Elle regarda le corps blême couché sur le lit, recouvert du drap jusqu’à demi-corps, lèvres maquillées et mains croisées. C’est un peu tard, mais elle murmure quand même je t’aime papa, elle ne lui avait jamais dit, alors… Rends toi compte, deux minutes avant, c’était bon.
Si tu peux être dur sans jamais être en rage,
Si tu peux être brave et jamais imprudent,
Si tu sais être bon, si tu sais être sage
Sans être moral ni pédant;
je lui ai ouvert le thorax, de haut en bas, c’était bien plus facile que je ne le pensais, à peine crrac et hop jusqu’en bas, la peau s’ouvre en deux lèvres consentantes, comme si mon bonhomme était trop serré depuis toujours là-dedans.
j’étais d’humeur massacrante.
aujourd’hui lalalilala je chante au soleil qui n’y est pas, tant pis tant pis, mais oh ciel, je me bats dans ma culpabilité! le corps me regarde de ses entrailles et je ne peux rien faire pour lui. son regard vide m’a oublié et pourtant s’il savait comme je l’aime. oh oui je suis amoureuse amoureuse amoureuse, petites doses de poison à coups d’amour! plus ça va et plus je me colle au mur le regard vide moi aussi.
mais aujourd’hui ah… je roucoule d’aise, lalalalalalilala, que la vie est belle, petit sucre d’orge, tamtam, lala!
l’échec d’une manipulation génétique. une mauvaise construction dans le texte. il y a quelque chose qui ne colle pas mais vraiment pas. quelque chose d’infime qu’il n’y a que moi qui peut voir. la moindre application et ça explosera à la gueule de n’importe qui. l’erreur met les génies au niveau des débiles. la moindre erreur et c’est comme si rien n’avait été fait. mourir hier ou avant avant des siècles avant c’est la même chose: il est mort. la différence est minime, savoir employer les mots que tout le monde connaît et utilise. « parler avec les mots des autres, ce doit être ça la liberté, voilà ce que je voudrais faire ». et après? pas de différence ou une différence minuscule, quelle est la différence?
il y a la guerre
il y a ces bombes qui pleuvent partout autour de vous
il y a la famine
il y a le bruit des chemins de fer et les armes qui passent dessus
il y a le bruit
il y a les morts qui explosent sous vos yeux (vos yeux mangent leurs entrailles)
il y a les profiteurs
il y a vous qui errez dans des rues détruites et de derrière chaque mur on vous observe on vous détaille on vous vise
« Quand j’étais jeune, tu vois, j’ai jamais eu besoin de personne. Et je faisais l’amour pour rien…
Maintenant que j’vis seul, j’repense aux vieux amis. Alors, des fois, j’décroche le téléphone. Mais ça sonne vide chez eux.
Je n’ai plus envie de tout faire tout seul. Je ne veux plus vivre seul.
C’est difficile maintenant, d’avoir confiance en moi. L’amour est loin, et ça m’aide pas. Ca me rappelle sans cesse que chuis seul et que j’vaux rien. »
Ben alors, Johnny, bois un coup, ça ira mieux!
Je peux, sans rien sacrifier de ma vie ni de ma lucidité, décider de ne pas voir le réel
[dont je reconnais par ailleurs l’existence].
Aveuglement volontaire
[comme Oedipe je me crève les yeux]
qui trouve des applications plus ordinaires dans l’usage immodéré de l’alcool et de la drogue.
J’ai un papier très important avec une adresse sans nom. Alors voyons voir lundi mardi mercredi, là il dit you caïdi, alors je réponds mais non voyons, il prend ses allures de crocodile, oh oui j’aime ça. J’aime tout particulièrement sa bouche, des fois on l’aperçoit quand la lumière des néons entre par la fenêtre. Je trace des signes cabalistiques autour de l’adresse pour qu’elle prenne vie mais rien n’apparaît. Comment faire? Derrière l’adresse se cache le salon et là dedans l’inconnu. Mon crocodile remue la queue j’allume la lumière de la rue il me regarde et tout brille.
« Amour. Ce soir je préfère prier que sortir dans l’agitation. Je préfère chanter que manger. Tout ce temps où tu m’as tellement manqué, tout cela est passé, tout s’est dissous dans mon futur trop vaste pour te perdre. Me reviennent maintenant les années de douleur que nous avons traversées ensemble, que nous avons tissées ensemble. Je ne sais de toi ce qui me manque le plus, quand tu me montrais les dents ou quand je ne savais te dire combien je t’aimais. Maintenant je suis seule à pleurer, est-ce que ça en vaut bien la peine? Et pourtant ce soir, je vais prier. Je ne crois en rien, mais je me souviens: je t’aimais. Tous les autres maintenant je les choisis pour toi, ils ne m’aimeront pas, ils ne me quitteront pas. Pas de peine et pas d’autre amour. J’espère que tu ne viendras jamais visiter mes rêves. Tu es cautérisé dans ma plaie, tu ne partiras pas je le sais. Tu es la moitié de ma vie. Je n’ai jamais réussi à te recracher. Maintenant, tant pis, tous les souvenirs reviennent, ai-je assez dormi pour avoir la force de les revoir? Tu me manques, mais je voudrais ne jamais t’avoir vécu, ne pas avoir déjà tant de poids et d’amertume. Ce que tu as ravagé te dépasse.
Toi, tu ne penses plus, tu ne penses plus à moi, moi, tu es gravé dans mon cerveau, dans mon imaginaire, tu en es une pièce maîtresse. Injuste.
Amour. Ce soir, je vais prier. Je ne crois en rien, mais je me souviens, et tout cela vaut le coup de la communion, au moins avec moi-même. Je me pénétrerai au lieu de regarder vers le ciel, je sais où tu te trouves. Mon vampire, ma vie. Encore maintenant haine-amour. Je crois de temps en temps te reconnaître dans les yeux des clochards qui écrivent je t’aime sur les trottoirs ou des mecs bourrés ou de ceux qui sans raison me parlent dans la rue pour me dire que je suis belle qu’ils m’aiment et que ma vie m’attend. J’aimerais que ce soit ça mais tu es mon passé et tu ne peux espérer mon futur.
Je t’aime encore mais c’est si inutile. J’aimerais que ce soir le christ vienne s’allonger dans mon lit, m’ouvre ses bras blancs, qu’il m’accueille sur son cœur brûlant, qu’il reconnaisse ma peine, et qu’il ait pitié de moi. Je voudrais ce soir que le christ vienne me réconforter et me dise que ma vie a été si dure. Mais il n’existe pas et ce soir je vais prier. Je chanterai ma peine pour qu’aucun ange ne descende du ciel et j’écrirai des mots incompréhensibles dans le noir. Tous ce mots que jamais je n’ai pu prononcer.
Amour. Ce soir je vais prier. Et je dormirai en paix. Sans christ sans père sans dieu, sans amour. Draps blancs et avenir lumineux. Est-ce ma mort? Est-ce ma vie? Je prie déjà. »
Cette femme est devenue la plus heureuse des femmes que la terre ait jamais portée. Elle est encore vivante et elle a mille ans.
Je me réveille toujours avec le même mal de tête. Je cherche du regard l’heure qu’il peut être, et quand je la trouve, je ne veux pas y croire. Si tôt si tard, juste ces chiffres aléatoirement écrits sur mon réveil en lettres rouges qui percent le noir. Je ne sais pas si je dois y croire. Je connais mes autres heures, et je fais comme tout le monde, je fais en fonction, je conçois le temps qui me reste. Je ne suis jamais en retard. Les gens pensent que j’ai une horloge dans la tête, c’est faux pourtant, il y a peu de choses qui me sont aussi étrangères que ça. Le mal de tête met du temps à passer. D’abord je dois me lever, me laver, ne pas me lover, et manger. Boire mon café, et le mal de tête passe. Je sais ensuite tout le travail qui me reste à faire, je me résigne un peu, mais la vie m’inspire confiance.
Je ne suis rien, c’est tout ce que je sais. Je ne suis rien, comme beaucoup de gens, mais ils se serrent entre eux, et ils ont l’impression d’être (le voisin de celui d’à côté) ; ils répètent cette phrase en boucle en omettant toujours ce qui est entre parenthèses. J’ai fait du mal à beaucoup de gens en refusant de leur parler, ce qui signifie que leur amour propre a senti mon passage. En réalité ils ont oublié qui je suis, mais les jours qui ont suivi nos rencontres, ils en ont fait beaucoup plus avec les autres. Ensuite, j’ai été proche de beaucoup de monde, mais je suis trop sensible, et comme je ne suis rien et que je ne fais pas semblant de ne pas le savoir, ils ont traversé mon corps et mon âme avec. Ça me peine, mais maintenant, je me réveille solitaire et me rendort pareil, je ne suis rien. En fait, ça me plaît parce que ça me laisse le droit d’être témoin de tout.
