#3
Apparemment, vu de l’extérieur, tout va bien.
Il ne vit pas en marge du monde, n’a pas tué son père, paye ses factures.
A quatre vingt dix pour cent comme vous et moi. Mais…

En passant, en écrivant.
Pourquoi, depuis longtemps, écouter Bach me
remet dans le droit chemin ?
Et oui.
Aux dernières nouvelles, le moi serait
élastico -hystérique. Arquez-le,
placez-y n’importe quoi (un souvenir, une souffrance,
un amour) et lancez. Soit il expulsera la chose
loin de lui (moi allégé) soit elle
lui retombera dessus (moi patatraco -névrotique.)
Mauvaise pensée.
J’ai trouvé la phrase la plus nulle de
l’ignorance de K.
« Tout le monde admire sa mère pour sa vitalité »
Mais j’ai aussi trouvé la plus belle :
« …émue de sa beauté que son corps pleure. »
Bonheur.
La voix de Glenn Gould qui chante derrière la toccatta.
F.B. m’a dit un jour à ce propos :
« Il grommelle. »
Vanitas.
Je me moque de A.C. qui publie son journal de travail
(de photographe) en lui rappelant une phrase d’un ami
qui le concerne :
« A.C. prépare le terrain pour ses futurs biographes. »
A.C. rit, un peu vexé, s’en sort victorieux :
« Derrida dit justement qu’écrire est indécent ! »
SO WHAT ?
Bizarre.
Nostalgique de la période où je découvrais Proust :
Batignolles, automne 1995, souvenirs d’enfance,
douce mélancolie.
Le vieux Folio élimé sentait la cave où
il avait séjourné 20 ans.
Téléphone.
— D. te trouve suffisant & gueulard.
— Je vais l’appeler pour me faire pardonner.
Video.
C. est une ancienne amoureuse de Turin, venue quelques jours à
Paris pour conqu&eacuterir les galeries. Son énergie l’a transformée
en une machine. Plutôt qu’artiste, elle se définit comme stratège et produit
davantage qu’elle ne crée. Je me sens alors poussiéreux,
pré-moderne.
Bach.
Le Praeludium en ut mineur BWV 934 me fait penser
au cheminement prudent vers un orgasme, lui-même
associé à l’éclatement d’une très bonne
bouteille de vin blanc.
Barthes.
 » Savoir qu’on n’écrit pas pour l’autre, savoir
que ces choses que je vais écrire ne me feront jamais
aimé de qui j’aime, savoir que l’écriture ne
compense rien (…) c’est commencement de l’écriture. »

Une telle désespérance ne t’a conduit sous les roues
d’une voiture que pour rejoindre les morts.
Bach.
Agacé parfois par cette méticulosité moqueuse
du profane sans méthode que je me surprends à être
parfois.
Autologie.
Invention de soi.

Matin.
Se laver les cheveux avec Mixa bébé et sentir
à nouveau sur son crâne les doigts de sa maman, voilà
une sensation qui ne prête pas beaucoup à rire.

Fallait-il le dire ?

Si on oublie l’énigme que reste-t-il ?

Continuité
1.Et ce n’était finalement que le jeu
(stérile ?) d’un entretien sans
interlocuteur ; Invention de l’autre,
méprise de soi.
2.Il avait poussé la curiosité
jusqu’à ouvrir le dernier roman de M.K.
peur qu’il ne soit pas à la hauteur
des livres adorés quand
il avait dix huit ans ; la difficulté du retour, ce fut aussi
la sienne, retrouver un espace littéraire, inchangé.
3. Curiosité comme dévoilement, fuite et recherche de
l’image juste.
4. Il irait à Prague pour s’acheter un tee-shirt avec Kafka dessiné dessus.
5. Curieux des autres, de lui-même, aussi.





Téléphone.

— Tu es bien incapable de te taire, mais tu n’as

aucune idée de ce que tu veux dire.

— Est-ce grave ?

— Pour les autres, oui.

— Ecrire pour sonder le gouffre, et le creuser encore.

— Projet bidon.

— Au moins, si je savais écrire des livres pour

enfant, je serais satisfait.

— Bien incapable.

—Ou des romans roses pour petites femmes perdues dans les trains.

—Bien incapable.

— Au lieu de ça : grandiloquence, tragédien minable.

— Qui es tu pour me dire tout ça ?

— Celui qui s’est tu.

ETC

(N on)tropo lyrico.
D’un réseau à l’autre, il manque toujours l’image, la voix, le corps ;
je les invente, je déplace le foyer dans un autre lieu ;
avez-vous déjà
été brûlée ?
Il y a des interdits, ces limites me fatiguent ; trop chaud,
la toile est increvable.
Il n’y a aucune image derrière, pas d’être ; des flammes m’ont
promis que j’aurais le droit de conserver les restes de nos paroles.

#28
Ne faire son portrait qu’à partir de ce que les autres ont dit
(récemment) de lui : faussement humble, minet, play-boy, impatient, petit,
tourmenté, ambitieux, cynique, coureur, superficiel, satisfait, à l’aise etc.
Et s’ils avaient raison ?
Bigre ! Ce sont les yeux et les mots des autres qui me font ? Salauds ! Cela ne se passera pas comme ainsi ! ».


Je ne déteste pas m’évanouir.

Autographies
… CLIC…
Valéry
« Soumets toi tout entier à ton meilleur moment. »
Conversation.
Je lui dis au milieu de la nuit, lors d’une fête insensée :
— C’est en apriorisant de tout que tu deviendras folle.
Fête.
Grande santé : être irresistible, illimité
le corps se sent vivre et la pensée dans les
alcools a quelque chose de sanguin.
Titre.
Après le M&eacutecrit de Denis Roche,
voici venir le Décrit de …
Avertissement.
Si votre prénom comporte un seul A, passez
votre chemin.
On m’a dit :
« Fais en sorte que je puisse te parler ! »
Dans la maison.
Je chante, et j’admire la tenue de x, y, et z, mes favorites.
Réponse/
De quoi veux-tu que je te parle ?
L’eau, l’acidité, la vague, la transmission,
la perle, l’esquisse, le mouvement qui déplace les
lignes, le battement de l’œil, le coit pour imiter la vie,
l’extension de mon corps vers toi, bruissements, moment
qui s’éternise, et multiplie les raisons de voyager.

