Orad V. a la main sur le coeur
fatique -maladie – manque de discernement
énervement – atteinte des sens de la perception – détournement du réel
énervement – brûlures d’estomac -agressivité latente
et moi, je m’endors sur un nénuphar dérivant sur la Carte du Tendre
inconfortable, sourd téméraire et je fais ce que tu veux écoutent love and rockets.
c’est drôle pour personne ça n’a le même sens.
j’ai froid, j’ai froid, j’ai froid, mon cou tombe, je la vois, tenue contre une rambarde par son frère. derrière eux les voitures passent, rapides, devant eux les gens, pressés. elle est pâle mais je ne la vois pas, ses cheveux couvrent son visage. le corps ramollit d’un coup le frère crie, il essaye de la tenir contre la rambarde, la tête part en arrière, les yeux deviennent vagues, il met ses doigts dans sa bouche, il tâte voir où est la langue. il l’appelle, il crie, elle ouvre les yeux, elle le regarde de très loin, elle lui susurre quelque chose, elle tient un peu, il appelle, appelez les secours, son protable, il le tient, il essaye d’appeller tout en tenant sa soeur, tout en parlant à sa soeur, on ne lui répond pas, le téléphone coupe, il panique, mais il garde le sang froid. je mapproche j’appelle à mon tour, les cris de la mère affolée arrivée couvrent le disque d’accueil des pompiers. la fille glisse contre la rambarde, je passe la main sous son cou, elle ne perdra pas la tête, je passe le bras sous sa taille, le corps est mou, desarticulé, elle glisse, son frère lui parle, la fille tombe étourdie sous les cris de sa mère, on ne peut plus la tenir de regard elle n’en a plus, la mère braille, c’est sa fille la fille tombe pour de bon, la mère frappe le corps mort, elle tape elle appelle elle crie, on allonge le corps sur le trottoir en l’allongeant ils ont découvert son dos un moment que la mère a giflé, un dos lisse jeune, un dos brun. la fille est couchée je ne la vois pas derrière les jambes, de la mère, de l’ami mou comme un veau son frère qui regarde intensément sa soeur. elle se réveille. elle prend sa famille pour des fous, ils ont l’oeil hagard encore la mère pleure, le frère l’engueule parce qu’il faut donner à manger aux enfants le matin et pas paniquer comme ça, lui il pose des questions à sa soeur, il a eu peur, il l’aime et il maitrise la situation les pompiers arrivent.
il a fallu que la mère hurle pour que les gens s’arrêtent
il faut qu’une bombe explose pour qu’on remarque qu’il y a une guerre
étonnament le corps flasque s’est redressé en une jeune fille alerte et qui se tenait. bouche fermée regard sûr. parlante.
« J’aurais voulu jouer dans un groupe de punk. J’aurais vaguement pianoté sur un synthé en fond de scènce. Mais surtout j’aurais chanté. J’aurais voulu être cette voix féminine qu’il y a souvent dans ces groupes de rock un peu brusques, dont on se dit souvent qu’elle est en trop, qu’elle est inutile; elle sonne même un peu faux elle est plus criée que chantée et au niveau de la balance elle est toujours trop basse, on l’entend pas bien mais elle gêne un peu. En fait si on écoute bien et qu’on essaye d’imaginer tout ça sans cette voix, ça na va pas, ça devient banal, c’est la musique qui devient inutile. » « Ma vie sera peut-être comme ça. J’ai l’air inutile, mais si vous regardez bien, vous vivez tous pour moi. »
Je peux, sans rien sacrifier de ma vie ni de ma lucidité, décider de ne pas voir le réel
[dont je reconnais par ailleurs l’existence].
Aveuglement volontaire
[comme Oedipe je me crève les yeux]
qui trouve des applications plus ordinaires dans l’usage immodéré de l’alcool et de la drogue.
(Ne soyons pas dupes des apparences: il y a des cas où c’est le langage imagé qui parle sciemment au propre, et le langage abstrait qui parle insonsciemment au figuré. –H.Bergson–)
tam tam tam
la terre n’a pas tremblé, rien n’a changé aujourd’hui
je me trompe de supports, mais ce n’est pas grave, c’est du travail fait pour plus tard.
réajustements: attendre de comprendre le mot qu’on lit, tirer dessus et là, pouvoir parler.
pour l’instant je tâtonne sur la côte avec mes pieds, et je creuse des petits trous où l’eau entre en tourbillons.
c’est beau et c’est hypnotique.
la migraine occulaire me sauve, après deux trois jours de ça, j’aurai envie ce me semble, d’action.
le moteur tourne… action!
« Qui veut venir passer quelques jours avec moi à Madrid en janvier? »
tu étais parfaite poulette
Tac tac tac tac c’est tania qui monte les escaliers avec ses talons aiguilles, ce sont eux qui arrivent avant elle, ils me menacent mais ne me perceront pas.
Je lis dans mon lit, elle arrive elle m’attaque ma petite a besoin de réconfort
Elle déambule dans l’appartement elle martèle toic toic toic toic, lève toi accroche moi arrête moi, mais je reste sur mon lit, j’ai posé mon livre sur mes genoux mais elle sait qu’il pèse bien plus qu’elle sur mon cœur
Elle veut se rendre intéressante elle va chercher du lait elle enlève son pull elle se sent romanesque ainsi : marchant avec ses talons aiguilles, ses collants, sa jupe noire sa culotte dentelle qu’elle sait que je sais être, et rien absolument rien pour couvrir son buste et sa bouteille de lait quelle arbore en dessinant des sinuosidales en pointillé sur mon parquet
C’est pour elle que j’écris tout ça aujourd’hui tu vois tania tu es aujourd’hui ce que tu voulais être tu es sur les pages d’un roman qui pèseront sur les genoux d’un homme un jour. tania a peur elle sent tous les jours des révolutions se préparer elle entend des rumeurs au bout de toutes les rues c’est pas possible, non impossible que tous ces gens marchent le même chemin tous les jours sans s’inquiéter
Pourquoi m’aime-t-elle ? moi pareil aux autres plein de doutes, mouvant et si immobile, encore vain ; aujourd’hui le vent souffle il est toujours le même mais chaque jour il me dit autre chose
Vas t’en tania et laisse moi souffler
Je voudrais entendre tes talons aiguilles s’éloigner et je crois que j’aimerais ce son descendant, que l’on pense encore entendre quand il s’est déjà tu pour nous. D’autres l’entendent maintenant que font ils où sont ils ? mais je les entend toujours t’annoncer ils te précèdent j’en ai assez de ton inconstance parasite ; un jour tu pourrais les enlever sans que je puisse l’imaginer tu reviendrais à tâtons à tétons tu amorcerais l’escalier sans troubler personne de ton existence on ne saurait pas que tu as pénétré dans l’immeuble_ quelqu’un te croiserait et tu lui ferais peur dans un tournant de l’escalier_ tu viendrais (dans mes bras) pieds nus avec ton pull avec tout ton toi sans ton vide littéraire ; mais je l’imagine et tu es morte
Ne vois tu pas que nous répétons toujours la même chanson, ne te rends-tu pas compte que nous changeons tous les jours les mots du même refrain ?
Le bruit de tes talons aiguilles résonne toujours, ce bruit sans mouvement, ce bruit seul et creux, inutile, de nos espoirs.
je l’ai reconnu à l’odeur. le clodo vient d’entrer chez moi, je me décolle de l’ordinateur et je le vois dans mon salon. il s’est assis à al table, quand jentre dans le salon, il me regarde; il est sérieux, il est chez lui, c’est sans réplique. il a pris un bout de pain et il le mange. il se lève et va se secouer un peu au milieu du tapis, des tas de choses indéfinissables tombent. il a au moins dix épaisseurs de tissus sur lui, le chaud et le froid n’existent plus pour lui. la puanteur est partout. maintenant, c’est vraiment chez lui!!
il m’aide à faire mon sac, et me souhaite bon courage d’un hochement de tête. on m’a dit qu’au début c’est pas facile. mais on s’habitue vite, et puis quoi, d’ici cinq ans, si je me conduis bien, ce sera à moi de passer le relais…
Surprise et survie. La soirée le matin continuité amicale, la nuit n’annule pas les plaisirs. Alors je caresse la peau de ton visage, j’évite les lèvres parce que c’est ce que je prefère. Mes mains ont oublié la géographie de ton corps, elles ont oublié ce qu’il y a après ton visage, elles s’interrogent sur ce qu’il y avait avant. Elles cherchent sans le demander à tes joues; elles ignorent tes yeux et n’écoutent pas tes lobes. Elles caressent, virevoltent sur ta peau, sans rien trouver, elles sont tendresse gratuite. Elles s’épuisent. Je t’aime plus que mes mains, et mes yeux te le diront en s’enfonçant dans ton corps.