Le cœur a battu si longtemps hier soir. Je vois quand même parfois, le soir, un autre rien que moi, et hier son cœur a battu longtemps sous ma main. C’était plus long, plus chaud, plus touchant.
Mais c’est Scarbo qui me mord au cou, et qui, pour cautériser ma blessure sanglante, y plonge son doigt de fer rougi à la fournaise! (Aloysius Bertrand)
suivez-moi du doigt:
Le tour du visage c’est facile, mais sentez comme c’est doux sur les tempes et sur les lèvres. Descendez un peu sous le meton, peau vierge et blanche, caressez-la, je m’en mords les lèvres, ajoutez d’autre doigts pour que je sente l’emprise de la main sur le cou, vous pourriez m’étrangler, vous pressez un peu d’ailleurs, mais ça m’arrache des soupirs… Le doigt continue seul, il tourbillonne autour des clavicules, il aime bien cet endroit, et puis c’est le dernier stade avent d’aller valser sur les collines. D’ailleurs il y va, il commence par passer entre, et ça, les collines, ça les affole déjà. Le doigt passe dessus l’air de rien et tout s’agite, elles commencent à se soulever différemment. Des petits tours là-haut autour des tétons, tout ça ce n’est que du jeu; le doigt regarde déjà vers le nombril, mais c’est mieux de déployer la main et tout le ventre… c’est doux et moelleux, c’est toujours pur aussi, le doigt descend toujours. Ah…! L’endroit du corps où la peau est la plus douce, à l’intérieur des cuisses tout près du sexe. Et là le doigt s’attarde un peu, me donne envie, et après il ira amuser mon bouton.
Merci bien!
Elle s’est infectée, elle a à l’aine une boule sous la peau, qui grossit, qui fait mal. Désormais quand on la baise, elle la sent rouler sous les mouvements de bassin de l’autre, elle gémit et on peut croire qu’elle prend plaisir. En réalité elle a très mal.
Quand elle monte les escaliers avec des sacs très très lourds, ou qu’elle porte depuis trop longtemps elle le sent jusque dans son sexe, et si là on lui y mettait un doigt elle jouirait instantanément.
Finalement peut-être que la petite douleur diffuse dans tout le corps lui procure du plaisir.
Mais la petit boule grossit, quand elle la touche elle a mal absolument partout pendant un bon moment.
Un jour elle ne peut plus marcher avec cette jambe-là. De son lit elle crie personne ne l’entend son appartement est coincé dans la troisième cour de l’immeuble. Le matin elle se réveille dans une mare de sang sortie de son vagin, il est un peu noir, il pue. Elle a la cuisse violette. Et on voit la boule à l’oeil nu. Elle a beaucoup grossi cette nuit. Elle est terrifiante, et immobile, aucun pouls ne bat à l’intérieur. Elle aimerait bien que ce soit vivant qu’une bête en sorte même et la dévore. Mais ce n’est qu’une boule de pus qui infecte tout son corps et la laissera crever dans des draps poisseux criant au vide.
Elle imagine: elle se réveille elle a une toute petite boule à l’aine. Cette boule grossit un peu dans les jours qui suivent et commence à lui faire mal. Elle appelle un médecin. Elle va le voir, le médecin ausculte, ce n’est pas grand chose, ça arrive souvent, un antibiotique local (crème), un anti-inflammatoire à prendre absoluement pendant les repas.
Quand elle baise le soir, elle a de moins en moins mal. Elle pense de moins en moins à ceux qui aurait pu faire rouler la boule sous la peau, elle pense de moins en mois au sexe.
Elle voit ses deux vies se confronter sous ses yeux de malade, elle ne sait pas exactement laquelle choisir. Elle n’appelle plus au secours.
sympathie du regard tourné vers rien; j’ai mangé beaucoup de spaghettis et puis tu t’es levé précipitamment, j’ai voulu te suivre mais tu as couru dans une rue qui échappait à mon réel. J’ai regardé, j’ai regardé longtemps là où tu avais disparu, trace de ton absence. C’est mon désir.
sympathie des pâtes inachevées; tu as mangé beaucoup de spaghettis mais il en restait encore dans l’assiette
sympathie de la monotonie nocturne; j’ai mangé beaucoup de gâteau au chocolat (j’aurais préféré un cake au thé vert, mais mon pays est ainsi fait qu’on n’en fait pas), tu n’étais toujours pas revenu alors… pffff. J’ai regardé par la fenêtre. Et par la fenêtre on voit des choses dingues.
Je sais que tu reviendras parce que : Ta mélodie est dans mon oreille.
PARA UN TANGO FUTURO
corriendo por el frio y la lluvia
courant dans le froid et la pluie
dibujando mi destino sobre labios que imagino
dessinant mon destin sur des lèvres que j’imagine
buscando por algun dia como me llamo
cherchant dans les jours mon nom
corriendo por la calle y por la noche
courant dans la rue et dans la nuit
llamando mi amor pesado como lagrimas
appelant mon amour épais comme des larmes
ya no te encuentro en mi porvenir
je ne te trouve plus dans mon avenir
donde estas? donde estas?
où es-tu? où es-tu?
mi vida… un llanto largo e invisible
ma vie… une plainte longue et invisible
vos… un fantasma que en mi primer nacimiento soñé
toi… un fantôme que je rêvai lors de ma première naissance
mi muerte… tu mano, tu ojo, mi olvido y tu voz
ma mort… ta main, ton oeil, mon oubli et ta voix
llanto febril de un dia olvidado
plainte fébrile d’un jour oublié
corriendo por el frio y la lluvia
sourant dans le froid et la pluie
dibujando mi destino sobre labios que imagino
dessinant mon destin sur des lèvres que j’imagine
buscando por algun dia como me llamo
cherchant dans les jours mon nom
vos… un fantasma que en mi primer nacimiento soñé
toi… un fantôme que je rêvai lors de ma première naissance
c h a q u e n u i t j e m ‘ a t t e n d s – j ‘ a i m e r a i s – t e t r o u v e r d e v a n t m a p o r t e à m ‘ a t t e n d r e
j’aimerais que les coeurs ne soient plus désertés
que le soeurs ne soient plus esseulées
j’aime ton coeur et j’aimerais le remplir de beaucoup de mon sang
je ne te sauverai pas comme ça, je veux que ton coeur reste le tien
j’aimerais que les choeurs ne soient plus vidés
regardez au ciel, la nature est haute. imaginez-la nous regarder
j’aime ton coeur et j’aimerais le tenir au chaud dans mes mains
je ne le prendrai pas parce que j’aime ton corps dansant
j’aimerais que les trains continuent à rouler lentement et que vaches nous regardent passer
je sentirais le temps de mon voyage et de mon éloignement, à moins que ce ne soit le vôtre?
j’aime ton coeur et j’aimerais l’emporter dans des contrées formidables
je ne le ferai pas parce qu’il a besoin de toi et que j’ai besoin de toi
il fait noir dans la salle en béton, les fenêtres sont bouchées par du noir aussi, un type tripote des vinyls c’est lui qui fait la musique, on croyait que ce serait une fille, je me dis c’est peut-être lui qui pose en fille. et derrière les gens qui danseront tout à l’heure il y a des projections, comme dans toute soirée qui se respecte donc des projections, de films indiens. beaucoup de gros plans, les levres de la fille et les yeux brillants du mec. la projection se fait dans le coin de la pièce, et les images se coupent en trois. on a en face une image ressemblante à la vraie et sur le mur de droite et sur le plafond des dégénerescences de bouche d’oeil de cheveux. on a le vrai en face et des choses abstraites autour qui ne sont que du vrai mal projeté. retournez vous doucement, et regardez les gens qui danseront tout à l’heure. ils sont peut-être indiens.
Tac tac tac tac c’est tania qui monte les escaliers avec ses talons aiguilles, ce sont eux qui arrivent avant elle, ils me menacent mais ne me perceront pas.