Samedi.
Regardé Alien en buvant du porto,
puis attrapé au vol la voiture d’un petit
photographe de mode Italien (Une Lada rouge de Torino),
direction LouisWeiss où je regarde sans
conviction la vidéo de
Sarah Jones et ses plages de Miami.
Rêves.
Mélange de temps, et fusion de personnes
de ma vie, périodes fondues ensemble, sans espoir
de pouvoir les discerner, les comprendre, les aimer : effrayante unité !
Matin.
Téléphone de M. ,dans le sud :
Charles Fréger est un connard ! « 
Reprise
De quoi veux-tu que je te parle ?
Tout ceci n’est qu’un échauffement en vue d’un texte à venir.
…CLAC…

VOUS NE PASSEREZ JAMAIS A LA TV

AVIS : TROP DE MAUVAISES IMAGES M’ELOIGNENT DU BEAU MONDE.







– No… io non lo so, pero senz’altro lei ha un matrimonio alle spalle a pezzi…
– Ma che dice?!
– Scusi forse ho toccato un argomento…
– Non è l’argomento, è l’espressione!… « Matrimonio a pezzi »…
– Preferisce « rapporto in crisi »? Pero è cosi kitsch!…
– [si tocca il cuore] Dove l’è andata a prendere quest’espressione, dove l’è andata a prendere?!…
– Io non sono alle prime armi…
– « Alle prime armi »?! Ma come parla?!
– Anche se il mio ambiente è molto cheap…
– Il suo ambiente è molto … ?
– CHEAP!
– [sberla] Ma come parla?!
– Senta ma lei è fuori di testa!!
– [sberla] E due! Come parla?! Come parla?! Le parole sono importanti! Come parla?!

Où me conduisez-vous ?


tu pensais vraiment en arriver là me laissant
de l’autre côt&eacute sans rien à prendre de ce
temps qui nous avait unis oubliant aussi l’image
que tu aimais m’entendre décrire celle de
nos corps en sang en joie
au présent je t’en prie l’image est ce présent
perpétuel hors d’atteinte mais qu’est-ce que ça veut dire
je résiste au désir de te rejoindre je fais
durer l’éternité mais qu’est-ce que ça veut dire
pourquoi du côté de la plume j’ai à débroussailler
le sens alors que depuis l’enfance je rêve formes
mélange palettes échanges
m’étant battu à mort pour
éliminer les phrases entre nous sucer
jusqu’à la fin les pauses les points
pour filer ensemble dans le mouvement
des choses en face c’est le mot par l’image
quand enfin je retrouve le ciel sans
pouvoir le nommer mais qu’est-ce que ça
veut dire la nuée la fatigue l’usure
la perte la mort de l’eau du point de l’image
à force d’avoir voulu savoir nommer pointer
nos efforts n’ont plus tenu tu le sais alors je me rattache
à n’importe quel signe pure de la vieille présence
nos corps en face gênés par la parole
silence mais qu’est-ce que ça veut dire ça ne dit plus rien
et ne passe plus que par le silence
caché sous leurs mots.

Parole vaine du héros

« Je me suis perdu plusieurs fois dans le corps des femmes.
J’y ai laissé des mèches de cheveux, des livres
dans leurs chambres, des photos collés/offertes sur les glaces
des salles de bains, dans lesquelles j’étais fier (sometimes)
de me trouver beau, la femme attendait blottie dans un lit froid.
Ce que je suis : sans ressemblance avec mon image : embrasser une
femme c’est comme passer de l’autre coté de moi-meme ; c’est
pourquoi j’ai avoué à G. que le risque du baiser (le premier)
est toujours une épreuve. Si par lui je coincide avec mon image,
je me laisse oublier, je me laisser regarder, j’aime et je peux etre aimé. »

Si je pouvais parler d’un autre point de vue que le mien,
croyez le bien, je le ferais.

Mode d’écriture qui repose sur l’exposition

immédiate de la phrase. Lecture

contemporaine de l’écrit. Temps

de travail aboli, rumination interdite. Ecrire

pour se débarasser de sa pensée,

lourde ou trop légère. On ne garde surtout

pas sa morve trop longtemps dans sa bouche,

on crache.

C’est comme ça, ça pourrait être pire.

Les admirateurs de belles femmes.

Les dingues d’images.

De voitures fuyantes.

De cranes lisses.

De femmes volubiles.

(Peut-on se dévoiler dans l’image ? Helas non, Felix. )

ETC

Note sur le héros
(Intermittence etc.)

Il y a quelque chose qui s’ouvre parfois, une
amitié s’amorce, un retour d’&eacutenergie
comme des milliards de points qui convergeraient
sur cet impératif : vivre ; l’échange
doit se produire, car la chance tourne vite : la loi de l’alternance
comme dit R. Laporte est une machine qui peut n’importe
quand lui retirer ce pouvoir, alors urgence de tendre la main avant
qu’elle soit brulée, pour construire son regard dans l’amour.

(Amour de quoi ? corps, spectres, mots, pays………)

— Je vous attends.
— Vous me semblez trop disponible.
— Et alors ?
— Je n’aime que les gens pressés, désagréables.

Oui et la mort et bien quoi ?