J’ai couru dans ma chambre pour terminer les réjouissances, tant pis, moi seule, mais à l’abri des regards. Cela je ne peux vous le raconter. Il faudrait pour cela que vous voyiez mes accessoires, qui sont exemplaires, et qui m’ont été ramenés par des mains amies de pays lointains. Ce que je peux vous dire c’est que ma couche en porte encore les traces, et que, paraît-il, certains couples cachés sous ma fenêtre pour se conter fleurettes m’ont entendue crier de contentement. Espérons que ce cri les aura aidés à être moins timides…
je n’aime pas le flash, je n’aime pas le zoom, je n’aime pas quand tu me regardes à travers l’appareil, l’image est fausse, certainement tordue, sûrement imag(in)ée. je suis faussée pour toi, oublions ce que nous croyions. point point point.
les listes sont émouvantes
etc
Si tu peux être amant sans être fou d’amour,
Si tu peux être fort sans cesser d’être tendre
Et, te sentant haï, sans haïr à ton tour,
Pourtant lutter et te défendre;
des fois j’ai le hoquet:
j’ai soupiré une dernière fois et ça m’a fait un bien fou
maitenant, toute l’indifférence du monde m’indiffère parce que j’ai adhéré!
je suis indifférente à tout moi aussi
bonjour bonjour bonjour!
les murs de glace m’enrobent, je risque d’avoir froid, mais vous ne me ferez plus rougir
dents de scie, je suis dans les airs un dragon invisible entre l’amour et l’indifférence de tous et de tout
blanche neige s’est endormie dans son cercueil, je suis une princesse qui n’a pas trouvé ses nains
mieux vaudrait vomir, n’est-ce pas?
L’aspirante au bonheur, la rêveuse de malheurs
L’étrangère du réel (amoureuse teinte de fiction), la désespérée de n’être pas là
La tourmentée du temps, l’asphyxiée de l’espace, la matérielle
(Je est un autre.)
L’ambitieuse, l’imbécile
Tic Tac une seconde est passée à l’autre (L’amoureuse de F., la fille de W., la gourmande) (un autre possible s’avance)
Moi et moi allons bien
hop je saute sur le trampoline et oooh je vole mais aaaaaaaaaaaaah je tombe (comme quand il faisait l’insecte sur le lit) j’agite les bras et les jambes, je rêve: tout bascule, le soleil remplace les étoiles et le ciel la mer, tout est scintillant autour de moi et ça n’a jamais été aussi clair. maintenant je marche j’escalade je hampe la lune montagne est belle ruisseau d’argent ,nonon ce sont les poissons qui sont d’or. cheveux échevelés moi très calme, même même si perdue dans tous les éléments, beaucoup beaucoup d’eau autour de moi mais je ne sais pas voler splaaaaash une énorme tortue sort de l’eau et je me pends à un cocottier arrgh.
mon amour, je voudrais courir encore, mon amour
mon amour, chht, mon amour, chht, mon amour, ne m’emmène pas tout de suite au bout du monde, ne crie-t-elle pas dans l’orgasme
et je retombe dans la furie du monde, hall de gares, hall de théâtres, queue du cinéma et de la sécu, bataille avec les draps, mon regard et tu ne me le rends pas, fatigue et ce foutu écran que j’ai marre!, et je retrouve mon état civil, que font vos parents, que fait votre père, et je redessine mes peines sur mes murs, des silhouettes vides sur un miroir, et des femmes sans corps sur la peinture banche
mais j’ai sorti un tapis blanc, et le matin je danse dessus…………;blanc éclaté de rouge comme si je voyais trop de lumière
si je devine ton sourire dans le noir sans entendre ta respiration, dis-moi que tu es là silencieux, je voudrais deviner aussi ton intention pour moi ton désir d’y être et tes pensées. si je peux confondre sous mes doigts le drap doux et propre et ta peau soyeuse soyeuse, bouge ton dos décale-toi vers moi pour me rejoindre pour manifester ton envie de moi ton vouloir de présence. si je peux démêler dans les arômes de l’été ton odeur peau mélangée à parfum approche tes lèvres des miennes pour que je puisse respirer le même air que toi pour que je puisse sentir comment tu as transformé le même air que moi. si je trouve sous ma langue un oreiller ferme comme ta chair donne-moi à croire que c’est toi donne-moi plus de chair à goûter demande-moi de te mordre. si je vois une forme s’éloigner de ma couche ne dis rien surtout tais-toi ce n’est pas toi ton fantôme seulement, l’ai-je trop cotôyé? ton fantôme seulement qui s’en va pour te laisser venir.
Toc! je saute de roche en roche, des fois je tombe, un pied dans l’eau, une petite flaque. J’ai l’aisance
du merle, mais plouf mes cheveux sont mouillés. Tu me regardes sans me donner la main courir dans
les brouissailles sèches de la garrigue. Je suis pieds nus et tu souris. Je maquillerai tes erreurs du
sang égratigné. Tu m’as trompée (du sang sur les yeux) tu m’as menti (du sang sur le front) tu m’as
abusée (du sang sur les lèvres). Tu me regardes, et maintenant, après ma rage et ma résignation (je
succombe à mon désespoir, je succombe à ton désir de non moi), tu me regardes avec amour et tu
susurres que tu me reverras. Quand je te vois j’imagine de sang barbouillé toi.
dans un bus:
-jécoute: essai: essai essai essai essai essai essai essai essai essai essai essai essai (ça y est les deux sons [e] commencent à se mélanger) essai essai essai essai essai essai essai essai essai essai essai essai essai essai essai essai essai essai essai essai essai essai que c’est beau, je trouve ce mot très beau essai essai essai essai essai essai essai essai essai essai essai essai essai et je ne sais déjà plus ce que j’essaie
je trouve ces mots très beaux
ces mots très beaux
-derrière la nuque d’un vieux devant moi, je regarde la peau qui déborde sur le col de la chemise. j’ai 22 ans, c’est énorme vous vous rendez compte, on me dit que j’ai le temps mais considérez:
« ça fait 22 ans qu’on ne s’est pas vu » (si longtemps non c’est pas possible)
« je finis la fac dans 22 ans » (cri d’effroi)
« ils sont partis à l’étranger il y a 22 ans » (on les a déjà oubliés)
et en même temps, le monsieur a 60 ans peut être, pas très très vieux, mais c’est un monsieur, je n’ai l’air que d’une jeune fille, il est sévère solide, et j’ai beau être jeune je suis excédée de ne pas savoir ce qu’il sait, ce qu’on ne saura jamais qu’en vieillissant. j’ai fait 1/3 de sa vie, déjà, mais tout à l’air de venir après, après ce petit tiers que personne ne considère autour de moi.
avant le bus:
deux hommes sortent du métro sur la place avec des bagages. ils cherchent leur direction, ils la demandent à deux pervenches qui passaient par là. elles leur indiquent. je les entends derrière moi « il faudrait qu’on traverse la pla » suspension, je me retourne, je les voudrais finissant leur mot. ils ont disparu, ils ne sont nulle part tout autour de moi.
Le tgv roule depuis une demi heure en direction de l’est, encore une heure et il déversera cinq cents personnes sur la côte atlantique. Ils sentiront les embruns de la mer et les vacanciers iront se serrer sur les plages pour sentir ensemble l’eau salée sur leurs corps dénudés. Pour l’instant ils dorment discutent lisent une revue, ils ont l’air de s’ennuyer, certains très peu observent le paysage brouillé par la vitesse. A l’intérieur tout est calme dans l’indifférence générale. Certains passagers passent dans les couloirs. Le contrôleur les suit. Il vient demander les tickets de transport des passagers. Billets silvousplait. Les deux jeunes hommes le regardent. Le premier promet de devenir un bel homme aux yeux verts vaguement dissimulés par un mèche de cheveux noirs. Le second a les yeux clairs aussi, rieurs, blond. Le brun est assis sur le blond. Il a l’air de bien l’aimer. Ils tendent un billet au contrôleur. Le contrôleur attend le second billet. Second billet silvousplait. Ils n’en ont pas de deuxième. On est assis sûr le même siège monsieur. Il faut une second billet. Mais si on n’utilise qu’un seul siège. Je vais être obligé de vous donner une amende. C‘est un billet par siège. C’est un billet par personne. Il est écrit sur le billet place 33 voiture 4. On y est, les deux. Veuillez me suivre. PUTAIN DE POUVOIR EN PLACE ! ! ! ! ! ! VOUS ETES TOUS DES CRETINS ON EST SUR LE MEME PUTAIN DE SIEGE VOUS ETES COMPLETEMENT ABRUTI OU QUOI ? ? ? ? ? ? ! ! ! ! ! ! !
A la gare suivante ils sont descendus, des agents de police les attendaient sur le quai. Ils les ont emmené au commissariat. On ne comprend pas nous n’utilisions qu’un seul fauteuil. /Petits crétins/. Plaf, la gifle a claqué, la mèche brune s’est envolée. Regard vert incrédule. Larme brillante, ils n’ont que seize ans. Ils avaient confiance. ON N’A RIEN FAIT NOUS NE SOMMES PAS DES CRIMINELS ! ! ! ! ! ! ON VOULAIT VOIR LA MER NOUS N’AVONS UTILISE QU’UN SEUL DE VOS FOUTUS SIEGES MERDIQUES ! ! ! ! ! RePlaf, seconde gifle, le blond se jette sur le policier, arrêtez de la frapper, il est mineur. Le second flic se lève plafplafplaf ça vole dans tous les sens. Le brun est par terre inanimé le blond à côté, il détaille la gueule ensanglantée de son ami. ALLEZ TOUS VOUS FAIRE FOUTRE ! ! ! ! ! ! Un coup de feu sale petit con le blond est blessé, il saigne comme un porc, le brun est couvert de sang, le sang des deux. Le blond va mourir. Le brun est toujours dans les vapes.
Le tgv arrive en gare de Biarritz, les passagers descendent, ils soupirent, ils se sentaient vaguement enfermés dans le train sans vraiment s’en rendre compte. Personne n’attend les deux gamins, les passagers les ont oublié et personne n’est venu les chercher.