Je lis dans mon lit, elle arrive elle m’attaque ma petite a besoin de réconfort
Elle déambule dans l’appartement elle martèle toic toic toic toic, lève toi accroche moi arrête moi, mais je reste sur mon lit, j’ai posé mon livre sur mes genoux mais elle sait qu’il pèse bien plus qu’elle sur mon cœur
Elle veut se rendre intéressante elle va chercher du lait elle enlève son pull elle se sent romanesque ainsi : marchant avec ses talons aiguilles, ses collants, sa jupe noire sa culotte dentelle qu’elle sait que je sais être, et rien absolument rien pour couvrir son buste et sa bouteille de lait quelle arbore en dessinant des sinuosidales en pointillé sur mon parquet
C’est pour elle que j’écris tout ça aujourd’hui tu vois tania tu es aujourd’hui ce que tu voulais être tu es sur les pages d’un roman qui pèseront sur les genoux d’un homme un jour. tania a peur elle sent tous les jours des révolutions se préparer elle entend des rumeurs au bout de toutes les rues c’est pas possible, non impossible que tous ces gens marchent le même chemin tous les jours sans s’inquiéter
Pourquoi m’aime-t-elle ? moi pareil aux autres plein de doutes, mouvant et si immobile, encore vain ; aujourd’hui le vent souffle il est toujours le même mais chaque jour il me dit autre chose
Vas t’en tania et laisse moi souffler
Je voudrais entendre tes talons aiguilles s’éloigner et je crois que j’aimerais ce son descendant, que l’on pense encore entendre quand il s’est déjà tu pour nous. D’autres l’entendent maintenant que font ils où sont ils ? mais je les entend toujours t’annoncer ils te précèdent j’en ai assez de ton inconstance parasite ; un jour tu pourrais les enlever sans que je puisse l’imaginer tu reviendrais à tâtons à tétons tu amorcerais l’escalier sans troubler personne de ton existence on ne saurait pas que tu as pénétré dans l’immeuble_ quelqu’un te croiserait et tu lui ferais peur dans un tournant de l’escalier_ tu viendrais (dans mes bras) pieds nus avec ton pull avec tout ton toi sans ton vide littéraire ; mais je l’imagine et tu es morte
Ne vois tu pas que nous répétons toujours la même chanson, ne te rends-tu pas compte que nous changeons tous les jours les mots du même refrain ?
Le bruit de tes talons aiguilles résonne toujours, ce bruit sans mouvement, ce bruit seul et creux, inutile, de nos espoirs.
00h59 des cars déversent des touristes (des hommes) sur la place Pigalle: commerce du sexe, inclus dans le tour operator. Je ne sais plus bien à l’heure qu’il est s’il s’agit de commerce du sexe ou de commerce de l’amour. Ces hommes embrasseront entre deux verres d’alcool très cher, des lèvres qu’ils auront cherché toute leur nuit, il embrasseront, entre deux verres dont le prix rendra cher le fantasme, des poitrines qui s’offrent à eux. Ils en ont rêvé de cette femme qui s’offrirait et qu’ils chériraient tout à la fois. Beaucoup seraient prêts aujourd’hui à rester avec cette femme là, cette femme de peu qui leur coûte très cher. Ils lui cracheront dessus pleins de mépris, c’est leur vie qu’ils méprisent, à la chercher la femme idéale qui fera ci et cela mais qui ne leur donnera pas ce qu’ils croyaient peu leur importer pourvu qu’ils l’aient elle, l’amour. Cette sueur, ce foutre sale ils l’aiment, dans leur rêves aussi tout est devenu sale, s’est entâché à la lueur de la réalité, de la pauvre gratuité de leur vie.
Demain ces bus repartiront je dormirai et eux dans leurs rêves deviendront des pleureurs, des brutes qui ont leur vie derrière eux ou derrière leur crâne, qui joueront du violon sur des cadavres.
comme si peut être l’année prochaine dans un autre endroit j’étais toujours la même ; et les autres? eux non plus ils ne changent pas? quel est le pire cauchemar?
mais aujourd’hui où il ‘est pas question que j’aie changé ni personne non plus, parce que ce soir est ce soir, tout va bien. la répétition n’est pas encore là.
mais si la répétition était ce dont on ne se souvient pas;, verrions nous la répétition?.
mais ce soir, où le printemps est proche malgré la date, où d’autres pourront dormir demain et encore pendant 2 semaines, ce soir… ce soir il fait encore jour
Surprise et survie. La soirée le matin continuité amicale, la nuit n’annule pas les plaisirs. Alors je caresse la peau de ton visage, j’évite les lèvres parce que c’est ce que je prefère. Mes mains ont oublié la géographie de ton corps, elles ont oublié ce qu’il y a après ton visage, elles s’interrogent sur ce qu’il y avait avant. Elles cherchent sans le demander à tes joues; elles ignorent tes yeux et n’écoutent pas tes lobes. Elles caressent, virevoltent sur ta peau, sans rien trouver, elles sont tendresse gratuite. Elles s’épuisent. Je t’aime plus que mes mains, et mes yeux te le diront en s’enfonçant dans ton corps.
Le tgv roule depuis une demi heure en direction de l’est, encore une heure et il déversera cinq cents personnes sur la côte atlantique. Ils sentiront les embruns de la mer et les vacanciers iront se serrer sur les plages pour sentir ensemble l’eau salée sur leurs corps dénudés. Pour l’instant ils dorment discutent lisent une revue, ils ont l’air de s’ennuyer, certains très peu observent le paysage brouillé par la vitesse. A l’intérieur tout est calme dans l’indifférence générale. Certains passagers passent dans les couloirs. Le contrôleur les suit. Il vient demander les tickets de transport des passagers. Billets silvousplait. Les deux jeunes hommes le regardent. Le premier promet de devenir un bel homme aux yeux verts vaguement dissimulés par un mèche de cheveux noirs. Le second a les yeux clairs aussi, rieurs, blond. Le brun est assis sur le blond. Il a l’air de bien l’aimer. Ils tendent un billet au contrôleur. Le contrôleur attend le second billet. Second billet silvousplait. Ils n’en ont pas de deuxième. On est assis sûr le même siège monsieur. Il faut une second billet. Mais si on n’utilise qu’un seul siège. Je vais être obligé de vous donner une amende. C‘est un billet par siège. C’est un billet par personne. Il est écrit sur le billet place 33 voiture 4. On y est, les deux. Veuillez me suivre. PUTAIN DE POUVOIR EN PLACE ! ! ! ! ! ! VOUS ETES TOUS DES CRETINS ON EST SUR LE MEME PUTAIN DE SIEGE VOUS ETES COMPLETEMENT ABRUTI OU QUOI ? ? ? ? ? ? ! ! ! ! ! ! !
A la gare suivante ils sont descendus, des agents de police les attendaient sur le quai. Ils les ont emmené au commissariat. On ne comprend pas nous n’utilisions qu’un seul fauteuil. /Petits crétins/. Plaf, la gifle a claqué, la mèche brune s’est envolée. Regard vert incrédule. Larme brillante, ils n’ont que seize ans. Ils avaient confiance. ON N’A RIEN FAIT NOUS NE SOMMES PAS DES CRIMINELS ! ! ! ! ! ! ON VOULAIT VOIR LA MER NOUS N’AVONS UTILISE QU’UN SEUL DE VOS FOUTUS SIEGES MERDIQUES ! ! ! ! ! RePlaf, seconde gifle, le blond se jette sur le policier, arrêtez de la frapper, il est mineur. Le second flic se lève plafplafplaf ça vole dans tous les sens. Le brun est par terre inanimé le blond à côté, il détaille la gueule ensanglantée de son ami. ALLEZ TOUS VOUS FAIRE FOUTRE ! ! ! ! ! ! Un coup de feu sale petit con le blond est blessé, il saigne comme un porc, le brun est couvert de sang, le sang des deux. Le blond va mourir. Le brun est toujours dans les vapes.
Le tgv arrive en gare de Biarritz, les passagers descendent, ils soupirent, ils se sentaient vaguement enfermés dans le train sans vraiment s’en rendre compte. Personne n’attend les deux gamins, les passagers les ont oublié et personne n’est venu les chercher.