Maurice Blanchot, cet eros


Je n’avais pas eu l’impression de réaliser
une action décisive.Il se saisit du bonheur
uniquement pour faire battre plus
vite son cœur. Au moment voulu, tu diras à tes amis :
« N’importe où dans le monde ! « 

Autologue
A.
Les prénoms des femmes qui ont compté
dans sa vie, sont truffés de A
Il est temps de changer.
coit
Avez-vous récemment fait l’amour dans la mer ?
rêve.
Frôler l’insignifiance comme Keith Jarett.
Programme.
De la vie comme fourniture.
Titre de livre à écrire. (Pas pour moi.)
« Pas de pathos pour Boris.
Thomas Bernhard.
« Mozart c’est aussi le kitsch de la petite culotte ! »
Questions.
Comment vous en sortez-vous ?
Comment allez-vous ?
Que comptez-vous faire ?
Thomas Bernhard
« Nous sommes une tête chercheuse de défauts ! »
Hier soir.
— Pourquoi tu n’es pas naturel ?
— Cela me demande un travail de dingue… alors j’ai arrêté.
Entendu, ou lu
« Je suis beaucoup plus heureux depuis que j’ai renoncé à l’être. »
Questions
Nos expériences se rejoignent-elles quelque part ?
Projet.
Une journée d’images de la vie.
Matin.
Marina me fit écouter le bruit de la mer, le son de l’eau.
Titre de livre.
Le bruit de la mer, le son de l’eau.
Nouvelle.
Les citronniers de Calabre sont arrivés !
Nouvelle
Récemment, nos contemporains ne sont pas très audacieux.
Erreur
Elle a dit « partenaire », j’ai entendu « adversaire. »
Question
Pourquoi ce retour de l’eau ? Ce désir d’eau ?
Post-it
Reprendre « le cerf-volant » pour la revue Vacarme.
Préparer cours d’histoire de la photographie.
Évaluer à nouveau les soi disant amis.
Participer au monde.
Réfléchir sur le « mystique sans dieu » (Roger Laporte.)
Revoir le monde.
Qu’est-ce qui m’a précédé ? (Preuves, vite !)
Envoyer à F.Y. Jeannet la nouvelle version du texte Epreuve.
Ajouter deux pompes de plus par jour.
Etre direct et aimable à la fois.
Nouvelles expériences contre
L’éternel retour du même.
(Pourquoi pas quatres pompes de plus ?)

Le langage du héros vaste problème.
Comment puis-je en meme temps exprimer une émotion,
communiquer une pensée ; qu’on me reconnaisse sans
me caricaturer, parler d’autre chose que de ce que je suis en
train de dire, laisser le sens plurivalent mais précis quand meme ;
moins allusif que Mozart, aussi pointu que Webern, drole, sincère,
grave, catastrophique, touchant, aimable ?

Tout à la fois ? Plutot se perdre.
Le héros fonctionnera pas à pas.
« Quelle immensité et quelle misère dans le langage ! »
Le héros ne devra pas comparer le langage &agrave un monde
car il n’est pas po&egravete.
Il bravera les tentations lyriques, et revera comme il se doit, &agrave de grands récits.

(Langage monstrueux, imagin&eacute, volé, inventé, combiné, mélangé.)

#38
(En témoin de la vie sordide, intérieur-jour.)
Comment soulager l’énervement ? Ecrire multiplie la haine.
Partir serait mieux mais il a rendez-vous avec une femme,
alors il faut subir ces vieux cons alignés comme
des bocks le long du zinc.
La jeune fille : « Vous m’en voulez ? »
— Absolument !
— Qu’avez-vous fait en m’attendant ?
— Des projets de meurtres !
— Sortons s’il vous plait.
— Bien entendu.
Il faut imaginer le héros s’en allant,
la femme à son bras vers une nouvelle aventure.

On lui dit « très sceptique », il entend « stress optique »,
il est photographe.

Erratum.
(Compris l’impossibilité de parler en mon nom.
Plutôt se demander ce qu’il y a derrière le nom.
Avant le nom. Une créature épouvantable ?
Un sauvage que je me propose d’apprivoiser. La création
du héros comme un ego d’expériences, momentané, textuel.
Un être abstrait. Un moule dans lequel tout peut se fondre.
Même si le héros est une force vide, je suis responsable de lui puisque je l’ai crée. )

Le juste retour de soi aux choses, plutôt.

#9
Il soupçonne ses réactions dites instinctives
de n’être pas spontanées.
« Est-ce que je ne simule pas l’enthousiasme quand C.
par exemple me téléphone ? »

Mais il ne s’en rend pas compte. Peut-on retrouver l’âme véritable ?
Il ne veut pas s’y essayer car il a peur de la découvrir noire,
pleine de haine et d’indifférence.
« Si ça se trouve, la voix de C. impromptue dans une journée
consacrée à la méditation solitaire me pèse atrocement ;
l’entendre ne provoque aucun amour, pire encore : aucune reconnaissance.
Mais je n’accepte cette part de méchanceté. Je dois faire des efforts de bonté».

Le héros, comme on le voit, est clivé. Sa tâche : éteindre
une à une les fausses paroles, les gestes empruntés.
Une bataille au cœur du langage, face aux corps. N’être plus qu’un.

« Et c’était toute sa vie qui m’inspirait du désir. » Proust

J’ai dit hier soir à T. que la littérature a une autorité
si forte sur moi, qu’à chaque instant de vie heureuse, il y a
une voix qui s’attriste, comme si ce bonheur m’écartait du travail.

Corbac & Boris

Deux ou trois jours au vert, dans la Creuse,
dimanche après midi, Boris
nous rejoint en compagnie de son corbeau qui
s’appelle Corbac, l’oiseau s’agrippe d’épaules
en épaules, il est est nourri de wiskas
pour petits chats ; il grimpe sur la table
mais chie dessus, je le prends alors pour le déposer
sur la branche d’un noisetier, mais Corbac revient
aussi tôt vers nous, et le soir, quand Boris rentre
chez lui pour rejoindre sa femme, Corbac
me manque atrocement.

Ce qu’il faut faire

Dans ton texte, laisse apparaître les ratures, repentirs, contre l’idée

dégoûtante de la réussite, et du prêt à admirer.

ETC.