/Enculééééé !/ Ils sont à trois ils donnent des coups dans le corps du brun Pourquoi ? Les deux sont muets, l’un mort, l’autre dans le coma, aucune riposte alors, aucune provocation, juste deux corps d’enfants ballottés par des chaussures de cuir noir. C’est bientôt la pause déjeuner. Les flics sortent du bureau. Les murs sont tapissés de rouge, et la cervelle se mêle aux cheveux noirs.
MF dans une révolution synthétique
souviens-toi une femme se détruit
excuses moi sur des verres à moitié pleins
00h59 des cars déversent des touristes (des hommes) sur la place Pigalle: commerce du sexe, inclus dans le tour operator. Je ne sais plus bien à l’heure qu’il est s’il s’agit de commerce du sexe ou de commerce de l’amour. Ces hommes embrasseront entre deux verres d’alcool très cher, des lèvres qu’ils auront cherché toute leur nuit, il embrasseront, entre deux verres dont le prix rendra cher le fantasme, des poitrines qui s’offrent à eux. Ils en ont rêvé de cette femme qui s’offrirait et qu’ils chériraient tout à la fois. Beaucoup seraient prêts aujourd’hui à rester avec cette femme là, cette femme de peu qui leur coûte très cher. Ils lui cracheront dessus pleins de mépris, c’est leur vie qu’ils méprisent, à la chercher la femme idéale qui fera ci et cela mais qui ne leur donnera pas ce qu’ils croyaient peu leur importer pourvu qu’ils l’aient elle, l’amour. Cette sueur, ce foutre sale ils l’aiment, dans leur rêves aussi tout est devenu sale, s’est entâché à la lueur de la réalité, de la pauvre gratuité de leur vie.
Demain ces bus repartiront je dormirai et eux dans leurs rêves deviendront des pleureurs, des brutes qui ont leur vie derrière eux ou derrière leur crâne, qui joueront du violon sur des cadavres.
nous nous prîmes la main et nous marchâmes en arrière
nous aimions l’aventure et c’est ainsi que nous nous réservions des surprises
Pierre et jésus marchaient sur un chemin caillouteux comme d’habitude quand ils rencontrent le diable et une femme qui se chamaillent pour… je ne sais plus… pour rien sans doute. Pierre décide de rétablir la paix et ni une ni deux il tranche la tête du diable et de la femme. Jésus est un peu mécontent, il lui fait la morale, nononon ce n’est pas bien de tuer les gens. Pierre pour réparer, recolle les têtes, mais voilà… il se plante, et c’est depuis lors que c’est chose véritable: Tête de femme, tête de diable!
Trois deux un partez, et hop! Il court il court le furet; je l’attrape par la queue, je le montre à ces messieurs, et on s’assoit sur le haut d’un mur, le faîte d’un arbre. J’embrasse à pleine bouche l’amiral qui l’escalade, ça ne vous étonne pas du tout n’est-ce pas? Mais pour qui me prenez-vous?
On reprend la course, le furet va assez vite, moi un peu plus encore, sauf quand il y a des tunnels. La tortue est loin derrière, elle ne gagne jamais ça c’est des conneries. Mais pour les gros arbres écrasés au milieu de la route, je bondis au-dessus, et mes jambes s’écartent, se mettent à l’horizontale, mes muscles saillent et je gagne!
Oh! Je m’écrase sur la ligne d’arrivée, ma joue rape, j’ai la gueule déchirée. En fait personne ne voulait gagner on m’a fait croire à une fausse course. Je pleure dans la boue.
Mais hop! Le furet rejaillit, il m’embrasse, il m’emmène, je le crois.
Et hop! J’ai la figure pleine de boue.
Mais hop! Le furet rejaillit, il m’embrasse et nous partons.
Et hop! J’ai la figure pleine de boue.
Mais hop! Le furet rejaillit, il m’embrasse et nous partons.
Et hop! J’ai la figure pleine de boue.
Mais hop! Le furet rejaillit, il m’embrasse et nous partons.
Et hop! J’ai la figure pleine de boue.
Mais hop! Le furet rejaillit, il m’embrasse et nous partons.
Et hop! J’ai la figure pleine de boue.
Mais hop! Le furet rejaillit, il m’embrasse et nous partons lalalalilala vers une clairière illuminée. Oh lala… les poncifs de l’amour, toujours!
Si tu peux être dur sans jamais être en rage,
Si tu peux être brave et jamais imprudent,
Si tu sais être bon, si tu sais être sage
Sans être moral ni pédant;
Au XVIII° siècle, les humanistes firent un tas d’expériences pour essayer de comprendre quelle était la nature de l’homme et tenter de résoudre des problèmes philosophiques. Une de ces expériences réunit des nourrissons sur une île, où ils ne seraient pas éduqués ni choyés, mais seulement nourris et langés par des mains anonymes et non caressantes. Le but était bien évidemment de pouvoir à terme constater si l’homme était bon ou mauvais. Mais l’expérience fut abandonnée : les nourrissons moururent tous, bien qu’ils aient été bien nourris. Force fut à nos ‘scientifiques’ de constater que ces enfants étaient morts du manque d’affection.
quand?
Les ombres sur un ventre nu, tordu, rejeté en arrière, oublié puisque ses jambes ont été arrachées. Aurait-il crié si le cou n’avait été brisé d’un seul coup ?
Personne n’a rien entendu. Seules les ombres perdues sur ce ventre témoignent de ce qu’on ne saura décrire.
pourquoi ?
il aura été un gentil garçon, un fils de la terre. Il aura été celui-là –qui a travaillé–qui n’a pas travaillé– j’aurais pu l’aimer !
quand ?
de quoi se souvient-on finalement ? ni sa discrétion ni son cri emporté en même temps que sa tête. pourquoi lui a-t-on fait tant de mal ?
son sang en méritait-il un autre ? devrais-je mourir pour lui.
pourquoi ?
il avait attendu une fille, peut-être moi, allongé nu sur un matelas sale sur le sol dans un coin de pièce en carrelage. Y avait-il cette triste musique d’A. Pärt ou un silence encore plus triste ? la fille, peut-être moi, est venue. Je suis venue et je lui ai embrassé les genoux.
quand ?
ah… je ferme les yeux. maintenant je vois… je vois ce noir, et cette impossibilité de décoder les mouvements. la violence suspendue.
ils m’ont oubliée –regardez : j’ai encore du sang sur le poitrail.
pourquoi ?
je suis restée regarder ensuite. parce qu’ils sont partis. au milieu du désert le sang réunit les membres détachés. le vent emporte le sable. le sable ivre de sang est trop lourd. mais il l’emporte aussi. le reste reste là. il n’y a plus de sable. le désert n’est plus que la désolation de ces restes oubliés. Ai-je aimé ce corps ?
my name is lolita, i’m not supposed to play with boys, mon coeur est à papa!
my heart belongs to daddy… attention attention au coeur déjà pris, il est à voler…
ahah!
On a fait des tas de guirlandes. Puis on a fait la fête avec des feux d’artifice. Et ce courant d’air est revenu. Il est passé sur mes épaules dénudées, puis il s’est glissé dans mon dos, entre l’étoffe de ma robe et ma peau. Le frisson a parcouru tout mon corps et s’est attardé au centre de mon plaisir. Je ne me suis pas retournée. Il me disait: maîtriser ses pulsions engendre souvent la jouissance. Alors je ne me suis pas retournée. J’ai bien fait.
le soleil brûlait presque sa peau. elle rentrait à l’ombre, dehorsl’odeur du pastis, les cris des enfants dans des piscines.
en voiture, elle ouvrait la fenêtre, l’air était tiède, le vent dans les abres, c’était joli. le soleil en face qui ferme les yeux. les oiseaux silencieux. des bouffées de parfums de fleurs. frotter ses mollets l’un contre l’autre, soulever la jupe pour avoir un peu d’air.
lire le soir, quand ça se rafraîchit. marcher pieds nus.
au même moment penser à ceux que le même soleil éclaire, tous ceux autour qu’on oublie au soleil. aujourd’hui c’est impossible d’oublier, et j’espere bien que je n’oublierai plus jamais.
rituel extatik extraordinaire, bustier postume et con délicieux. mes doigts sur ta sueur. mes mains sous tes draps. langueur et langue dans ton oeil . douceur des cils. fraicheur du cuir. brulure de ta mouillure. se lever, enfin. pour etre celle qui monte sur ta croupe.
les paysages défilent derrière les doubles vitrages, cimetières, cimetières pas terminés à espace prévu pour les suivants, villages, lotissements, campagnes, autoroutes, à l’intérieur tous les bruits sont étouffés, on n’entend pas passer les gens dans le couloir, ni le voisin tousser, ou si peu… la tête tombe, sursaut réveil d’une micro seconde de sommeil. le regard retourne à la fenêtre, il voit son visage dans le reflet, si précis, contours un peu troubles, mais chaque imperfection de la peau dessinée, et le visage de celui de devant endormi. derrière les yeux sans profondeur des taches vertes, marrons qui se mêlent dans la vitesse; zoom, le regard se rectifie, un champ. douceur du passage, bonheur du départ.