/Enculééééé !/ Ils sont à trois ils donnent des coups dans le corps du brun Pourquoi ? Les deux sont muets, l’un mort, l’autre dans le coma, aucune riposte alors, aucune provocation, juste deux corps d’enfants ballottés par des chaussures de cuir noir. C’est bientôt la pause déjeuner. Les flics sortent du bureau. Les murs sont tapissés de rouge, et la cervelle se mêle aux cheveux noirs.
elle est rentrée dans le bar sombre tandis que dehors il fait moite, il fait pluie, il fait nuit.
on le lui présente, il se lève, en marcel, pour la saluer. elle a envie d’une cigarette
[elle le trouve: beau, sensuel, viril, elle ne voit que lui]
ils se font la bise debout en se penchant par dessus la table
[il pense qu’il la prendrait bien là sur cette table, sûrement, oui peut-être en fait ce n’est pas sûr]
ils se rasseoient en se regardant, ils se souviennent à peine des gens autour d’eux, de vagues échos
[si elle osait: un pied détaché de sa sandale, et hop pied serpent entre ses cuisses] [si il pouvait allez viens poupée je vais aux toilettes, tu me suis?]
ils se revoient cinq ans après après des trains ratés et des soirées sous les magnolias, ou jamais jamais ils n’ont été seuls.
ils se revoient cinq ans après, ils vont dans la chambe au fond elle a envie de pisser il est sous coke
il la prend sans ménagement, ça faisait cinq ans, alors les bonnes manières… [il pense: putain, mais pourquoi elle est pas plus chaude cette chienne?] [elle pense: après tant de temps, il pourrait pas attendre des minutes en plus?]
il l’a prise, elle se rendort, du sperme sur les bras, sur un coin de matelas, position pathétique elle n’est pas allée pisser
elle sort les ongles elle les rentre dans son anus, elle suit la colonne, la peau s’ouvre comme le ventre d’un poisson.
pour n’avoir pas su mentir…
il a voulu qu’il pleuve et il a plu, wouaouh……
je ne trouve aucune trace sur mon compte des virements dont j’ai reçu la fiche ???
j’ai mal parce que depuis ce matin, j’ai trois nerfs en moins, au niveau de la dent nommée 6 par mon bienveillant dentiste. j’espere que les nerfs qu’il m’a enlevés étaient malades… me dire que peut être il a enlevé de moi, de ma joue, la maladie, wouaouh…..
chez moi, ily a beaucoup de musique, beaucoup de littérature, j’ai fini le quart de mon mémoire, moins les annexes et la conclusion. il y a une vague douleur qui rappelle l’humanité perdue de la dent. il y a de la lumière quand les nuages avancent, et moi, perdue perdue perdue.
(j’attends peut être un sauveur qui n’existe absolument pas dans le réel???)
chez moi il y a aussi des dragons qui me regardent.
les yeux exorbités? oui, les yeux exorbités. il s’avance. est-ce qu’il fait noir? un petit peu. il chreche un petit peu mais il voit assez. il a les yeux exorbités parce qu’il a hâte d’avoir vraiment peur. il avance, ses mains se transforment en serres de rapace. il est à moitié baissé, il a remonté le temps jusqu’à la préhistoire. et son jean le serre. il avance toujours, le cou tendu, tendu et tendu vers l’avant, ses dents sont serrées et découvertes, ses mains attrapent déjà quelque chose. Le couloir est un peu long et à moitié dans la pénombre, il a le temps de devenir l’assassin. il voit, il voit le couteau par terre, à manche de bois, un petit couteau pas très bien aiguisé. son corps contracté peut-il se pencher? il se plie, ses os craquent, ses muscles hurlent, il attrape le couteau, il est presque couché au milieu du couloir pour l’attraper, il rampe un peu, mais ses serres de charognard n’accrochent rien, il n’arrive plus à avancer, et son corps raidi ne peut plus se relever. son dos continue à se voûter, ses muscles durcissent.
c’est son ennemi qui attrape le couteau. il le tient fort et poignarde le dos, par terre. la lame se casse. cette viande est trop dure, impossible d’attaquer la bête. il bave maintenant et ses yeux exorbités tournent; il grogne. mais son corps est durci.
son ennemi s’esquive. il l’abandonne, vivant. vivant? ses yeux sont vivants, son coeur qui bat douloureusement, ses crampes, sa bave, ses ongles qui crissent, son sexe tendu aussi, ses nerfs qui l’emprisonnent. il ne se relèvera sans doute jamais, et il a vraiment peur maintenant. de mourir tard.
Trois deux un partez, et hop! Il court il court le furet; je l’attrape par la queue, je le montre à ces messieurs, et on s’assoit sur le haut d’un mur, le faîte d’un arbre. J’embrasse à pleine bouche l’amiral qui l’escalade, ça ne vous étonne pas du tout n’est-ce pas? Mais pour qui me prenez-vous?
On reprend la course, le furet va assez vite, moi un peu plus encore, sauf quand il y a des tunnels. La tortue est loin derrière, elle ne gagne jamais ça c’est des conneries. Mais pour les gros arbres écrasés au milieu de la route, je bondis au-dessus, et mes jambes s’écartent, se mettent à l’horizontale, mes muscles saillent et je gagne!
Oh! Je m’écrase sur la ligne d’arrivée, ma joue rape, j’ai la gueule déchirée. En fait personne ne voulait gagner on m’a fait croire à une fausse course. Je pleure dans la boue.
Mais hop! Le furet rejaillit, il m’embrasse, il m’emmène, je le crois.
Et hop! J’ai la figure pleine de boue.
Mais hop! Le furet rejaillit, il m’embrasse et nous partons.
Et hop! J’ai la figure pleine de boue.
Mais hop! Le furet rejaillit, il m’embrasse et nous partons.
Et hop! J’ai la figure pleine de boue.
Mais hop! Le furet rejaillit, il m’embrasse et nous partons.
Et hop! J’ai la figure pleine de boue.
Mais hop! Le furet rejaillit, il m’embrasse et nous partons.
Et hop! J’ai la figure pleine de boue.
Mais hop! Le furet rejaillit, il m’embrasse et nous partons lalalalilala vers une clairière illuminée. Oh lala… les poncifs de l’amour, toujours!
si je devine ton sourire dans le noir sans entendre ta respiration, dis-moi que tu es là silencieux, je voudrais deviner aussi ton intention pour moi ton désir d’y être et tes pensées. si je peux confondre sous mes doigts le drap doux et propre et ta peau soyeuse soyeuse, bouge ton dos décale-toi vers moi pour me rejoindre pour manifester ton envie de moi ton vouloir de présence. si je peux démêler dans les arômes de l’été ton odeur peau mélangée à parfum approche tes lèvres des miennes pour que je puisse respirer le même air que toi pour que je puisse sentir comment tu as transformé le même air que moi. si je trouve sous ma langue un oreiller ferme comme ta chair donne-moi à croire que c’est toi donne-moi plus de chair à goûter demande-moi de te mordre. si je vois une forme s’éloigner de ma couche ne dis rien surtout tais-toi ce n’est pas toi ton fantôme seulement, l’ai-je trop cotôyé? ton fantôme seulement qui s’en va pour te laisser venir.
j’écris des cicatrices au bout des doigts
j’écris un masque sur les yeux
« pourquoi quand je veux dire à quelqu’un que je l’aime je suis prise d’un rire nerveux? »
je fais des scarisfications sur le papier
je fais mugir le papier sous le scalpel de ma peau
« pourquoi quand je veux faire l’amour à la fille que j’aime je ne peux plus lui parler? »
j’étends mon ombre sur la littérature heureuse
si elle ne s’en souvenait pas je récite des lignes de lautréamont
« pourquoi je ne bande plus, pourquoi je ne mouille plus? »
vous êtes mes créatures androgynes
et je pleure sur vous
Alors les Rois, les Dieux, la Chance et la Victoire
Seront à tout jamais tes esclaves soumis
Et, ce qui vaut mieux que les Rois et la Gloire,
Tu seras un homme, mon fils.
Si tu peux conserver ton courage et ta tête
Quand tous les autres les perdront;
Si tu peux rencontrer Triomphe après Défaite
Et recevoir ces deux menteurs d’un même front
les paysages défilent derrière les doubles vitrages, cimetières, cimetières pas terminés à espace prévu pour les suivants, villages, lotissements, campagnes, autoroutes, à l’intérieur tous les bruits sont étouffés, on n’entend pas passer les gens dans le couloir, ni le voisin tousser, ou si peu… la tête tombe, sursaut réveil d’une micro seconde de sommeil. le regard retourne à la fenêtre, il voit son visage dans le reflet, si précis, contours un peu troubles, mais chaque imperfection de la peau dessinée, et le visage de celui de devant endormi. derrière les yeux sans profondeur des taches vertes, marrons qui se mêlent dans la vitesse; zoom, le regard se rectifie, un champ. douceur du passage, bonheur du départ.
rituel extatik extraordinaire, bustier postume et con délicieux. mes doigts sur ta sueur. mes mains sous tes draps. langueur et langue dans ton oeil . douceur des cils. fraicheur du cuir. brulure de ta mouillure. se lever, enfin. pour etre celle qui monte sur ta croupe.
des fois j’ai le hoquet:
j’ai soupiré une dernière fois et ça m’a fait un bien fou
maitenant, toute l’indifférence du monde m’indiffère parce que j’ai adhéré!
je suis indifférente à tout moi aussi
bonjour bonjour bonjour!
les murs de glace m’enrobent, je risque d’avoir froid, mais vous ne me ferez plus rougir
dents de scie, je suis dans les airs un dragon invisible entre l’amour et l’indifférence de tous et de tout
blanche neige s’est endormie dans son cercueil, je suis une princesse qui n’a pas trouvé ses nains
mieux vaudrait vomir, n’est-ce pas?
je l’ai reconnu à l’odeur. le clodo vient d’entrer chez moi, je me décolle de l’ordinateur et je le vois dans mon salon. il s’est assis à al table, quand jentre dans le salon, il me regarde; il est sérieux, il est chez lui, c’est sans réplique. il a pris un bout de pain et il le mange. il se lève et va se secouer un peu au milieu du tapis, des tas de choses indéfinissables tombent. il a au moins dix épaisseurs de tissus sur lui, le chaud et le froid n’existent plus pour lui. la puanteur est partout. maintenant, c’est vraiment chez lui!!
il m’aide à faire mon sac, et me souhaite bon courage d’un hochement de tête. on m’a dit qu’au début c’est pas facile. mais on s’habitue vite, et puis quoi, d’ici cinq ans, si je me conduis bien, ce sera à moi de passer le relais…
Il y a ce qui se voit et ce qui ne se voit pas.