« Quel poids que de sentir ! Quel poids que de devoir sentir ! » F. Pessoa.

AUTOLOGIE.

A 4h du matin, sorti d’un cauchemar.

Je lui dis :

— Rêvé que j’étais dans la voiture de mon père

qui roulait à 250km/h sur le périphérique sinueux.

Elle répond :

— Rêvé que tu me prenais par derrière à la

même vitesse, exactement.

(Peur que la machine s’embale, que je ne puisse plus

jamais sortir du bolide.)

Conversations.

(A propos de certaines têtes pensantes désagréables

du genre sciences-humaines )

— Ils ne savent ni jouir ni se perdre dans la nature.

— Ils détestent la nature. Ils ont oublié la nature.

(Nous nous acharnons à cultiver notre étonnement et en

même temps, nous restons sur nos gardes. Les petits salopards

ne nous font pas peur.

Usage de l’écrit.

Numéro de paon à la recherche d’un modèle.

L’artiste du jeun de K. reflète notre condition et ce

déséquilibre qui nous anime, en même

temps qu’il nous décrée. Un impresario !

Pessoa.

Grandiose Bernardo Soares et son attention aux choses

infimes (Tables de café, mouches etc.)qui n’ont aucun rapport

avec ce qui est ordonné et dont la présence est si forte

qu’elle vous écrase. Peur des grands immeubles,

bois cathédrales ; joie de baisser le regard sur le bitume

et d’y trouver une jeune pousse d’herbe rebelle, si indifférente

au monde social.

Les restes.

Des femmes que j’ai aimées, je n’ai gardé aujourd’hui

que leurs conseils pour être plus à l’aise dans le monde

matériel. L. : Méthode infaillible pour

enfiler la couette dans sa housse.

M. : Contrôle du froid. NE surtout pas trembler, ne pas claquer

des dents.

C. : Fûmer des joints en oubliant le joint.

Azul

Avez-vous regardé le ciel aujourd’hui ? Vous êtes-vous

bien réveillée ? Les transitions entre vos pensées ont-t-

elles été douces ?

(Questions chantées, musique souhaitée : Suite pour violoncelle ; si

possible la 1. de JSB.)


Titre.

Trouvé dans un ascenseur. « Inconsistance d’une vierge. »

Phrases pour rien.

Mon cœur bave par-dessus ma chemise.

Seins perlipopette.

L’héteroraide.

Mode.

Qu’est-ce que c’est qu’une littérature non-figurative ?

Celle qui refuse le trompe-l’œil de la fiction, le cadre du

récit.

AXIOME DEBILE.

Vas là où tu dois te rendre parceque tu n’as pas le choix.

T’arrêter, ou te retourner est maintenant impossible, bien plus

dangereux que de poursuivre.

Paperolles.

Le fait d’écrire sur des papiers volants prouve bien

que le livre me fait peur.

T. Bernhard :

 » En réalité nous n’aimons que les livres chaotiques,

que les livres qui ne forment pas un tout. ».


Les pages ne seront pas reliées ; il restera toujours

des trous entre les phrases.

75016

Un quinquagénaire assis à une table de café

qui lit les échos. Quand la patronne vient prendre

sa commande, il lui dicte son choix comme si elle était sa

secrétaire.

Foirade.

Les faibles ne prennent confiance en eux, que lorsqu’on leur

assigne une fonction, et qu’ils font quelque chose.

Lointain écho de Char :

 » Etre au monde est une belle œuvre d’art qui plonge ses artisans dans la nuit. ».

Encore.

—Votre personnalité est plus riche et plus complexe que vos textes.

— Le contraire m’aurait fâch&eacute.

27 ans.

Je suis comme un enfant qui vient d’apprendre à écrire.

Hier soir.

Nous dinons. Nous parlons. Salades de printemps, bières. En partant

nous remarquons que nous ne nous sommes même pas demandés

si ça allait.

Lui : « Fait autant chié que de parler du temps. »

Texto.

« Tu savais qu’introspection, c’était juste avant introuvable dans le dico ?

Encore.

Dispersion, attention, allitération, oblitération, pénétration,

réitération, adoration, lamentation, fellation, nation, passion,

fiction, fixion, sanction, cunilintion, portion, ablablation, succession, variation, médication.

Epreuves (Extraits)
A peine réveillé, j’ouvrais le placard ;
d’abord, un sentiment de joie vécu : comme si j’atteignais
une zone claire en moi, lieu que je ne connaissais pas ; comme un rêve furtif ;
puis la grâce s’étiolait, tu n’émettais plus de lumière,
et je baissais les yeux, pour pleurer, je n’avais rien vu, rien conservé
de cette sensation à travers laquelle j’avais perçu une
vérité silencieuse, si apaisante. Alors je descendais,
furieux contre moi (je n’avais pas approfondi cette vérité
silencieuse ) furieux contre toi (tu n’étais pas ouvert complètement).
Mais comment fallait-il se comporter? Te transformer ?
Te détruire ? Hélas, aucun énoncé ne soutenait le projet.
Pas de mode d’emploi. L’impuissance me faisait pleurer, des pleurs
qui me brûlaient puisque je ne savais pas pourquoi j’étais si triste.



Souvent, recherchant des objets à aimer, j’ai subi le drame
de l’illusion, l’illusion percée après coup, pensant que
ces objets étaient des dieux alors qu’ils n’étaient qu’images.
Etait-ce une ruse de ta part lorsque la photographie dans le placard (la femme qui courait en me souriant) suintait un moment, pour ensuite redevenir neutre, brutalement ?
Comme si tu me mettais à l’épreuve pour mesurer le danger
de l’image et sa formidable attraction vers le vide.
Femme oubliée, disparue. Une cendre que ma complaisance conservait,
parce que elle était la seule trace de mon passé.
La mettre de côté, la retourner eut été douloureux,
mais je connaissais l’importance de ce sacrifice que je finirais par faire pour toi. Car que pouvais-je risquer à présent dans cette aventure ? Me couper du monde ?
Le monde n’était plus que trois ou quatre choses : le supermarché,
le bar, le ciel parfois. Autant l’avouer : le monde était rétréci ;
je ne ressentais plus aucune joie pour ce monde.
De la pure matière indifférente à mes sens !