J’ai senti son odeur dans un courant d’air. Han, je me retourne le cheveu brillant l’oeil vif, personne en cuissardes de cuir derrière moi, pas d’homme sale au regard brute. Je sors dans mon parc, je veux en avoir le coeur net; pas de chemin de cadavre pour me mener à une couche de feuilles, pas de têtes de barbares pendues aux arbres, pas de chevaux qui s’éloignent invisibles au galop.
J’ai arrêté de le chercher et mes dames de compagnie me rejoignent dans mon parc on ne peut plus normal avec des paniers remplis de fruits. Nous allons faire des tartes, des confitures, et des guirlandes pour la fête de mon père ce soir.
Mon coeur saigne. Chaque jour. A chaque pulsation. Le sang est envoyé dans les artères et il fait le tour de mon corps. Le sang empoisonné fait le tour de mon corps.
Imagine-toi mon corps nourri par la pourriture. Ma main est faible. Mon regard perverti par le mauvais sang qui y est injecté.
Ce sang-là ne se transforme pas en vin. Tu ne le boiras pas. Tu ne mangeras pas mon corps.
Chchchut… Ecoute… mon pouls, c’est ma mort qui avance.
on vous appelle à manger. prudence, ne montrez pas que vous ne voudriez pas y aller, et que suivre l’heure vous fatigue. le soleil se couchera bientôt, il y aura l’heure de dormir, mais aussi l’heure la plus facile pour ne pas faire sans se faire avoir. vous pourrez lire sans être vu, gémir sans être entendu, vous pourrez boire sans qu’on le sache. et même peut être, sortir?
demain on vous réveillera, il sera l’heure de travailller; soyez courageux, c’est là-bas le plus difficile. il faudra que personne ne devine que votre intérêt n’est pas le même que celui qui vous emploie, que vous avez de meilleures aspirations, que peut être vous pourriez être un autre. ne les laissez pas vous regarder et ne leur parlez de ce que vous faites après le travail. respirez, attendez, écoutez ce qui se trame. là-bas dans un autre pays, un corps a explosé sur un parking. patience, le vôtre cicatrise.
Passer ma langue entre tes oreilles et lécher ta cervelle, oui ça me plairait;
vomir de façon démodée toutes tes tripes avalées ce serait mon plaisir;
griffer tes chairs grasses, jambes, ventre, cou, ferait mon plaisir.
Comme je t’aime, j’aime aussi ton sang et tes cris. Les parties les plus abjectes de toi me font frémir de plaisir.
Le monstre amoureux te poursuit. Ecoute ses pas étouffés par la chair de ses victimes.
Mais ma préférée c’est toi, je nettoierai mon corps dans un fleuve de sang je convoquerai le ciel des damnés et alors je serai pur pour t’emmener loin des autres loin de moi. Je ne te dévorerai pas tout de suite. Le ferai-je d’ailleurs? Je tuerai ton sang à force de te sucer. J’inverserai tes tensions à force de te voyager. Tes cheveux deviendront ma crinière et je serai la plus flamboyante des bêtes.
Mon amour est ma lumière.
(ce qui me plaît dans ma vie, c’est d’être amoureux des victimes)
Si tu peux voir détruit l’ouvrage de ta vie
Et sans dire un seul mot te mettre à rebâtir,
Ou perdre en un seul coup le gain de cent parties
Sans un geste et sans un soupir;
elle entre dans le comissariat. je voudrais déposer une plainte, je me suis fait violer; j’ai les résultats de l’examen médical.
on l’assoit à un bureau en face d’elle un flic prend la déposition, prend note des résultats, et lui fait signer un papier.
de son oeil brillant il la regarde, elle est jolie, elle a l’âge de sa fille. un de ses collègues passe et ils en discutent, j’aimerais bien attraper le salaud qui a pu faire une chose pareille… ouais, on lui couperait les couilles! putain, tu te rends compte elle a l’âge de ma fille.
au bureau d’à côté une fille se fait interroger pour un vol. elle est jolie aussi, elle porte un jean serré.
on lui fait passer la nuit en garde à vue.
elle ne peut pas dormir toute la nuit, d’abord il fait froid, et quand elle demande une couverture, le flic veut la réchauffer lui-même.
la fille au jean moulant se fait violer dans sa cellule au comissariat.
personne ne voudra couper les couilles de ce violeur-là!
Cacher sa liberté c’est lui porter atteinte par définition,
pour la simple raison que ça la limite.
L’objet observé (la liberté) devient alors dégénéré, saturé;
il manque de souffle, de mouvement, d’apport de nouveauté.
Patrice Bonnefoy
encore une chanson d’amour
elle: rose
lui: bleu
eux: violet
je te voyais tourner au coin de la rue dans la lumière de la pluie
pour te retrouver je tournais le dos à mes yeux mouillés
comment survivre à ton rire qui dans un concert d’argent me transportait
tu rêvais d’être l’orfèvre de mes formes, de mes cheveux
tu es mienne aujourd’hui pour toujours je dis je t’aime
cet instant fort comme l’éternité et si bref de l’amour à l’unisson
tu nourris mes espérances, tu me donnes l’envie de l’hiver
tu donnes une raison à mon existence, j’ai maintenant une icône vers laquelle lever les yeux
belle beau enfermons-nous lalalala dans notre amour!
laaaaa laaaaa laaaaa je cherche un prince ou une princesse
la voici le voilà
tiens c’est drôle c’est exactement ainsi que je le rêvais depuis que je l’ai rencontré
tiens c’est drôle c’est exactement ainsi que je la rêvais avant de la rencontrer
tu me cherchais, me voici conforme à tes désirs
tu me cherchais voici tes rêves conformes à moi
paroles: orad — musique: orad — couleurs: gwendoline klingon
Si tu peux rester digne en étant populaire,
Si tu peux rester peuple en conseillant les rois
Et si tu peux aimer tous tes amis en frère
Sans qu’aucun d’eux soit tout pour toi;
aujourd’hui nous ne sommes que mardi et c’est déjà vendredi pour moi
ce matin, j’ai croisé un enterrement et suis tombée sur la pire caissière à la poste
aujourd’hui nous ne sommes que mardi et c’est déjà vendredi (13) pour moi
ce matin je me suis habillée, involontairement, en gothique attardée
on aurait pu venir me soutenir à l’enterrement me tendre un mouchoir et me demander si j’allais
hier ils étaient trop loin maintenant ils sont trop près.
mon corps gonfle des larmes retenues
délicieuse malice, regarde-moi dans les yeux, reste couchée sous moi, ne pointe pas sur mon ventre, ne mouille pas les draps, ton inexistence m’excite, chuut, reste clame, sois tranquille, regarde moi dans les yeux, ne vois-tu pas qu’ils se pâment de tomber sur toi, ne vois-tu pas qu’ils voudraient s’enfoncer dans ta gorge, attends, attends, ne bouge pas, reste là, sens-moi, respire-moi, toi tu sens bon, un peu la panique, j’aime ta sueur, aïe maintenant touche mon ventre, sans t’agiter juste comme ça ne bouge que la main
etc
Llegabas por el sendero,
Tu arrivais par le sentier,
delantal y trenzas sueltas,
tablier et tresses lâchées,
brillaban tus ojos negros,
tes yeux noirs brillaient,
claridad de luna llena
clarté de pleine lune
Mis labios te hicieron daño
Mes lèvres t’ont blessée
al besar tu boca fresca.
En baisant ta bouche fraîche
Castigo me dió tu mano,
Ta main m’a puni
pero más golpeó tu ausencia
mais plus cinglante est ton absence
Aaaaaaaah…
Volví por caminos blancos,
Je suis revenu par des chemins blancs
volví sin poder llegar.
Je suis revenu sans pouvoir arriver
Triste con mi grito largo,
Triste avec mon long cri
canté sin saber cantar.
J’ai chanté sans savoir chanter
Cerraste los ojos negros,
Tu as fermé les yeux noirs,
se volvió tu cara blanca
ta figure est devenue blanche
y llevamos tu silencio
et nous emportons ton silence
al sonar de las campanas.
Au son des cloches.
La luna cayó en el agua,
La lune est tombée dans l’eau
el dolor golpeó mi pecho.
La douleur a frappé ma poitrine.
Con cuerdas de cien guitarras
Avec les cordes de cent guitares
me trencé remordimiento.
Je tresse mon remords
Aaaaaaaah…
Volví por caminos viejos,
Je suis revenu par de vieux chemins
volví sin poder llegar.
Je suis revenu sans pouvoir arriver.
Grité con tu nombre muerto
J’ai crié avec ton nom mort
recé sin saber rezar.
J’ai prié sans savoir prier.
Tristeza de haber querido
Tristesse d’avoir aimé
tu rubor en un sendero.
Ton rougissement dans un sentier
Tristeza de los caminos
Tristesse des chemins
que después ya no te vieron.
Qui ensuite ne t’ont plus vue.
Silencio en el camposanto,
Silence dans le cimetière,
soledad de las estrellas,
solitude des étoiles,
recuerdos que duelen tanto,
souvenir si douloureux,
delantal y trenzas negras.
Tablier et tresses noires.
Volví por caminos muertos
Je suis revenu par des chemins morts
Volví sin poder llegar
Je suis revenu sans pouvoir revenir
Grité con tu nombre bueno
J’ai crié avec ton beau nom
Llore sin saber llorar
J’ai pleuré sans savoir pleurer
(Milonga triste)
« je n’ai jamais voulu être avec des gens comme moi
en fait si je l’ai voulu, j’ai essayé et ça n’a pas marché
c’est parce qu’on est pareil qu’on ne fait pas l’effort de s’écouter »
Il y a ce qui se voit et ce qui ne se voit pas.