Ce qui ne se voit pas s’exprime plus librement
Mais uniquement s’il y a ce qui se voit.
Blaise Pascal
je n’aime pas le flash, je n’aime pas le zoom, je n’aime pas quand tu me regardes à travers l’appareil, l’image est fausse, certainement tordue, sûrement imag(in)ée. je suis faussée pour toi, oublions ce que nous croyions. point point point.
les listes sont émouvantes
etc
est-ce que le voyage suppose le déplacement, est-ce que l’exil suppose la violence, la refléxion est-elle un ermitage et la vie une errance? moi dans mes pensées ne me refugié-je point? oublie-t-on le monde quand on pense?
je travaille et dans mon travail je trouve l’espace de la dérive,
et l’espace des souvenirs
Maintenant… elle sent son souffle dans son cou, il est sur elle et lui écrase les seins, elle aime cette douleur qu’elle sent rouler sous ses mouvements. Il est entre le souffle la parole et les baisers. Elle ne sait plus ce qu’il fait ce qu’il veut. Mais elle le sent sur elle, elle sent ses allées et venues qui oscillent dans les rythmes qu’il leur donne, petite partition privée, elle sent sous ses mains ses fesses durcir ; bientôt elle sentira son corps trembler. Cela ne vient pas, elle lève à peine la tête, comme elle le peut émergeant de son corps de titan, elle tente elle aussi de murmurer dans son oreille d’embrasser n’importe quel endroit de sa peau. Il ne l’embrasse pas il ne la regarde pas, il s’applique sur ses mouvements, ses rythmes, rien à voir avec une partition avec la musique, juste du calcul du mouvement du sport. Il compte ses aller et retour, il compte le temps qu’il dure il compte -à peine- ses gémissements à elle. Il sait déjà combien il y en aura, il sait où appuyer pour qu’un femme crie, avec toutes c’est pareil. Et pourtant, elle le respire sa transpiration amoureuse son haleine ses cheveux. Elle aime quand brusquement il passe sa main dans son dos et la soulève l’arque sous lui quand il tient sa tête pour ne pas la cogner quand soudainement il sort d’elle appelle le manque et place son sexe entre eux deux d’aucun corps en aucun corps avant qu’il ne la renfonce comme un viol un acte oublié quelque chose d’involontaire. Il est sur elle et il fait tout cela, il se regarde faire il pense à ce qu’il fera ensuite ; il ne la regarde jamais. Il fait l’amour avec lui-même. Elle s’en veut d’être là.
Non, l’amour n’est pas mort en ce coeur et ces yeux et cette bouche qui proclamait ses funérailles commencées.
Ecoutez, j’en ai assez du pittoresque des couleurs et du charme.
J’aime l’amour, sa tendresse et sa cruauté.
Mon amour n’a qu’un seul nom, qu’une seule forme.
Tout passe. Des bouches se collent à cette bouche.
Mon amour n’a qu’un nom, qu’une forme.
Et si quelque jour tu t’en souviens
O toi, forme et nom de mon amour,
Un jour sur la mer entre l’Amérique et l’Europe,
A l’heure où le rayon final du soleil se réverbère sur la surface ondulée des vagues, ou bien une nuit d’orage sous un arbre dans la campagne, ou dans une rapide automobile,
Un matin de printemps boulevard Malesherbes,
Un jour de pluie,
A l’aube avant de te coucher,
Dis-toi, je l’ordonne à ton fantôme familier, que je fus seul à t’aimer davantage et qu’il est dommage que tu ne l’aies pas connu.
Dis-toi qu’il ne faut pas regretter les choses: Ronsard avant moi et Baudelaire ont chanté le regret des vieilles et des mortes qui méprisèrent le plus pur amour.
Toi, quand tu seras morte,
Tu seras belle et toujours désirable.
Je serai mort déjà, enclos tout entier en ton corps immortel, en ton image étonnante présente à jamais parmi les merveilles pérpetuelles de la vie et de l’éternité, mais si je vis
Ta voix et son accent, ton regard et ses rayons,
L’odeur de toi et celle de tes cheveux et beaucoup d’autres choses encore vivront encore en moi,
En moi qui ne suis ni Ronsard ni Baudelaire,
Moi qui suis Robert Desnos et qui, pour t’avoir connue et aimée,
Les vaux bien.
Moi qui suis Robert Desnos, pour t’aimer
Et qui ne veux pas attacher d’autre réputation à ma mémoire sur la terre méprisable.
Il passe devant moi. Il s’arrête devant moi, quelques mois, il n’ose pas me toucher. Il passe son chemin, il croit qu’il, le croiriez-vous, a changé ma vie. Et pourtant si il savait comme c’est vrai.
Il passe devant moi, il est en face de moi, il n’y reste que quelques heures. Il me séduit, pour quelques heures. Et pourtant, si il savait comme les heures sont longues pour moi.
Il passe devant moi, il essaye de m’arrêter face à lui. Quand j’ai l’air de ralentir le pas, il fanfarrone, il m’aura, il m’invite. Il est intelligent. Et pourtant si il savait comme je pense à d’autres.
Il est passé devant moi, il m’a enfermée longtemps face à lui. Il est passé. Et pourtant il savait comme j’aimais qu’il m’enferme.
délicieuse malice, regarde-moi dans les yeux, reste couchée sous moi, ne pointe pas sur mon ventre, ne mouille pas les draps, ton inexistence m’excite, chuut, reste clame, sois tranquille, regarde moi dans les yeux, ne vois-tu pas qu’ils se pâment de tomber sur toi, ne vois-tu pas qu’ils voudraient s’enfoncer dans ta gorge, attends, attends, ne bouge pas, reste là, sens-moi, respire-moi, toi tu sens bon, un peu la panique, j’aime ta sueur, aïe maintenant touche mon ventre, sans t’agiter juste comme ça ne bouge que la main
etc
Marcher en se tenant sous le bras, il y a beaucoup de vent et sans lui je m’envolerais. Les bribes de paysages se mêlent, il y a sur ma gauche les quais d’un fleuve embrumés, à ma droite des herbes sur une plage engouffrées par le vent. Il y a devant moi un bâtiment gris luisant sous la pluie. Il y a derrière moi un chemin de terre qui m’emmène dans des champs plats. Il me tient sous le bras je ne suis pas blessée et pourtant je vois défiler ma vie, l’aisselle de son manteau est chaude et j’y pose ma tête. Fermons les yeux et ce sera un autre, le prochain, le dernier. Les fuites ne me vexent pas.
and the wind turns the skin to lovers
nous nous prîmes la main et nous marchâmes en arrière
nous aimions l’aventure et c’est ainsi que nous nous réservions des surprises
chuuttt… j’ai peur de te regarder, et que tu croises mon regard
j’ai peur que tu comprennes que ce qui te plaît en moi c’est ma fuite
j’ai peur que tu comprennes que notre amour était partagé
aujourd’hui à l’heure où les morts viennent me chercher
à la descente du bus ils avaient attendu au croisement une demi-heure. d’un côté le chemin de terre s’évanouissait, de l’autre la route d’asphalte conduisait à l’hôtel fluorescent puis à la ville. sans parler ils se regardaient de temps en temps. ils avaient envie tous les deux d’en prendre une. ils se regardaient de temps en temps sans parler. celui au jean déchiré prit la route d’asphalte; celui à la rose à la boutonnière prit la route de terre; le premier chanta du blues sur des terrains désaffectés; celui à la rose embrassa de nombreuses femmes sous des sycomores. il était géant et la peau sur ses pommettes comme tanée, déjà.