Fable.

Le photographe connut crise si forte qu’il se débarrassa

des image prises depuis 20 ans. Il avait tout photographié.

Et ces choses l’avaient dépassé.

II se sentit trahi ; comme si les images parlaient à voix haute :

“ Nous n’avons aucun intérêt. Nous sommes des copies.

Tu ne sais pas quoi faire de nous. Nous sommes devenus gênantes, sans signification. ”


Le photographe avait passé sa vie à ordonner

des éléments monde ( ce qu’il appelait le monde se limitait uniquement à

ce qu’il connaissait — illusion dont il prit conscience vingt années après

dans la solitude et la tristesse.

“ Je me suis trompé, dit-il. A quoi bon photographier une femme ou un abat-jour que j’aime ?

Primo, je ne les connaîtrai pas davantage.

Secundo, ce qui est visible me répugne.

Tertio, j’ai banalisé ma vie en la doublant. ”


Alors il descendit ces images à la poubelle, détruisit son appareil.

Quand il remonta, il s’adressa à sa fenêtre et lui parla :

“ A nous deux ma coquine, je te regarderai désormais sans aucun intérêt,

seule façon de comprendre, sans vouloir, te digérer. ”


Et il la palpa en fermant les yeux

D’une table de café

Retour du soleil, pensées lâches brûlées,

retour à la surface, la peau a très chaud.

(La vie inconnue se déroule, sans s’affoler.)

Facile.

Je défie quiconque d’affirmer que les sonates de Mozart

pour piano sont douces.. Les coupables sont rassurés par ce

qu’ils croient entendre. Mais ils stagnent dans une mauvaise interprétation

de la vie et de la musique. Erreur… Je le clame. Et je les entends déjà

vitupérer : l’énergumène, où veut-il en venir ?

Pas tout de suite les enfants.

Que regrettez-vous ?

Au commencement, comme tout le monde, je me suis dit : quel délice,

quel mouvement suave ! Puis écoutant inlassablement la même sonate,

elle devint odieuse. Je me mis à entendre autre chose… Je ne sais quoi…

comme s’il y avait une moquerie cachée dans la mélodie.

Mozart se foutait de moi. Mais je ne tombai pas dans le panneau. Dés les

premières notes, on s’attend à trouver une émotion.

Là ? rien…un défi grotesque sur lequel les épisodes

de ma vie ne font que buter. Et la musique continue de m’humilier ; elle diverge de mon

âme. Je suis exaspéré par cette douceur qui n’est qu’un cri avant la

sécheresse de mon cœur.Quoi alors ces sonates ? Des regrets de regrets.

Il ne faudrait lire que lorsqu’on a soif, puis pisser,
(écrire) mais plus tard, quand on ne peut plus se retenir.

Cachée derrière le a ?

Chacun semble utiliser le langage comme s’il allait de soi ; personne pour faire son procès ; on a l’impression qu’il est facile d’avancer, de noircir des pages, et que votre cheminement est évident à suivre. Quelle est seulement votre exigence ? Les critères de cette exigence surtout. ANSWER SVP.

Intensité

Pourquoi un livre écrit sans style (sans revendiquer

un style) me fascine, plutôt qu’untel qui use du langage

comme d’un pétard ?

Des noms !

Vieux mythe de l’écriture blanche, blanchotienne.

« Degré zéro » etc.

Ecriture réduite &agrave un pure outil ;

oublier d’urgence le rêve de se fondre

dans ce qu’on dit. Instrumentalisation avant toute

chose. Le récit, vite ! Fadaises psychologiques

laissées aux autres.

Degr&eacute Zorro de l’écriture !.(Justice, violence etc.)

Efficacité. Vite !

Oedipe au placard.

Roger Laporte au cachot.

Proust attaché à la robe de môman.

Rêve d’une écriture dont la sensibilité ne

serait pas trop pantelante.

Auteur disparu ?

Pulvérisé ?

 » Que mon effacement soit ma façon de resplendir ! «  (Jaccottet)

ETC

AUTOLOGIE
(Le héros accumule des notes dont il
ne sait que faire ; fourre-tout encombrant.
Il a décidé maintenant de s’en délester.
L’exercice — qu’il appelle pompeusement AUTOLOGIE
ressemble donc à cela :)

Bravo.
J’ai envoyé ce soir, par texto à
des femmes nombreuses éparpillées au bord
de la méditerranée :
« nuit sans air à Paris ».
Triste
(C’est tout, trop court, pense-t-elle.)
Weil
« La grandeur, de nos jours, doit prendre d’autres voies.
Elle ne peut d’ailleurs être que solitaire, obscure et sans écho…
(or, pas d’art sans écho). »