Ce qui ne se voit pas s’exprime plus librement
Mais uniquement s’il y a ce qui se voit.
Blaise Pascal
maintenant je suis fatiguée. revenir à paris c’est difficile, et je me trompe toujours de mots. parce que ce n’était pas si dramatique… j’ai peur parce que je vois qu’on peut me deviner parfois. en fait ce sont juste des choses qui traînent et que je m’approprie. pourtant celles qui me concernaient sont passées loin derrière moi. c’est pour tout cela que j’oublie le souci de clarté.
alors tout va encore recommencer, les valses funèbres, c’est moi qu’on enterre toujours: je m’allonge dans le cercueil pour me reposer de la roue des heures, des allers et retours obligés, des rendez-vous, des formalités; tout ça pour que finalement je travaille seule chez moi, qu’on ne s’en inquiète pas, et qu’on me félicite à la fin, dans le meilleur des cas.
je n’ai de cesse de chercher la paix et d’aimer la tourmente. cela ressemble à un air déjà entendu, alors on le transforme, ah mais oui je comprends ça je l’ai déjà entendu, nonononon c’est autre chose aujourd’hui maintenant, c’est moi qui le dis à toi, machin, alors quoi, c’est différent. mais non en fait vous dites la même chose. bon, alors je laisse tombre, je ne chercherai plus de mots différents, je prendrai les mêmes que les autres tout fripés, et on croira me comprendre, et on me foutra la paix. j’étais si différente, vous m’avez refaite. maintenant, triste parfois, je pleure dans le secret d’une entente différente, je m’émeus du mot que personne ne soulignerait dans le livre, et comme ça, je suis heureuse.
toutes nos âmes errantes et solitaires, nous nous croisons en gémissant de l’incompréhension des autres. ce n’est qu’un ingrédient humain, peut-être en fait nous sommes tous identiques, comme peut-être en fait nous n’existons pas.
Je me réveille toujours avec le même mal de tête. Je cherche du regard l’heure qu’il peut être, et quand je la trouve, je ne veux pas y croire. Si tôt si tard, juste ces chiffres aléatoirement écrits sur mon réveil en lettres rouges qui percent le noir. Je ne sais pas si je dois y croire. Je connais mes autres heures, et je fais comme tout le monde, je fais en fonction, je conçois le temps qui me reste. Je ne suis jamais en retard. Les gens pensent que j’ai une horloge dans la tête, c’est faux pourtant, il y a peu de choses qui me sont aussi étrangères que ça. Le mal de tête met du temps à passer. D’abord je dois me lever, me laver, ne pas me lover, et manger. Boire mon café, et le mal de tête passe. Je sais ensuite tout le travail qui me reste à faire, je me résigne un peu, mais la vie m’inspire confiance.
Je ne suis rien, c’est tout ce que je sais. Je ne suis rien, comme beaucoup de gens, mais ils se serrent entre eux, et ils ont l’impression d’être (le voisin de celui d’à côté) ; ils répètent cette phrase en boucle en omettant toujours ce qui est entre parenthèses. J’ai fait du mal à beaucoup de gens en refusant de leur parler, ce qui signifie que leur amour propre a senti mon passage. En réalité ils ont oublié qui je suis, mais les jours qui ont suivi nos rencontres, ils en ont fait beaucoup plus avec les autres. Ensuite, j’ai été proche de beaucoup de monde, mais je suis trop sensible, et comme je ne suis rien et que je ne fais pas semblant de ne pas le savoir, ils ont traversé mon corps et mon âme avec. Ça me peine, mais maintenant, je me réveille solitaire et me rendort pareil, je ne suis rien. En fait, ça me plaît parce que ça me laisse le droit d’être témoin de tout.
Le cœur a battu si longtemps hier soir. Je vois quand même parfois, le soir, un autre rien que moi, et hier son cœur a battu longtemps sous ma main. C’était plus long, plus chaud, plus touchant.
Mais c’est Scarbo qui me mord au cou, et qui, pour cautériser ma blessure sanglante, y plonge son doigt de fer rougi à la fournaise! (Aloysius Bertrand)
Les objets, cela ne devrait pas toucher, puisque cela ne vit pas. On s’en sert, on les remet en place, on vit au milieu d’eux: ils sont utiles, rien de plus. Et moi, ils me touchent, c’est insupportable. J’ai peur d’entrer en contact avec eux tout comme s’ils étaient des bêtes vivantes.
L’autre jour, cela passait du galet dans mes mains. Oui, c’est cela, c’est bien cela: une sorte de nausée dans les mains.
Vous aussi, vous avez la nausée?
il y a la guerre
il y a ces bombes qui pleuvent partout autour de vous
il y a la famine
il y a le bruit des chemins de fer et les armes qui passent dessus
il y a le bruit
il y a les morts qui explosent sous vos yeux (vos yeux mangent leurs entrailles)
il y a les profiteurs
il y a vous qui errez dans des rues détruites et de derrière chaque mur on vous observe on vous détaille on vous vise
Alors les Rois, les Dieux, la Chance et la Victoire
Seront à tout jamais tes esclaves soumis
Et, ce qui vaut mieux que les Rois et la Gloire,
Tu seras un homme, mon fils.
Il va encore pleurer. Depuis hier. Il pleure tout le temps. Il l’a quittée. Elle aussi elle a tellement pleuré. Elle hoquetait, c’était difficile, d’entendre ça maintenant, « mais je t’aime, je t’aime, pourquoi ? » entrecoupé de pleurs. Il a eu envie de l’engueuler, et pourquoi elle me l’a jamais dit cette salope. Cette salope, voilà comment aujourd’hui il pouvait appeler la femme de sa vie. Comment ça tu m’aimais, il a crié, elle a eu peur, bien sûr, il la tenait contre le mur, par le col de son pull. Comment ça tu m’aimais, petite pute, il pleurait lui aussi, et tout ça était très difficile. Il lui a raconté alors assis par terre en fumant une cigarette et en caressant son visage tuméfié (il l’a frappée), il lui a raconté toutes les nuits où il pleurait parce que jamais elle ne lui a dit qu’elle l’aimait. Toutes les nuits où il a cru qu’elle ne l’aimait pas, qu’elle le trompait, où il se sentait seul. Bref, elle voit quoi. Et voilà, maintenant tout est fini, il ne la croit plus. Il a mal d’amour, après quatre ans de couple, il croit moins à l’amour que jamais.
Je t’avais rencontré sur une plage en décembre/ Le vent soufflait et tes cheveux dressés te faisaient une auréole/ Je t’ai trouvé beau, beau, beau, là maintenant j’aurais pu boire l’eau de la mer/ Tu m’as vue malgré tout, et tu m’as suivie jusqu’au bar du village nord pas de calaisien/ On a bu un chocolat chaud ensemble et j’ai décidé d’essayer d’être avec toi/ On s’est embrassé en sortant du bistrot et tu m’as murmuré dans l’oreille que tu m’aimais/ Je me suis enfuie bien sûr avec le vent/ J’ai eu peur, et j’ai vu se dessiner sous mes yeux des années de routine amoureuse, où jamais je ne devrais me battre pour des sentiments/ Acquis tu m’aimais, tu ne m’intéressais plus.
Le prochain que j’ai rencontré sur la plage/ c’était encore en décembre juste après noël, je l’ai fait mariner une année entière avant de lui dire que je l’aimais et pourtant c’était vrai avant/ Lui encore des fois, roule des yeux pour me faire croire que bientôt nous entrerons en désamour/ Chaque fois, il me gagne à nouveau ainsi. Mais pourquoi ? Je ne le sais, parfois, toi je te regrette, sûrement tu étais mon homme, tu étais au premier tour sur la plage, c’est toi que j’étais destinée à rencontrer/ Plusieurs fois on se recroise, tu le sais, tu me vois, tu me reconnais, et on sent, que c’était nous/ Tu m’as murmuré trop tôt ce que je rêvais d’entendre/ Je ne peux que m’en vouloir/
Il passe devant moi. Il s’arrête devant moi, quelques mois, il n’ose pas me toucher. Il passe son chemin, il croit qu’il, le croiriez-vous, a changé ma vie. Et pourtant si il savait comme c’est vrai.
Il passe devant moi, il est en face de moi, il n’y reste que quelques heures. Il me séduit, pour quelques heures. Et pourtant, si il savait comme les heures sont longues pour moi.
Il passe devant moi, il essaye de m’arrêter face à lui. Quand j’ai l’air de ralentir le pas, il fanfarrone, il m’aura, il m’invite. Il est intelligent. Et pourtant si il savait comme je pense à d’autres.