Survivre dans votre tempête, gonfler mon ventre, je ne pourrai pas me noyer, mais je suis lourde; si fatiguée… monsieur où êtes-vous? enrouée, une sirène meurt. je ne sais plus quoi chanter. tu es parti. je meurs seule, ensablée. les vagues qui me parviennent sont nauséabondes; elle sentent le poisson mort.
Elle pleure. Sur son épaule, il est là pour se pencher. Oh oui, il vient quand elle l’appelle. Elle a caché le surin dans le revers de sa veste. Crime passionnel? Elle a peur, elle tremble, parce qu’aujourd’hui sentez vous la mort qui rôde partout? SI elle se laissait être super sensible, ce quelle est, elle irait vivre à l’écart, mais elle ne peut vivre seule. Accompagnez-la. Elle l’a tué, et maintenant, elle pleure, sans personne sur son épaule.
sortir, boire du vin, parler de conversion et de désamour (et travailler?) dormir à plusieurs dans un canapé, boire de l’eau, et fermer les paupières sur des images de dumontheuil (et travailler?) se lever, râler, il pleut meeeerde, on est en retard (pour travailler?) s’ébahir dans le bus parce tout ça est extraordinaire, regardez cet amas de plastique métal béton, mélange chaotique qui ressemblerait à des tas de restes amassés par le temps (si nous nous étions d’ailleurs). alors travailler… c’est imbécile. le travail c’est la civilisation de l’homme la fierté de l’homme qui ne chasse plus, de l’homme propriétaire, et c’est encore mieux quand on a un bureau d’où on ne sort pas. mais ça fait tellement longtemps que tout le monde trouve ça normal de devoir travailler pour acheter le vital (manger, boire). normal de payer pour vivre. et tout ça se fait sans choix, mais tout ça se fait sous couvert de liberté. à l’entrée de camps de concentration, il est écrit arbeit macht frei, le travail rend libre, parole prophétique à laquelle certains croient encore (ça a été écrit).
mais peut être en fait c’est le travail qui donne le désir du temps… ce qui n’est pas filmé attire toujours l’âme.
« juste une dernière minute pour respirer »
il l’attire contre lui, elle colle ses fesses contre lui. il lui tient la lame contre le ventre, elle a le souffle chaud. elle doit aimer ça.
« ça suffit maintenant », « oh… encore une minute » elle parle bas et rauque; elle tourne son visage vers lui, elle respire dans son cou. Il ne devrait pas la laisser faire ça; il pense à la faire arrêter mais il ne peut pas. Elle fait bouger son cul en dépit de la lame qui lui tient la graisse du ventre, elle embrasse son cou, elle le mord. Il doit la faire arrêter. Il va presser un peu la lame. MAis pouruqoi ne le fait il pas bon dieu! elle lui suce l’oreille. elle murmure quelque chose. elle respire encore!
il appuie la lame, la robe élastique s’ouvre, son doigt effleure sa peau, il n’ose plus appuyer.
je ne savais plus comment rentrer par ici
je devrais peut-être changer de nom…
D’en bas jusqu’en haut: bottes de cuir, un collant très très collé, une jupe très très courte, une veste en cuir très très moulante, une chevelure profonde sur le dos, les lèvres très très rouges et un flingue, évidemment.
—Vous aimez ce cliché-là?
Elle avance, allure féline, roulement de hanches ni vulgaire ni invisible, les bottes font tac tac et ça vous transperce le coeur à chaque fois. En fait, elle avance vers vous.
—Vous l’aimez toujours et même de plus en plus.
Elle s’agenouille devant vous, vous êtes très éxcité et prêt à faire sauter votre braguette. Elle fait glisser la fermeture, et elle pointe la langue, pas besoin d’aller bien loin, vous lui offrez ce qu’elle demande. Elle prend vote sexe dans sa bouche et elle le mord, elle repart votre queue dans la bouche.
—Vous ne vous y attendiez pas? Vous ne saviez pas que la femme fatale est castratrice?
Vous avez très mal, mais vous la regardez quand même partir, son cul est décidemment magnifique et ses cheveux se balancent, ils narguent l’homme que vous êtes. Elle se retourne, fou… votre coeur se soulève, elle pointe son magnum, sa queue à elle, et elle vous tue.
—Femme fatale…
en 1930 Heitor Villa -Lobos rentre au Brésil après avoir passé sept ans à Paris. Il écrit la première Bachiana Brasileira, dont le troisième mouvement est une fugue et s’appelle Conversa.
1ère voix:
répétitions, reprises, éther.
Des milliers d’oiseaux volent
Qui tirent vers le haut les gorges profondes
Qui installent la tension
Musique de chauve souris
De l’espoir d’un jour peut-être
2ème voix :
plus jeune, noyée entre l’aîné (à la fois le premier et le dernier) et la cantatrice, accompagnement semi-obscur. chute d’une larme, course pour rattraper la première et lui met ses pieds dans les pieds.
Ornement (sévérité de l’enfant)
Voix adolescente
Age nécessaire
Apporte ses tourments (prémisse des tourments de l’âge mûr) – je m’y reconnais
(je suis les pas de danse des plus savants que moi
les transforme parce que moi je ne les sais pas
les rajeunit et les aggrave à la fois.)
se joint aux vols pour tisser le drame entre les graves. Ajoute la folie à la noblesse de la douleur
se joint aux graves pour la mort
3ème voix :
jeune grave, inflexion de la connaissance qui n’écrase pas. Voix entourée de velours et de soie. Crème et amour. Elle sait qu’elle va mourir. Elle chante discrètement mais on l’entend toujours parce qu’elle émeut (mon punctum). Elle peut se joindre à n’importe laquelle des autres elle a l’indifférence du regard
elle avance elle est la première à désespérer
dans son désespoir il y a encore la vie
4ème voix :
noblesse on l’entend on l’attend elle fascine on en veut plus on n’en veut plus c’est elle qui tire vers le bas c’est elle qui installe les idées noires c’est elle qui fait désirer la mort d’un des personnages parce qu’elle arrive à nous faire croire que la mort c’est beau elle trouble les plus jeunes elle monte même parfois vers elles pour les tenter diable.
C’est elle qui résonne le plus longtemps et le plus profond et elle sait s’en servir
Elle rend la jeune fille amoureuse de la mort –envoûtante magicienne masculine
Elle se cache pour mieux empoisonner
Mais c’est elle qui signe la fin
Au XVIII° siècle, les humanistes firent un tas d’expériences pour essayer de comprendre quelle était la nature de l’homme et tenter de résoudre des problèmes philosophiques. Une de ces expériences réunit des nourrissons sur une île, où ils ne seraient pas éduqués ni choyés, mais seulement nourris et langés par des mains anonymes et non caressantes. Le but était bien évidemment de pouvoir à terme constater si l’homme était bon ou mauvais. Mais l’expérience fut abandonnée : les nourrissons moururent tous, bien qu’ils aient été bien nourris. Force fut à nos ‘scientifiques’ de constater que ces enfants étaient morts du manque d’affection.
je cherche un discours de la méthode et jai perdu moravagine.
que pensez-vous de cela?
d’accord: j’ai marché dans l’ombre au moins ffff longtemps!
quand ça me tape le moral, je sors un orteil.
wouaouh!!!!!!!!
on cherche, on cherche, mais où est donc son visage, à qui est ce pied?
absurdité, vous voilà. mmm… dormez avec moi ce soir.
mais si mais si montrez-vous, vous avez un si bel orteil, que cachez-vous donc?
hop je disparais, moi ça va mieux, vous contentez-vous d’imaginer.
non, non, on veut voir!
ils entrent dans l’ombre; les malheureux!
ils cherchent, ils cherchent, mais il ne voient plus rien.
chez moi, tout le monde se perd, et surtout moi.
mais lâchez donc ce pied, (il y en a un qui a marché dessus sans faire exprès)
on m’agrippe la gorge, raaaaaaa, on m’étouffe.