Titres
Compléments d’objets.(Ne pas me voler merci.)
Diatribes contre une femme ailée.(Me la retrouver, merci.)
Mots de passe.
L’identité pleure.
Atroce.
Quand je dis je, j’ai l’impression de recevoir une claque dans la gueule.
10 rue, de Rome.
Belle serveuse, belle comme une gravure d’intérieur, sage et décorative.
Vérifier plus tard
Inanité de ceux qui écrivent, de tout ce qui s’écrit.
Difficulté
Comment écrire un cri ?
Handke.
« Il ne percevait rien, cela lui tombait sous les yeux. »
Projets.
Ecris comme tu penses comme tu vis comme tu veux.
Téléphone
Une femme parle :  » Je ne comprends rien. »
Le jeune homme dit :  » Je ne t’entends pas. »
Bis
Si je pouvais parler d’un autre point de vue
que le mien, croyez-le, je le ferais.
Oui.
Tu vois une chose et tu penses &agrave une autre.
?
Il n’y a que des défauts.
Radio
La misère ne te secoue pas assez.
Souvenir.
« Si tu continues à jouir en moi, tu seras père avant la fin du mois. »
Roman
Dans le cafouillis d’un carrefour, j’arrivai pour me faire plaquer,
jeté du haut d’une histoire, devant une femme plus âgée
que moi dont j’avais tout espéré, y compris la mort.
Duo.
Le suce-suce panique
(expression trouvée en buvant un verre d’eau.)
Naufrage du non-sens
(expression trouvée en pissant.)
Drame
Toute pensée se produit sous l’autorité absente
(ce qui est la pure preuve du pouvoir) de L.
Scandale
Le séduction et ses immondes banderolles.
Drame II
Plus j’écrirai, moins j’aurais l’impression d’avoir dit quelque chose.
Trio
Un homme, une femme, le monde.
Après l’inventaire, il ne subsiste que ça
Fable
Tout est bien qui finit enfin
Image.
Le string de la maman baissée via Giosue Carducci.
Triste.
Besoins d’&eacutechanges réguliers avec des spirituels estimables.
Baudelaire
« Et le printemps adorable a perdu son odeur ! »

Nota Bene

Les affaires de l’âme ne nous concernent pas ;

Le compte-rendu de votre intimité, non plus.

La fiction nous fatigue.

#18
La voix du héros dont l’écriture est la transcription approximative.

Car personne ne saura si son timbre est grave.

Si la tessiture de sa parole conjugue les variations les plus extraordinaires.

L’écriture est le négatif de sa voix.

C’est une page du cœur intime. Les méchants
peuvent m’attaquer. Les méchants, quant à
eux, n’en n’ont jamais fini. Ils peuvent dire que la
parole à soi, c’est insuffisant. Mais si tel
est le verdict, je meurs. Bizarre comme
la voix vient caresser ma pensée. Souvent,
je me bats pour faire une phrase. J’essaye d’être
direct pour me saisir.

et patati et patata et patati et patata et patati et patata et patati et patata

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et patati et patata et patati et patata et patati et patata et patati et patata

Vous n’aimez pas la vie ?

Tout le monde devant le portrait de quelqu un pourrait
se reconnaitre.
« C est lui, c est moi. »
Pas question de s émerveiller,
de le prendre pour modèle,
la peau incandescente vient
déchirer ses sourires, et quand on le voit
(image solarisée)
on peut se dire : mais il a perdu sa forme,
il a déjà cramé sa présence.

Il y a eu donc quelqu un, et je veux le retrouver.
Présenter le banal,
sans histoires, sans biographie, sans visage.
Si tel est le projet,
à quoi bon continuer ?
Foi dans le personnage de quelqu un.
En lui, je vois mes héros favoris dans la vie littéraire.
Comme si, en faisant cet effort de le dessiner,
je me me mélangeais
aux créatures de nulle part.

Vite une solution, donnez-moi un destin !

Lu tard dans la nuit un livre terrible

FINE ART

#36
Percevoir la vie des autres à travers ce qu’ils en disent avec
admiration, tristesse que la sienne lui semble si pauvre, sans urgences,
bien inférieure à leur emploi du temps chargé. Ne rien planifier,
et subir quelques années après les conséquences d une
existence pas assez prise au sérieux ; il écoute comme un
enfant les projets de E. qui n a pas une minute à perdre, il est ravi pour elle,
cette attention est aussi douce que d ouvrir un livre de récit fantastique.

La condition de la réussite :
patience, bienveillance, diableries.

Du jour au lendemain

-(repentirs)

Textes pour rien

CINDY DON’T READ THOSE BOOKS !

« Avide de renouer avec le dehors, sa folie est d’attendre des réponses à
des messages qu’il n’envoie plus. » L.R. des Forêts.

 » Faut-il écrire tout ce qui est pensé à propos d’un sujet ? »
(Phrase lue quelque part, mais où ?)

Pages du h&eacuteros (à la campagne)
Le corbeau vient de me regarder ouvrir à
nouveau les paupières, d’un air &eacutetrange,
j’ai eu l’impression de n’etre pas un homme
(aucune méfiance de sa part), ni une proie possible ;
si les corbeaux m’ignorent, j’ai déjà gagné
quelque chose, mais quoi ? La permission de voir, peut-etre.
Je me plais à penser que les alouettes sont d’accord
pour que je contemple leur plumage, que le pie vert est enchanté
que je sois un auditeur qui apprécie sans culture son hennissement ;
il y a les branches méandrines, le coucou qui pourrait folatrer,
je ne lui ferai pas de mal, je suis l&agrave en ami, sans sciences,
je l’ai dit, mais plombé d’idées imprévues.
Ce que je vois se double de morts, d’imaginaire. Pourquoi est-ce ainsi ?
Et pourquoi surtout résister ?
La bombe cosmique est lachée, je l’ai déjà
prévenue, et je continue dans un mélange d’angoisse
et de bien-etre, et il faut etre fort pour ici faire naitre une tension à
partir d’un si paisible paysage.

Complainte du héros
#44
Vous insinuez qu’il n’y a aucune diff&eacuterence
entre lui et moi, que cette division est une coquetterie,
ou pire une lacheté, que je n’ose pas assumer
le grand jeu, le grand bavardage de soi, et que j’use
de ce moyen à des fins de duperie, façon complaisante
de complexifier la tache ? Oui vous avez raison, en un sens,
mais la réponse à votre scepticisme prendra
un tour violent et sincère : sachez docteur que je me
considère à la fois comme le sujet le plus banal
qui soit (et dont la vie ne mérite aucune considération)
et aussi comme quelqu’un menacé de disparaitre ;
ainsi j’ai confié au héros, digne représentant
de mon ame égarée, la mission d’agir pour me requinquer
et retrouver dans la vie et dans l’autre des petites graines
que j’ai plantées jadis.

vivre sans femme est un enfer que je ne vous conseille pas

Où cela avait-il commencé ? Que pouvais-je envisager ?
Revenir ? Chercher les causes premières ? Oublier ? Me briser le cou ?
Une peuplade d’images, faussées par les medias, les contes et les livres,
m’insupportaient, et contre le récit que je pouvais faire de mon enfance,
je préférais encore mettre à jour une nouvelle porte,
définitivement close, oubliée.