Il est passé devant moi, il m’a enfermée longtemps face à lui. Il est passé. Et pourtant il savait comme j’aimais qu’il m’enferme.
je mange assise sur le coin de mon lit
il fait noir dans la chambre
je mange mais des grains de riz s’échappent de ma bouche; aveugle je loupe ma bouche et la cuillère s’effondre sous mes yeux
il fait noir dans la chambre, il y a des rais de lumière qui entrent par les persiennes, i don’t want u
je mange et je sens ma joue qui dégouline, je sens mon oeil se déshabiller, que va-t-il voir de plus? j’ai peur qu’il tombe
il fait noir dans la chambre mais la lumière de la télé se projette sur le lit. On voit des images noires, l’atmosphère est bleutée, mon visage tombe comme un masque mou, je suis vêtue d’un jupon de dentelle blanche, il ya du sang [rouge] entre mes jambes, i don’t want u, u, u, je ne vois rien, aveugle je suis seule assise au coin du lit du riz [blanc] et du sang mélangés sur mes jambes, il y a cette lumière bleue autour de moi comme une aura et les rais de lumière qui hachent la pénombre [noir] i don’t care i wish u die mon visage est tombé sur mes jambes. Il me regarde, je me regarde, je ne vois plus sur mon crâne humain [rouge et blanc] que des yeux, larges billes brillantes [blanc et noir] every second i think of you je ne suis plus assise sur le coin du lit, je ne suis plus du tout, je ne peux plus rien être
Surprenant d’être sur un pont au-dessus de l’eau. Le courant est si fort qu’on se croirait emporté; vers le trou (la gorge du diable)/. En rentrant à l’hôtel on s’aperçoit que plein de petits bouts de plantes se sont collés à nos chaussures. On pleure; d’émotion. Regarde-moi dans les yeux, c’est la dernière fois que je te vois.
Demain on recommencera la litanie; tu te souviens? On est sur le pont au-dessus de l’eau, c’est aussi nul que de regarder les étoiles allongés dans l’herbe. J’ai envie, de me tourner sur le côté pour t’enlacer. Mais c’est plus difficile qu’en images (toi, à enlacer, comment faire, comment passer mon bras sous ton dos, entre l’herbe et toi). Sur le côté, l’air se remplit de vibrations violentes, que je ne sens même plus. Je ne peux pas me touner.
regarde moi bien —je suis new yorkaise /// tes yeux océans /// mes ongles d’or
J’avance vers ce corps démantelé (ils l’ont ouvert systématiquement comme s’ils voulaient y trouver quelque chose). Le bord des plaies suinte, on voit plus que du rouge maintenant, il y a aussi du blanc (une espèce de gélatine qui indique que le corps est perdu) beaucoup de noir (des mouches assoiffées par le sang, requins terrestres, chauves-souris diurnes) et une couleur indéfinissable (sang séché qui racornit la peau). La peau… elle n’est plus tendre, plus imperméable, les bords des plaies (oh combien nombreuses) sont secs. J’avance vers ce corps démantelé, et je devine qu’il a été un homme. Frisent au bord des plaies des poils noirs épais comme j’en ai souvent léchés, la bouche est vermeille, le sourcil épais, et je vois son sexe. C’était un homme. Qu’est-il aujourd’hui ? Je veux qu’il soit un homme de nouveau, que l’on voit qu’il en était un. J’avance vers ce corps démantelé, et me baisse entre deux plaies béantes. Elles sont belles… les couleurs se mêlent au gré des mouvements des petits vers blancs qui les contaminent ; tableau vivant, qui m’émeut dans le temps. Son sexe est intact et donc immobile. Je le prends et le lèche doucement comme pour le laver d’une mort qui ne l’a pas assez atteint. Il est raide, et c’est un peu difficile de le lever pour le prendre dans ma bouche. Mais je le peux, et le mort ne sent pas mes efforts. Son corps pourtant se réalise un peu, et dans le mort s’immisce un peu de vie, il en prend la représentation. Je lèche son dard tant et si bien qu’il gonfle un peu, et m’excite. Je peux m’asseoir sur lui, et je vois les plaies soubresauter sous mon corps qui s’agite. Des vers tombent de leur cène, et le cou se détache du corps. Mon doux amant éloigne ses lèvres de moi à jamais ! Je crie au plaisir, et me lève, je sais que je ne dois pas rester avec lui. La région de son aine est singulièrement gonflée par le liquide de mon amour. Je peux partir maintenant, il est un homme de nouveau ; un nouvel homme mort.
« Frédéric, en écoutant ces choses, regardait Mme Arnoux. Elles tombaient dans son esprit comme des métaux dans une fournaise, s’ajoutaient à sa passion et faisaient de l’amour. » Flaubert
j’aimerais que les coeurs ne soient plus désertés
que le soeurs ne soient plus esseulées
j’aime ton coeur et j’aimerais le remplir de beaucoup de mon sang
je ne te sauverai pas comme ça, je veux que ton coeur reste le tien
j’aimerais que les choeurs ne soient plus vidés
regardez au ciel, la nature est haute. imaginez-la nous regarder
j’aime ton coeur et j’aimerais le tenir au chaud dans mes mains
je ne le prendrai pas parce que j’aime ton corps dansant
j’aimerais que les trains continuent à rouler lentement et que vaches nous regardent passer
je sentirais le temps de mon voyage et de mon éloignement, à moins que ce ne soit le vôtre?
j’aime ton coeur et j’aimerais l’emporter dans des contrées formidables
je ne le ferai pas parce qu’il a besoin de toi et que j’ai besoin de toi
deux plaies vivantes se rencontrent…j’ai tué mon père…j’ai vécu l’exil…ils s’endormiront de toutes façons;l’insomnie est une maladie partielle;elle réveille le passé et installe l’oubli du présent.
j’ai saigné de l’oreille;du lac qui en est sorti ont surgi ma mort et la mort de ceux que j’aimaient;mon goût d’eux s’est préservé de la mort;on donne du prix aux gens en les tuant.
il tient un mouchoir ensanglanté dans sa bouche et son crâne est un peu fêlé;il parle avec un fée aux jambes de glace;tout en haut de la colline le conseil va se réunir; là où se joignent les flots montants de nos sangs.
dans le ciel se dessine la cartographie de la mort en sang violet d’être saturé;nous joignons dieu sur son trône de génocide, il peut nous apaiser;la colère de l’homme est la plus dangeureuse;mais dieu existe ailleurs le dies irae n’est qu’un cri de raliement pour humains trop humains pour croire en humains.
le ciel se teinte en rose, le sang se dilue, nous nous regardons avec amour;la femme se fiche en terre;l’homme prie au sol; chacun soigne ses plaies; je n’ai entendu aucun mot, le sang coule toujours.
je suis enlevée par le sexe et je coule en jouissance pour être en chacun de vous.
d’abord, organiser la chair
l’étaler bien rouge (la prendre en photo avec un carreau de sucre comme mesure de référence)
sortir la poele et un peu de beurre, ça chauffe, ça fond, ça glisse sur la surface chauffante
l’étaler bien rouge et laisser le tout s’épouser
ça fait un murmure chaud et ça sent le beurre chaud, la graisse fondue, la viande cuite
la couper en deux avec un couteau de boucher
la faire glisser dans l’assiette (et attention, saucer la poele avec un bout de pain de campagne)
***bonheur***
saucer l’assiette, soupirer d’aise, boire un peu de vin rouge
et laisser croquer et juter la salade sous les dents
en dessert, on ne veut rien, de toutes façons là on ne veut rien, personne d’autre, aucun autre élément, on est juste plein du meilleur, et on va attendre (c’est ça aussi) de se vider avant de recommencer à poursuivre l’happiness…
il a voulu qu’il pleuve et il a plu, wouaouh……
je ne trouve aucune trace sur mon compte des virements dont j’ai reçu la fiche ???
j’ai mal parce que depuis ce matin, j’ai trois nerfs en moins, au niveau de la dent nommée 6 par mon bienveillant dentiste. j’espere que les nerfs qu’il m’a enlevés étaient malades… me dire que peut être il a enlevé de moi, de ma joue, la maladie, wouaouh…..
chez moi, ily a beaucoup de musique, beaucoup de littérature, j’ai fini le quart de mon mémoire, moins les annexes et la conclusion. il y a une vague douleur qui rappelle l’humanité perdue de la dent. il y a de la lumière quand les nuages avancent, et moi, perdue perdue perdue.
(j’attends peut être un sauveur qui n’existe absolument pas dans le réel???)
chez moi il y a aussi des dragons qui me regardent.
j’ouvre les yeux encore en dormant. j’ai un peu froid et mon corps est humide. Il y a une lumière que je n’avais jamais vue ici. je m’asseois dans le lit, je caresse mes cils, je regarde un peu autour de moi un doigt sur mes lèvres, je redécouvre comme chaque matin mon goût: je me réveille. La lumière est froide et bleue. Il pleut. Après tout ce mois de chaleur étouffante c’est à peine croyable. Je sors sur la terrasse, je suis déjà toute mouillée. Je pleure sous la pluie, j’ai peur. Mes longs cheveux noirs dessinent des courbes violentes sur la chemise blanche qui colle à mon corps. Tout a disparu: plus de terrasse, plus de jardin, et j’en suis sûre plus de maison. Je n’ose pas me retourner. Je tremble. Des lumières blanches fugitives passent devant mes yeux, parmi les éclats d’eau. Tout ça est si beau, mais si effrayant! Je ne discerne pas ce que je vois, alors j’invente le plus terrible et le plus séduisant; des fantômes transparents qui passent comme des flèches dans un rêve ténébreux. Ma peur me plaît parce que j’ai l’impression qu’on me voit, que je séduis ceux qui me voient. Je n’arrête plus de pleurer malgré tout mes efforts de faire de ma réalité un décor. Un bruit, inventé, entendu? Je me retourne violemment. Il n’ya rien! rien! La pluie est si dense que je ne peux rien voir, et que j’imagine ce qu’il y avait là détruit par les gouttes. Je ne peux plus que tomber à genoux, gémir et gratter le sol. Tout cela était si immaculé, si pur, si glacial. Je sens maintenant la terre chaude sous mes ongles, il y en a aussi sur ma chemise blanche, et qui dégoutte de mes cheveux. Mes sourcils sont de la terre mouillée, je sens mon coeur dégouliner à l’intérieur de mon estomac, mes intestins se liquéfier et je les pisse. La pluie continue, inbattable.