ça y est tout a disparu, et moi, moi?
j’imagine………. je lis moravagine disparu et je remplace le discours de la méthode par ce que je crois qu’il est.
on vous appelle à manger. prudence, ne montrez pas que vous ne voudriez pas y aller, et que suivre l’heure vous fatigue. le soleil se couchera bientôt, il y aura l’heure de dormir, mais aussi l’heure la plus facile pour ne pas faire sans se faire avoir. vous pourrez lire sans être vu, gémir sans être entendu, vous pourrez boire sans qu’on le sache. et même peut être, sortir?
demain on vous réveillera, il sera l’heure de travailller; soyez courageux, c’est là-bas le plus difficile. il faudra que personne ne devine que votre intérêt n’est pas le même que celui qui vous emploie, que vous avez de meilleures aspirations, que peut être vous pourriez être un autre. ne les laissez pas vous regarder et ne leur parlez de ce que vous faites après le travail. respirez, attendez, écoutez ce qui se trame. là-bas dans un autre pays, un corps a explosé sur un parking. patience, le vôtre cicatrise.
satanée nuit noire où se noie l’espoir de te revoir; dans mon peignoir je peigne mes cheveux en me regardant dans le miroir; et derrière moi les meubles dans leur terroir, l »ombre, l’ombre longue et brune. pleure, pleure, en mon sein il y a la place pour ce que tu pleureras, reviens, tapi sur un siège caché à mes yeux, épie, épie moi mes gestes et mes erreurs d’intimité.
chut… silence pour mon souffle, je ne veux rien entendre. rien. tu es cadavre dans le noir.
ah ah ah joyeuseté d’un jour de mai!
petit balade nocturne: je ne suis pas un pendu mais ma balade est pendulaire. Je rêve d’un pas à l’autre et sens mon équilibre basculer d’un pied sur l’autre. J’aime sentir mon coeur si fort qu’on le voit battre sur mon cou. Je respire l’air un peu frais, je sillonne le trottoir, je croise: un couple amoureux, des voyageurs, un groupe d’hommes hilares, les lumières de pigalle. Le soir est là, je suis toujours vivante, il y a quelque chose de doux dans cette nouvelle rencontre de moi et moi. J’attends un prochain chapitre. Je marche au rythme qui m’est imposé par le soir tranquille sans étoiles parisien.
mes yeux sont tombés dans une coupe
je les ai ramassés, trop tard!
le moment d’égarement a eu lieu.
est-ce que ça peut coûter une vie, le moment d’égarement?
(moment d’égarement:
symptôme: perte de la portée des mots
mouvement d’égarement: courir comme une folle, hystérique dans l’espace comme un ballon volé trop haut parce que trop heureux, pincé par une minuscule épine)
d’accord il plongea, il s’insinua dans ce qui ne représente rien pour là-haut. ici si je pleure c’est comme si je ne pleurais pas. il resta calmement au fond sans repirer sans respirer.
et peut-être après c’était mieux.
si je ris c’est comme si je m’étouffais
il s’ouvrit sur le dos regarda le dos de la surface là-haut, frontière encore plus implacable que de l’autre côté. je reste.
inconfortable, sourd téméraire et je fais ce que tu veux écoutent love and rockets.
c’est drôle pour personne ça n’a le même sens.
j’ouvre les yeux encore en dormant. j’ai un peu froid et mon corps est humide. Il y a une lumière que je n’avais jamais vue ici. je m’asseois dans le lit, je caresse mes cils, je regarde un peu autour de moi un doigt sur mes lèvres, je redécouvre comme chaque matin mon goût: je me réveille. La lumière est froide et bleue. Il pleut. Après tout ce mois de chaleur étouffante c’est à peine croyable. Je sors sur la terrasse, je suis déjà toute mouillée. Je pleure sous la pluie, j’ai peur. Mes longs cheveux noirs dessinent des courbes violentes sur la chemise blanche qui colle à mon corps. Tout a disparu: plus de terrasse, plus de jardin, et j’en suis sûre plus de maison. Je n’ose pas me retourner. Je tremble. Des lumières blanches fugitives passent devant mes yeux, parmi les éclats d’eau. Tout ça est si beau, mais si effrayant! Je ne discerne pas ce que je vois, alors j’invente le plus terrible et le plus séduisant; des fantômes transparents qui passent comme des flèches dans un rêve ténébreux. Ma peur me plaît parce que j’ai l’impression qu’on me voit, que je séduis ceux qui me voient. Je n’arrête plus de pleurer malgré tout mes efforts de faire de ma réalité un décor. Un bruit, inventé, entendu? Je me retourne violemment. Il n’ya rien! rien! La pluie est si dense que je ne peux rien voir, et que j’imagine ce qu’il y avait là détruit par les gouttes. Je ne peux plus que tomber à genoux, gémir et gratter le sol. Tout cela était si immaculé, si pur, si glacial. Je sens maintenant la terre chaude sous mes ongles, il y en a aussi sur ma chemise blanche, et qui dégoutte de mes cheveux. Mes sourcils sont de la terre mouillée, je sens mon coeur dégouliner à l’intérieur de mon estomac, mes intestins se liquéfier et je les pisse. La pluie continue, inbattable.
j’ouvre les yeux encore en dormant. j’ai un peu froid et mon corps est humide. je m’asseois dans le lit, je caresse mes cils, je regarde un peu autour de moi un doigt sur mes lèvres, je redécouvre comme chaque matin mon goût: je me réveille. Ma chemise est trempée, elle me colle, je vois comme des taches brutales le triangle noir de mon sexe et les bouts de mes seins qui lui répondent.
fatique -maladie – manque de discernement
énervement – atteinte des sens de la perception – détournement du réel
énervement – brûlures d’estomac -agressivité latente
et moi, je m’endors sur un nénuphar dérivant sur la Carte du Tendre
intoxicated lady
boire, fumer
me laisser pousser des poils dans le dos
tout
un homme qui me sort de la peau
un tricot d’homme
trouver ça bon
et rester là:
un homme qui me sort par la peau
intoxicated lazy
ce soir la nuit est triste et il regarde par les fenêtres des voisins en pensant à lui.
il y a encore son odeur dans les draps mais il ne viendra plus. il n’attend rien, il n’a pas envie de pleurer,
mais il sait que c’est à cause de lui qui est parti. il ne le reconnaît même plus dans le miroir.
Je mange du yaourt aux coeurs en silence.
Jusqu’à la dernière palpitation, palpitation, palpitation…?
Toc! je saute de roche en roche, des fois je tombe, un pied dans l’eau, une petite flaque. J’ai l’aisance
du merle, mais plouf mes cheveux sont mouillés. Tu me regardes sans me donner la main courir dans
les brouissailles sèches de la garrigue. Je suis pieds nus et tu souris. Je maquillerai tes erreurs du
sang égratigné. Tu m’as trompée (du sang sur les yeux) tu m’as menti (du sang sur le front) tu m’as
abusée (du sang sur les lèvres). Tu me regardes, et maintenant, après ma rage et ma résignation (je
succombe à mon désespoir, je succombe à ton désir de non moi), tu me regardes avec amour et tu
susurres que tu me reverras. Quand je te vois j’imagine de sang barbouillé toi.
ta mère, vas-y tape, tape… allez tape lui sa sale tête, tu vas faire sortir toutes les merdes de cette tête. allez vas y plus fort, mais qu’est-ce que t’attends BORDEL DE MERDE!!!!! allez, prends cette putain de batte arrache lui la tête!!!!!!!! fais pas gaffe à son regard de merde, fais sortir toutes les merdes de cette tête, allez vas-y mais tape tape taPE TAPE TAPE TAPE TAPE TAPE TAPE TAPE TAPE TAPE TAPE TAPE TAPE TAPE TAPE TAPE TAPE TAPE TAPE TAPE TAPE TAPE TAPE TAPE TAPE
elle entre dans le comissariat. je voudrais déposer une plainte, je me suis fait violer; j’ai les résultats de l’examen médical.
on l’assoit à un bureau en face d’elle un flic prend la déposition, prend note des résultats, et lui fait signer un papier.
de son oeil brillant il la regarde, elle est jolie, elle a l’âge de sa fille. un de ses collègues passe et ils en discutent, j’aimerais bien attraper le salaud qui a pu faire une chose pareille… ouais, on lui couperait les couilles! putain, tu te rends compte elle a l’âge de ma fille.
au bureau d’à côté une fille se fait interroger pour un vol. elle est jolie aussi, elle porte un jean serré.
on lui fait passer la nuit en garde à vue.
elle ne peut pas dormir toute la nuit, d’abord il fait froid, et quand elle demande une couverture, le flic veut la réchauffer lui-même.
la fille au jean moulant se fait violer dans sa cellule au comissariat.
personne ne voudra couper les couilles de ce violeur-là!