1 Dans un bus, assise, une femme et sa jupe, bavarde et cocasse comme une toile de Miro.
Images, je n’assume pas la gêne que vous me causez ! Que faire de vous ?
2 Une jeune fille, après être photographiée, fonce vers le photographe pour l’embrasser.
3 Un clochard explique trop longuement ses circonstances, sur trois stations, c’est beaucoup de donneurs potentiels qui descendent.





Passer son temps à le passer de corps en corps
(Phrase entendue dans un demi sommeil.)

Avertissement.

Ecrire, se provoquer, se dresser — en se donnant

des règles. Passage du sauvage à l’enfant

scrupuleux qui chaque jour fait ses lignes d’écriture.

En vrac

Le retour sur soi : restituer dans
le langage arrêté la vitesse de
la vie.
Idiotie.
Faire des phrases, comme des cabrioles et
se préserver du jugement
que des abrutis sont toujours prêts à dire.
So what ?
Mots courts, traits courts ; examen médical d’un nombril,
cavit&eacute sans profondeur.
Souhaitez-vous faire vaciller le sens ?
Remplissez-moi ce nombril d’images,
gavez -le jusqu’&agrave la satiété.
Oui oui oui
Ce que je fais me renseigne parfois sur qui je suis.
Projets
Rester fidèle au principe selon
lequel l’origine de la phrase est inconnue,
sa destination folle (cachée) —
et sa danse, forcément érotique.
B.L.V.
« Je n’ai jamais été mis en vie. »
Nerfs.
Il s’était mis à détester
les images ancrées dans le quotidien,
les récits nains et peu glorieux de la
vie immédiate ; croyant peut-être
bêtement que la transformation n’est pas
un vain mot, qu’il est toujours possible
de décoller de la misère
(sexuelle, alimentaire, littéraire)
et que rendre compte sans projet
de son impuissance face à la vie,
est une agonie qu’il ne peut plus supporter.
Paris.
A quatre heure du matin, traversant le 17 ème,
croisant des putes fatiguées, il ne faisait
pas très froid, je vous (r)assure.
Bob Dylan.
« I don’t know how much longer I can wait. »
Finale.
to be continued dans l’étonnement sans fatigue
couleur rouge vagues sensations de mobilité
capricio ça fait partie du jeu du seul avec ou sans suivre
la première route vers l’indéfini
soleil se fait rare quand j’ai un besoin urgent de lumière
pour développer mes images.

« Once upon a time you dressed so fine
You threw the bums a dime in your prime, didn’t you?
People’d call, say, « Beware doll, you’re bound to fall »
You thought they were all kiddin’ you
You used to laugh about
Everybody that was hangin’ out
Now you don’t talk so loud
Now you don’t seem so proud
About having to be scrounging for your next meal.

How does it feel
How does it feel
To be without a home
Like a complete unknown
Like a rolling stone?

You’ve gone to the finest school all right, Miss Lonely
But you know you only used to get juiced in it
And nobody has ever taught you how to live on the street
And now you find out you’re gonna have to get used to it
You said you’d never compromise
With the mystery tramp, but now you realize
He’s not selling any alibis
As you stare into the vacuum of his eyes
And ask him do you want to make a deal?

How does it feel
How does it feel
To be on your own
With no direction home
Like a complete unknown
Like a rolling stone?

You never turned around to see the frowns on the jugglers and the clowns
When they all come down and did tricks for you
You never understood that it ain’t no good
You shouldn’t let other people get your kicks for you
You used to ride on the chrome horse with your diplomat
Who carried on his shoulder a Siamese cat
Ain’t it hard when you discover that
He really wasn’t where it’s at
After he took from you everything he could steal.

How does it feel
How does it feel
To be on your own
With no direction home…

Like a complete unknown
Like a rolling stone?

(Texte retiré finalement.)

MECHANT

Nous dinons et L.C. nous avoue que selon

sa psychanalyste, elle serait enfin entrain de braver l’interdit

de l’inceste.


« Tant que tu resteras humaine » lui dit son mari.

L’après-midi, je sors de la galerie 779. L’homme des lieux

me dit : « Vos images, sans être documentaireS, nous parlent

de l’opérateur disparu. Je vous rappelle mardi prochain »

Plus tard, café (etoile manquante), une conversation entre deux jeunes filles :

— Parfois j’ai envie de faire l’amour avec des nanas comme toi.

— T’aimer le plus profondément possible.

Derrière, deux hommes commentent les petits garçons

qui passent, je change de place, scandalisé.

INTERDIT DE L’INCESTE ? RETOUR D’ŒDIPE EN PUISSANCE MAMA !

Plus tard avant de diner nous guettons une table qui va se libérer.

Une voiture manque de m’écraser, je reconnais Sophie Calle

qui sort du bolide et qui fonce vers moi pour me dire

UNE PLACE RUE RAMBUTEAU J’Y LAISSE MA VOITURE 6 MOIS !

Je ris, elle sait que je sais qui elle est ; je ne lui rappellerai pas qu’il y a

deux ans j’ai accroché ses croutes aux rencontres d’Arles !

OPERATEUR DISPARU ?

MAMA !

Plûmé

Le matriarcat acharné volait ses plûmes à

des bébés cigognes abandonnés.

Le clan des mères s’en paraient les cheveux, riaient entre elles, et moi

— tremblant sous la table — je caressai mon pelage en claquant du bec.

ETC ETC ETC ETC ETC

ETC ETC ETC ETC ETC

ETC ETC ETC ETC ETC

ETC ETC ETC ETC ETC

ETC ETC ETC ETC ETC

Women

Les petites vieilles s’entretuaient devant ma porte. Que pouvais-je dire ou faire ?