j’ouvre les yeux encore en dormant. j’ai un peu froid et mon corps est humide. je m’asseois dans le lit, je caresse mes cils, je regarde un peu autour de moi un doigt sur mes lèvres, je redécouvre comme chaque matin mon goût: je me réveille. Ma chemise est trempée, elle me colle, je vois comme des taches brutales le triangle noir de mon sexe et les bouts de mes seins qui lui répondent.
les yeux exorbités? oui, les yeux exorbités. il s’avance. est-ce qu’il fait noir? un petit peu. il chreche un petit peu mais il voit assez. il a les yeux exorbités parce qu’il a hâte d’avoir vraiment peur. il avance, ses mains se transforment en serres de rapace. il est à moitié baissé, il a remonté le temps jusqu’à la préhistoire. et son jean le serre. il avance toujours, le cou tendu, tendu et tendu vers l’avant, ses dents sont serrées et découvertes, ses mains attrapent déjà quelque chose. Le couloir est un peu long et à moitié dans la pénombre, il a le temps de devenir l’assassin. il voit, il voit le couteau par terre, à manche de bois, un petit couteau pas très bien aiguisé. son corps contracté peut-il se pencher? il se plie, ses os craquent, ses muscles hurlent, il attrape le couteau, il est presque couché au milieu du couloir pour l’attraper, il rampe un peu, mais ses serres de charognard n’accrochent rien, il n’arrive plus à avancer, et son corps raidi ne peut plus se relever. son dos continue à se voûter, ses muscles durcissent.
c’est son ennemi qui attrape le couteau. il le tient fort et poignarde le dos, par terre. la lame se casse. cette viande est trop dure, impossible d’attaquer la bête. il bave maintenant et ses yeux exorbités tournent; il grogne. mais son corps est durci.
son ennemi s’esquive. il l’abandonne, vivant. vivant? ses yeux sont vivants, son coeur qui bat douloureusement, ses crampes, sa bave, ses ongles qui crissent, son sexe tendu aussi, ses nerfs qui l’emprisonnent. il ne se relèvera sans doute jamais, et il a vraiment peur maintenant. de mourir tard.
elle est rentrée dans le bar sombre tandis que dehors il fait moite, il fait pluie, il fait nuit.
on le lui présente, il se lève, en marcel, pour la saluer. elle a envie d’une cigarette
[elle le trouve: beau, sensuel, viril, elle ne voit que lui]
ils se font la bise debout en se penchant par dessus la table
[il pense qu’il la prendrait bien là sur cette table, sûrement, oui peut-être en fait ce n’est pas sûr]
ils se rasseoient en se regardant, ils se souviennent à peine des gens autour d’eux, de vagues échos
[si elle osait: un pied détaché de sa sandale, et hop pied serpent entre ses cuisses] [si il pouvait allez viens poupée je vais aux toilettes, tu me suis?]
ils se revoient cinq ans après après des trains ratés et des soirées sous les magnolias, ou jamais jamais ils n’ont été seuls.
ils se revoient cinq ans après, ils vont dans la chambe au fond elle a envie de pisser il est sous coke
il la prend sans ménagement, ça faisait cinq ans, alors les bonnes manières… [il pense: putain, mais pourquoi elle est pas plus chaude cette chienne?] [elle pense: après tant de temps, il pourrait pas attendre des minutes en plus?]
il l’a prise, elle se rendort, du sperme sur les bras, sur un coin de matelas, position pathétique elle n’est pas allée pisser
elle sort les ongles elle les rentre dans son anus, elle suit la colonne, la peau s’ouvre comme le ventre d’un poisson.
pour n’avoir pas su mentir…
PARA UN TANGO FUTURO
corriendo por el frio y la lluvia
courant dans le froid et la pluie
dibujando mi destino sobre labios que imagino
dessinant mon destin sur des lèvres que j’imagine
buscando por algun dia como me llamo
cherchant dans les jours mon nom
corriendo por la calle y por la noche
courant dans la rue et dans la nuit
llamando mi amor pesado como lagrimas
appelant mon amour épais comme des larmes
ya no te encuentro en mi porvenir
je ne te trouve plus dans mon avenir
donde estas? donde estas?
où es-tu? où es-tu?
mi vida… un llanto largo e invisible
ma vie… une plainte longue et invisible
vos… un fantasma que en mi primer nacimiento soñé
toi… un fantôme que je rêvai lors de ma première naissance
mi muerte… tu mano, tu ojo, mi olvido y tu voz
ma mort… ta main, ton oeil, mon oubli et ta voix
llanto febril de un dia olvidado
plainte fébrile d’un jour oublié
corriendo por el frio y la lluvia
sourant dans le froid et la pluie
dibujando mi destino sobre labios que imagino
dessinant mon destin sur des lèvres que j’imagine
buscando por algun dia como me llamo
cherchant dans les jours mon nom
vos… un fantasma que en mi primer nacimiento soñé
toi… un fantôme que je rêvai lors de ma première naissance
c h a q u e n u i t j e m ‘ a t t e n d s – j ‘ a i m e r a i s – t e t r o u v e r d e v a n t m a p o r t e à m ‘ a t t e n d r e
aventures préliminaires:
un nouveau pantalon – une énorme tache de vin rouge – sel,sel,sel – eau – savon
une jupe rouge – tache de vin rouge – sel – eau – savon – resel
ce matin au pressing:
ne JAMAIS mettre de sel sur une tache de vin,
seulement de l’eau, et le plus vite possible du vin blanc
explication:
le sel sur le vin rouge, c’est seulement pour les nappes blanches.
Le sel est un fixateur de couleurs, utilisé par les mêmes pressings d’ailleurs pour leurs teintures.
il court dans la ville, il fait nuit personne ne le regarde This is city ses foulées sont contrôlées, il court en rythme jamais un pas ne se décale aucun obstacle ne fait briser la cadence il ne s’essouffle pas on dirait en fait qu’il ne respire pas Jajeemba il tourne au coin de l’artère principale de la ville derrière sa nuque sa capuche se soulève en même temps que ses jambes Jajeemba dans la nuit des souffles le suivent aussi rapides que lui aussi prestes que lui plus vifs que lui il court il ne fait que courir il ne peut que courir toute la scène s’est incrustée dans les rythmes et la musique de la peur résonne pas souffles frottements de coton automatic terror on entend des enfants pleurer Jajeemba on entend des enfants pleurer psychodream il court jamais ne s’essouffle ne t’essouffle pas your baby cries foulées élancées l’esthétique de la peur au loin des tambours ni du bronx ni du ciel en colère les cartons des voitures sur les boulevards ce soir beaucoup de choses brûlent democracy dies
Survivre dans votre tempête, gonfler mon ventre, je ne pourrai pas me noyer, mais je suis lourde; si fatiguée… monsieur où êtes-vous? enrouée, une sirène meurt. je ne sais plus quoi chanter. tu es parti. je meurs seule, ensablée. les vagues qui me parviennent sont nauséabondes; elle sentent le poisson mort.
Elle pleure. Sur son épaule, il est là pour se pencher. Oh oui, il vient quand elle l’appelle. Elle a caché le surin dans le revers de sa veste. Crime passionnel? Elle a peur, elle tremble, parce qu’aujourd’hui sentez vous la mort qui rôde partout? SI elle se laissait être super sensible, ce quelle est, elle irait vivre à l’écart, mais elle ne peut vivre seule. Accompagnez-la. Elle l’a tué, et maintenant, elle pleure, sans personne sur son épaule.
ce soir la nuit est triste et il regarde par les fenêtres des voisins en pensant à lui.
il y a encore son odeur dans les draps mais il ne viendra plus. il n’attend rien, il n’a pas envie de pleurer,
mais il sait que c’est à cause de lui qui est parti. il ne le reconnaît même plus dans le miroir.
elle descend l’escalier, elle voit sa nuque devant elle, elle le suit. l’escalier est au fond d’une cour, très bas entre plusieurs immeubles, elle descend cet escalier, elle peut voir dans les appartements qui y donnent, un vieux ferme son rideau rouge, elle descend l’escalier, les immeubles lui donnent le vertige, elle tombe, elle voit encore la nuque devant elle, qui lui donne à la fois l’impression d’être plus bas qu’elle et la dépasser de toute hauteur. elle descend l’escalier, elle voit sa nuque devant elle, elle le suit. l’escalier est au fond d’une cour, très bas entre plusieurs immeubles, elle descend cet escalier, elle peut voir dans les appartements qui y donnent, cellules vivantes, vécues, photographie d’états décharnés, dévécus. elle cherche elle aussi ce présent sans passé, elle aimerait que lui aussi ne pense plus au passé quand il la regarde au présent. elle lui dit je cherche un présent sans passé. il ne comprend pas, il continue les schémas commencés il y a longtemps, il est comme ça, il sera comme ça, et tout en est dépendant. elle descend l’escalier, elle voit sa nuque devant elle, elle le suit. l’escalier est au fond d’une cour, très bas entre plusieurs immeubles, elle descend cet escalier, elle peut voir dans les appartments qui y donnent, mais elle n’a pas le temps, elle regarde la nuque devant elle, devient nuque, fait la nuque, ils prennent le couloir, et sortent dans la rue. souffle, délivrance. emportés par la foule.
