉ
ÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉ
N’a rien dit, ne dira jamais rienÉÉÉÉÉÉÉÉÉ
ÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉ
Fragments d’une esquisseÉÉÉÉÉÉÉÉ
ÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉ
quequequequeÉÉÉÉÉÉÉÉÉ
ÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉ
Tu vois une chose et tu penses a une autreÉÉ
ÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉ
Il n’y a que des défauts, des défauts.
ÉÉÉÉÉÉÉÉ
La queue de la souris dans l’encre de chine.
ÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉ
Le string de la jeune maman via Gosue CarducciÉÉ
ÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉÉ
Il peut s’agir d’un premier objet.
Il doit s’agir d’un premier objet.
Ne projeter aucune image sur lui. Les êtres (s’il y en a encore) viendront après.
(La chose sera présentée bientôt.)
Les êtres devront probablement accepter.
Pas d’histoire autour de cet objet.
Vient l’idée d’une chose invisible ou d’une chose vulgaire. Cela ne pas doit éveiller de l’admiration ou de l’estime. Accepter la neutralité et ne pas tomber sous le poids du sérieux.
Et nous voilà enfin devant une question douloureusement formulée (elle vient sceller nos énoncés) : quel sujet fabriquer à partir d’un objet inconnu ?
elle a toujours pensé : urgence : La France : notre rivale, adversaire, chierie même, cheribibi s’aime. (Être né dans ce pays, à cette époque) Ne pas commenter les aversions, l’ hexagone. Les Français ne savent ni apprécier, ni détester, aujourd’hui. Dans les soirées ou personne ne connaît personne, c’est un silence flippant, la France. Quand on se connait, on détruit, on se gausse, on se place au-dessus de toi. Le Français a cette ambition ringarde, et ne sait pas vraiment s’aimer, se voir parmi vous. Ne pas commenter les aversions, les duels latents, les vengeances, la perfidie, la culture-patrimoine — la honte. La France, aux autres, celle des autres. La honte. Et puis ce pays d’écrivains me répugne, radio, télé, paroles de la surenchère perpétuelle, de la souffrance naine, de Paris surtout. Il faudrait songer à écrire comme T. Bernhard notre haine de la France. Je laisse ce projet à d’autre.
TGV (train, gague & vague)
Paris-Turin.
1er octobre 2002
L origine de l affaire, étouffée. Son dénouement, improbable.
Et pourtant l histoire se complique jour après jours, chacun apportant ses témoignages et sa défense. En France, la paranoia a engendré
de curieux spécimens qui pensent se pavaner au de la loi mais ils sont
en fait drolement exposés , donc menacés.
Quelle fin ? Redessinez vos marques.
DESASTRE
COMME CHUTE DE L
ASTRE.
Un désir de clarté, d eau
D amour & de destructions
Disons que les motivations
Du geste ne sont pas si
Clairs
MULTIPLIE TES DESIRS PAR TES PENSEES
ET NOUS POURRONS PARLER.
En regardant un chien, j ai dit a C. qu il me faisait penser a une cabane
dans les bois. Clémentine rigole et parle d un hyper-flash proustien.
Oui je veux bien te voir, mais pas chez toi.
NOUS NE SOMMES PAS ENCORE SORTIS D AFFAIRE.
Une femme me sourit de l autre coté du quai, comme
si c était facile.
Relu la belle phrase de L.R des Forets : Je suis ce littérateur.
Je suis ce manique. Mais je fus peut-etre cet enfant.
NOUS NE SOMMES PAS ENCORE SORTIS D AFFAIRE
Des machines & des machines & des machines mais l amour et l eau sont
presque restés intacts. On prévoit des retombées belles
et tragiques de l un et de l autre bientot dans les vies des machines.
Court circuits.
POST SCRIPTUM : Combien de rats Marcel Proust a-t-il torturés au
Ritz avant de pouvoir écrire
qu il s est longtemps couché de bonne heure ?
On peut se dire : où ça se passe ? On peut se dire : que désires-tu ?
Et les réponses sont chuchotées, soufflées : des crises & des empêchements.
Et le monde : a-t-il un effet sur toi ?
Quel monde ? Incapable de le trouver. Est-ce l’escalier qui me mène à la rue ? Le premier avion pour l’exotisme ? Toutes les chambres où j’ai dormi ? Des télévisions en boucle ? Image d’images d’images ? Description d’une huitre ? Soyons sages, ne disons rien. On dispose encore d’un pouvoir de séduction : les choses vont venir à soi. On va le re-mettre debout. Mais nous ne sommes pas obligé de l’appeler le monde. Nous restons dans une chambre. Faire l’amour ou compter, ou regarder nos cartes-postales en attendant que dehors tous s’épuisent. Il y aura quelque chose à faire, à penser, mais ça ne sera pas noir, pas triste, surtout pas.
Facile de tourner au tour du pot, de varier les distractions, les inventions, d’accumuler les surenchères.
On pointe une vérité ? On pense l’atteindre et pour y arriver, je suis prêt aux glissades autour du sujet. Puis j’en doute. Ce qui me semble important et que je peux limiter à un énoncé, tout à coup sous le poids de la phrase, se dérobe & perd de son intensité.
Alors subsistent les jeux.
Ce qui n’est pas mal aussi en somme.
Pus rien n’a d’importance, si ce n’est l’éloignement progressif du sérieux, du tragique.
On fête cette indétermination.
Il y a encore la mémoire, mais celle-là, nous induit en erreur. Plutôt qu’une conformité à la vie, il s’agit d’accepter d’en être séparé. (« éloignement progressif du sérieux, du tragique »)
Est-ce une façon de légitimer l’invention ? Au nom d’une perte, d’une maîtrise impossible.
Comme les textes sont artificiels, au moment où je m’apprête à écrire : alors… (comment conclure un problème sans énoncé ?)
Alors il y a tout à faire, du temps surtout et de l’espace. Les jeux, les mensonges, les personnages ; on retrouve peut-être ici la littérature, même si nous n’avons pas grand chose à voir avec elle.