Les séparer ? J’en étais capable. Mais une vicieuse me fit un croc en jambe.

Je tombai sur le parquet. Me relevant, j’en giflai une. Les autres se mirent à pleurer.

J’éclatai aussi en sanglot. Elles profitèrent de mon abattement

pour se remettre à se battre.

« Qu’est-ce que résister ? C’est avant tout
avoir la force de décréer ce qui existe,
décréer le réel, être plus fort que lui. »

Giorgio Agamben

Parole du héros
La persévérance ? Oui, quand bien
même l’objet de la recherche serait vain, ou impossible
à atteindre, seul l’effort donnerait du sens à
l’épreuve ; c’est le mouvement du travail qui reste
sacré, la cible pourrait ne pas exister, il en serait de
même : l’acharnement, oui c’est le mot juste, pourquoi ?
mystère acharnement à montrer que rien n’est
évident.
Danger.
Considérer que le sens
de sa recherche est hors de soi,
est une mort à
petit feu.

D’une note à l’autre, il y a des manquements assumés.
Fiasco complet.

#34
On n’a jamais fini de remettre le sujet sur le feu.
Pour le saisir à point il faudrait inventer un langage nouveau,
aussi fulgurant que lui.
L’accompagner, ne pas l’arreter.
Découper soigneusement chacune des tranches du temps où il s’est exposé.

Parole vaine du héros.
Je n’accepte pas ma faiblesse ; celle de mon corps,
et j’éprouve plus que personne mes limites, et
je devine qu’il peut se passer quelque chose,
mais l’effort qui doit m’y mener me navre ;
la lacheté, ce n’est pas la mienne ; c’est la
fatigue du monde — son usure —qui est responsable ;
quelque chose du dehors me menace, et perturbe
le sens d’un devoir naturel : celui d’etre l`,
davantage que les autres.

« SOUMETS TOI TOUT ENTIER A TON MEILLEUR MOMENT. » P.V.

Comment poursuivre ? Voilà la question
qui m’avait occupé jusqu’au moment crucial
(dimanche matin) où je décidais
sans consulter mes femmes, mes docteurs, de changer
du tout au tout en reprenant sur un autre mode le travail : fini
le temps de l’éparpillement aux quatre coins du désir,
temps perdu d’errance sans consolation, vite, une autre voie plus
lumineuse (même si le soleil faisait encore défaut) avec
un face à face émouvant comme une image fixe
découpée sur un film de Bergman en silence,
bouche ouverte qui ne dit rien, sentence revenue d’une très
vieille lecture (Blanchot Au Moment Voulu, 1996, Limousin)

« FAIS EN SORTE QUE JE PUISSE TE PARLER. »

Parole vaine du héros
#7
Héros car je m’invente sans cesse, je n’ai pas de seuil,
je ne contiens aucune essence, aucune rareté,
aucune singularité ; héros car cela ne me satisfait
pas mais cela me regarde — plus jeune ceux que j’aimais, je souhaitais
leur prendre leur ame, leurs pantalons, leurs femmes ; h&eacuteros,
puisque je conçois la vie comme l’invention de soi à chaque fragment
de temps insensible aux communs,
(betise du temps soi disant partagé !) ;
héros, car le désir de construire l’emporte
sur le chaos (si séduisant soit-il) ; héros,
car j’ai beaucoup de taches à accomplir ;
héros, en fin car il faudra qu’au bout du compte
cette entreprise touche aussi ceux que ne je connais pas.

Pataques cérébral
amour-art
jouissances intercédées
politique oblique
dispositif machinal
jardins de la tête d’or
la jeune femme et moi
ciel inconnu
la femme éléphant a chié rouge
extension du doigté
le ciel est tout
le safran était dans le coup

« (…) les mains du Greco ont toujours l’air de lavettes
sales et mouillées. »
T. Bernhard.

HOW DOES IT FEEL ?

Autologie, un retour.
Et vint à lui cette idée désarmante
Laquelle ?
Avalée.
« Si écrire ce n’est ni dire, ni nommer, on est mal barré »
Rire (doucement.)
Digérée
Restituée
Sauvée
Michaux : « Je n’écris pas pour construire, juste pour préserver. »
Le silence entre les mauvaises pensées du héros me fatigue.
Indigestion.
Se relire à la gueule de bois.
Et puis exposer tout cela : obscène !
Se réfugier dans les livres des autres ;
dormir dedans, faire l’amour
dans les marges.
Il faudrait qu’à partir de ces notes, on puisse déduire
un certain nombre de choses sur lui.

Ecrire à blanc comme tirer à blanc off course !

CE SONT DES CHOSES QUI ARRIVENT

TRAITS COURTS

(Autologie aussi comme recyclage de vieux

machins d’il y a quelques années,

crachés ici et maintenant pour m’en débarrasser.)

« C’est dans la technique du dépassement de cette révulsion,
qui a sans doute à voir avec les barrières qui
s’élèvent entre chaque moi individuel et les autres,
que gît la véritable ars poetica. »
Freud.

Matin pluie d’une aurore mêlée, c’est toute ma peau qui la voit.,

Avertissement.

Stop les zamours intertextuels

PROSE YO-YO.

Axiome

La tentation du n’importe quoi, du désordre,
de l’imprévu, de l’accident, d’une vie
d’aventures ; de chambres en chambres, villes
inconnues — je passe dans le temps comme
si quelqu’un ou quelque chose me coursait
pour me brûler les fesses.

Cette loi de l’alternance est aussi un motif, ou plutôt une épreuve
qu’il faut accepter, sans ressentiment ; lorsqu’une phase d’abattement
rend le travail impossible, espérer pouvoir à nouveau retrouver
ce pouvoir de dire, d’exister en somme puisqu’on a pu enfin accepter le péril,
car cette loi est bien entendu une machine infernale !

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