suspiro sangriente
demain je parlerai encore une autre langue,
et j’hablerai des mots inadaptés
parfait chemin d’hérésie, ma religion la plus touchante
je préfére les orgies qui ont lieu loin des couvents
matez-les et hérissez mon cerveau de:
ris de veau
cervelet
pieds de porcs
rognons.
j’aime la viande
ce qui veut dire: ………………………………………..
tout cela c’est ce que vous ne pourrez jamais lire
j’aime les silences [rien oh rien du tout]
et les suspiros sangrientes
je sors du cinéma et c’est fini. alors je rentre, toute seule, alors que j’étais rentrée, pas toute seule.
je rentre, clap clap clap, un enfoiré me vend des cigarettes, dieu qu’il est désagréable, je rentre clapc lapc lap.
je rentre presque dans des gens heureux qui sortent d’un restaurant, j’en connais une, un autre me connaît (‘c’est toi qui parle espagnol? on s’est vu aux étages dans le marais’. rien à faire on ne s’est pas vu, il m’a vue).
je rentre clap clap pataclap clap clap clap, je ne rentre plus seule. parce que nous allons boire de la vodka, oui oui oui.
à la maison, zubrowka attend.
et il faut le dire, zubrowka me mélange les jambes, et me donne chaud.
je rentre maintenant, clap clap de nouveau seule, je monte des escaliers, je rentre dans mon appartement, je rentre dans mon lit, dans mon livre, dans mes rêves………
à la descente du bus ils avaient attendu au croisement une demi-heure. d’un côté le chemin de terre s’évanouissait, de l’autre la route d’asphalte conduisait à l’hôtel fluorescent puis à la ville. sans parler ils se regardaient de temps en temps. ils avaient envie tous les deux d’en prendre une. ils se regardaient de temps en temps sans parler. celui au jean déchiré prit la route d’asphalte; celui à la rose à la boutonnière prit la route de terre; le premier chanta du blues sur des terrains désaffectés; celui à la rose embrassa de nombreuses femmes sous des sycomores. il était géant et la peau sur ses pommettes comme tanée, déjà.
comme si peut être l’année prochaine dans un autre endroit j’étais toujours la même ; et les autres? eux non plus ils ne changent pas? quel est le pire cauchemar?
mais aujourd’hui où il ‘est pas question que j’aie changé ni personne non plus, parce que ce soir est ce soir, tout va bien. la répétition n’est pas encore là.
mais si la répétition était ce dont on ne se souvient pas;, verrions nous la répétition?.
mais ce soir, où le printemps est proche malgré la date, où d’autres pourront dormir demain et encore pendant 2 semaines, ce soir… ce soir il fait encore jour
Le petit mécanisme dans ma tête a du mal à se mettre en route.
En lisant certaines phrases, quand même, il tremble (on se doute que derrière elles se cache quelque chose, une résonnance de savoir et, pour moi, une queue de réflexion):
La violence du corps n’arrive jusqu’à la page écrite qu’à travers l’absence, par l’intermédiaire des documents que l’historien a pu voir sur la plage d’où s’est retirée la présence qui les y a laissés, et par un murmure qui fait entendre, mais de loin, l’immensité inconnue qui séduit et menace le savoir.
M. de Certeau
Si tu peux conserver ton courage et ta tête
Quand tous les autres les perdront;
Si tu peux rencontrer Triomphe après Défaite
Et recevoir ces deux menteurs d’un même front
il fait noir dans la salle en béton, les fenêtres sont bouchées par du noir aussi, un type tripote des vinyls c’est lui qui fait la musique, on croyait que ce serait une fille, je me dis c’est peut-être lui qui pose en fille. et derrière les gens qui danseront tout à l’heure il y a des projections, comme dans toute soirée qui se respecte donc des projections, de films indiens. beaucoup de gros plans, les levres de la fille et les yeux brillants du mec. la projection se fait dans le coin de la pièce, et les images se coupent en trois. on a en face une image ressemblante à la vraie et sur le mur de droite et sur le plafond des dégénerescences de bouche d’oeil de cheveux. on a le vrai en face et des choses abstraites autour qui ne sont que du vrai mal projeté. retournez vous doucement, et regardez les gens qui danseront tout à l’heure. ils sont peut-être indiens.
je regarde derrière moi. puis devant moi. encore derrière moi. de nouveau devant. je me rends compte que je me tourne dessus, je tourne en rond sur moi-même je pivote je surveille les alentours sans avancer sans reculer. je ne fais qu’un mouvement giratoire qui me conduit toujours à moi. les notes à venir seront-elles aussi rondes que ce mouvement?
je sors! je respire, je prends un élan et tue le mouvement. d’abord je pose un pied qui ne bougera plus. je réprime mon envie de voir de l’autre côté. c’est dur. mon corps tremble en tirant sur la jambe. mon corps explose. je sens ses lambeaux qui volent dans l’espace en tous sens. ils envahissent toute cette partie du monde sans s’arrêter d’évoluer. ils commencent à dessiner un mouvement. oh non! ils tournent! mon corps explosé se réunit se refait, mais là-haut au centre, au milieu du ciel. je me recompose objet volant et tournant, toupie céleste, qui voit, qui voit tout, qui voit toujours.
petit balade nocturne: je ne suis pas un pendu mais ma balade est pendulaire. Je rêve d’un pas à l’autre et sens mon équilibre basculer d’un pied sur l’autre. J’aime sentir mon coeur si fort qu’on le voit battre sur mon cou. Je respire l’air un peu frais, je sillonne le trottoir, je croise: un couple amoureux, des voyageurs, un groupe d’hommes hilares, les lumières de pigalle. Le soir est là, je suis toujours vivante, il y a quelque chose de doux dans cette nouvelle rencontre de moi et moi. J’attends un prochain chapitre. Je marche au rythme qui m’est imposé par le soir tranquille sans étoiles parisien.
« Quand j’étais jeune, tu vois, j’ai jamais eu besoin de personne. Et je faisais l’amour pour rien…
Maintenant que j’vis seul, j’repense aux vieux amis. Alors, des fois, j’décroche le téléphone. Mais ça sonne vide chez eux.
Je n’ai plus envie de tout faire tout seul. Je ne veux plus vivre seul.
C’est difficile maintenant, d’avoir confiance en moi. L’amour est loin, et ça m’aide pas. Ca me rappelle sans cesse que chuis seul et que j’vaux rien. »
Ben alors, Johnny, bois un coup, ça ira mieux!
Marcher en se tenant sous le bras, il y a beaucoup de vent et sans lui je m’envolerais. Les bribes de paysages se mêlent, il y a sur ma gauche les quais d’un fleuve embrumés, à ma droite des herbes sur une plage engouffrées par le vent. Il y a devant moi un bâtiment gris luisant sous la pluie. Il y a derrière moi un chemin de terre qui m’emmène dans des champs plats. Il me tient sous le bras je ne suis pas blessée et pourtant je vois défiler ma vie, l’aisselle de son manteau est chaude et j’y pose ma tête. Fermons les yeux et ce sera un autre, le prochain, le dernier. Les fuites ne me vexent pas.
and the wind turns the skin to lovers
blig blag blog, sérieux que signifies-tu? rond un tour autour du monde, et ffff un doux rêve où tu es. je ne veux plus que tu sois dans mes rêves. alors protprotprot je sors du danger dans une voiture inventée imaginée imagée. je sors du sommeil je sors de la journée je sors du réel. rrrrrrrr les voyez-vous encore? ils déjeunent entre eux, ils discutent ils se parlent se regardent. se trouvent-ils beaux? je les trouve pâles. brrmm un deuxième tour autour du monde, ils sont de plus en plus loin. où m’avancent mes anneaux, dans le temps, ailleurs? je ne connais rien alors je ne comprends rien. mais je sais que je perds toutes mes chances de les revoir un jour. ouf. maintentant je peux m’endormir tranquille loin de mes rêrves de toi et des contacts d’eux.
je m’endors dans un monde où je flotte, uniquement parce que je ne le connais pas. je soupire d’aise, entendez-vous mon confort? je suis très loin de vous et ça me fait du bien. je siffle doucement dans mon sommeil une chanson angeline que jamais on n’avait entendue, ni vous ni moi. de chez vous vous l’entendez, certains se prosternent, ils montent une église. ils créent un culte. ils vous haranguent, vous obligent à croire comme eux. mais ce n’est que le sifflement perfide d’une méchante fille qui a craché sur la société des hommes! croyez-vous toujours au règne du juste? Dans mes rêves à l’autre bout des ténébres je sais que le juste ne peut pas régner. Quand je reviendrai, si je reviens, je vous trouverai prosternés à mes pieds, vous reconnaîtrez mon chant et mes larmes de cristal, j’arracherai vos gorges et vous comprendrez. mais vous resterez à mes pieds. il ne faut plus croire au juste. vous ne pouvez le voir, il erre dans l’imagination du mauvais; peut-il être mieux caché?
je vous aime
Si tu peux supporter d’entendre tes paroles
Travesties par des gueux pour exciter des sots,
Et d’entendre mentir sur toi leurs bouches folles
Sans mentir toi-même d’un mot;