Un cortège me suit, vingt trois ancêtres poussiéreux, en robes grisées par le temps, aux yeux délavés, aux visages sépias. Ils pourraient être transparents, bleutés et vêtus de lambeaux ce seraient les mêmes. Mais ils me regardent depuis des photographies, sagement assis sur des chaises ou appuyés à des rambardes. Ils ont voyagé dans les aléas de la vie, et on me le raconte. Ils ont eu des désirs qu’ils n’ont pas aboutis, et ils me demandent en me dévorant des yeux de les réaliser pour eux. Je balance tous les albums photos et me tape la tête contre les murs pour oublier les plus proches, ceux que j’ai connus et qui sont morts (dont conséquemment j’ai vu les désirs les volontés et les cassures). je ne suis pas la vingt-quatrième je ne suis pas de leur famille – je suis moi juste moi – ils sont morts aujourd’hui et ils n’existent pas pour moi – certains sont des souvenirs douloureux ou non leur mort reste certaine et ils n’ont plus aucun moyen de m’investir
Le cortège derrière moi s’efface, je sens moins de visages penchés sur mon épaule. Moins de poussière dans les yeux. Mais je ne distingue toujours pas mes propres désirs.
suspiro sangriente
demain je parlerai encore une autre langue,
et j’hablerai des mots inadaptés
parfait chemin d’hérésie, ma religion la plus touchante
je préfére les orgies qui ont lieu loin des couvents
matez-les et hérissez mon cerveau de:
ris de veau
cervelet
pieds de porcs
rognons.
j’aime la viande
ce qui veut dire: ………………………………………..
tout cela c’est ce que vous ne pourrez jamais lire
j’aime les silences [rien oh rien du tout]
et les suspiros sangrientes
je sors du cinéma et c’est fini. alors je rentre, toute seule, alors que j’étais rentrée, pas toute seule.
je rentre, clap clap clap, un enfoiré me vend des cigarettes, dieu qu’il est désagréable, je rentre clapc lapc lap.
je rentre presque dans des gens heureux qui sortent d’un restaurant, j’en connais une, un autre me connaît (‘c’est toi qui parle espagnol? on s’est vu aux étages dans le marais’. rien à faire on ne s’est pas vu, il m’a vue).
je rentre clap clap pataclap clap clap clap, je ne rentre plus seule. parce que nous allons boire de la vodka, oui oui oui.
à la maison, zubrowka attend.
et il faut le dire, zubrowka me mélange les jambes, et me donne chaud.
je rentre maintenant, clap clap de nouveau seule, je monte des escaliers, je rentre dans mon appartement, je rentre dans mon lit, dans mon livre, dans mes rêves………
8h55 rue des Abbesses un camion tournant des Bétons de France est arrêté
9h03 rue Antoine des travaux tels que je n’en ai jamais vu et les feuilles d’un Libé étalées sur le trottoir
9h30 quai de Corse un camion des Routiers de France
9h32 devant le Palais de Justice on entend les talons des femmes et un camion de sang passe
9h38 quai St Michel un bateau citerne et un bonhomme vert nettoient les quais
9h46 Bd St Germain un camion de sable
9h52 Bd St Michel une cheveleure magnifique au loin, je crois que c’est un homme, je le suis, c’est énervant je n’ai pas besoin de le suivre nous allons au même endroit, je le double (ruse urbaine) oui c’est bien un homme
9h56 rue de la Sorbonne des faux petits chats qui bougent la tête dans une voiture garée
9h57 l’homme à la belle chevelure et moi arrivons à la Sorbonne. Mon école, je ne l’aime pas, je la déteste:
« – Non je ne veux pas aller à l’école! Maman, tu sais, mon nono il est malade aujourd’hui, il a de la fièvre
– Emmène-le à l’école
– Oh non, il a besoin de calme. Il faut qu’il reste allongé
– Laisse-le ici alors
– Mais il faut que je m’occupe de lui! »
10h00 mon professeur
11h03 rue du 4 septembre un camion Kronenbourg
aujourd’hui si il fait beau, j’irai me promener.
je regarde derrière moi. puis devant moi. encore derrière moi. de nouveau devant. je me rends compte que je me tourne dessus, je tourne en rond sur moi-même je pivote je surveille les alentours sans avancer sans reculer. je ne fais qu’un mouvement giratoire qui me conduit toujours à moi. les notes à venir seront-elles aussi rondes que ce mouvement?
je sors! je respire, je prends un élan et tue le mouvement. d’abord je pose un pied qui ne bougera plus. je réprime mon envie de voir de l’autre côté. c’est dur. mon corps tremble en tirant sur la jambe. mon corps explose. je sens ses lambeaux qui volent dans l’espace en tous sens. ils envahissent toute cette partie du monde sans s’arrêter d’évoluer. ils commencent à dessiner un mouvement. oh non! ils tournent! mon corps explosé se réunit se refait, mais là-haut au centre, au milieu du ciel. je me recompose objet volant et tournant, toupie céleste, qui voit, qui voit tout, qui voit toujours.
my name is lolita, i’m not supposed to play with boys, mon coeur est à papa!
my heart belongs to daddy… attention attention au coeur déjà pris, il est à voler…
ahah!
Mon coeur saigne. Chaque jour. A chaque pulsation. Le sang est envoyé dans les artères et il fait le tour de mon corps. Le sang empoisonné fait le tour de mon corps.
Imagine-toi mon corps nourri par la pourriture. Ma main est faible. Mon regard perverti par le mauvais sang qui y est injecté.
Ce sang-là ne se transforme pas en vin. Tu ne le boiras pas. Tu ne mangeras pas mon corps.
Chchchut… Ecoute… mon pouls, c’est ma mort qui avance.
J’ai couru dans ma chambre pour terminer les réjouissances, tant pis, moi seule, mais à l’abri des regards. Cela je ne peux vous le raconter. Il faudrait pour cela que vous voyiez mes accessoires, qui sont exemplaires, et qui m’ont été ramenés par des mains amies de pays lointains. Ce que je peux vous dire c’est que ma couche en porte encore les traces, et que, paraît-il, certains couples cachés sous ma fenêtre pour se conter fleurettes m’ont entendue crier de contentement. Espérons que ce cri les aura aidés à être moins timides…
blig blag blog, sérieux que signifies-tu? rond un tour autour du monde, et ffff un doux rêve où tu es. je ne veux plus que tu sois dans mes rêves. alors protprotprot je sors du danger dans une voiture inventée imaginée imagée. je sors du sommeil je sors de la journée je sors du réel. rrrrrrrr les voyez-vous encore? ils déjeunent entre eux, ils discutent ils se parlent se regardent. se trouvent-ils beaux? je les trouve pâles. brrmm un deuxième tour autour du monde, ils sont de plus en plus loin. où m’avancent mes anneaux, dans le temps, ailleurs? je ne connais rien alors je ne comprends rien. mais je sais que je perds toutes mes chances de les revoir un jour. ouf. maintentant je peux m’endormir tranquille loin de mes rêrves de toi et des contacts d’eux.
je m’endors dans un monde où je flotte, uniquement parce que je ne le connais pas. je soupire d’aise, entendez-vous mon confort? je suis très loin de vous et ça me fait du bien. je siffle doucement dans mon sommeil une chanson angeline que jamais on n’avait entendue, ni vous ni moi. de chez vous vous l’entendez, certains se prosternent, ils montent une église. ils créent un culte. ils vous haranguent, vous obligent à croire comme eux. mais ce n’est que le sifflement perfide d’une méchante fille qui a craché sur la société des hommes! croyez-vous toujours au règne du juste? Dans mes rêves à l’autre bout des ténébres je sais que le juste ne peut pas régner. Quand je reviendrai, si je reviens, je vous trouverai prosternés à mes pieds, vous reconnaîtrez mon chant et mes larmes de cristal, j’arracherai vos gorges et vous comprendrez. mais vous resterez à mes pieds. il ne faut plus croire au juste. vous ne pouvez le voir, il erre dans l’imagination du mauvais; peut-il être mieux caché?
je vous aime
maintenant je suis fatiguée. revenir à paris c’est difficile, et je me trompe toujours de mots. parce que ce n’était pas si dramatique… j’ai peur parce que je vois qu’on peut me deviner parfois. en fait ce sont juste des choses qui traînent et que je m’approprie. pourtant celles qui me concernaient sont passées loin derrière moi. c’est pour tout cela que j’oublie le souci de clarté.
alors tout va encore recommencer, les valses funèbres, c’est moi qu’on enterre toujours: je m’allonge dans le cercueil pour me reposer de la roue des heures, des allers et retours obligés, des rendez-vous, des formalités; tout ça pour que finalement je travaille seule chez moi, qu’on ne s’en inquiète pas, et qu’on me félicite à la fin, dans le meilleur des cas.
je n’ai de cesse de chercher la paix et d’aimer la tourmente. cela ressemble à un air déjà entendu, alors on le transforme, ah mais oui je comprends ça je l’ai déjà entendu, nonononon c’est autre chose aujourd’hui maintenant, c’est moi qui le dis à toi, machin, alors quoi, c’est différent. mais non en fait vous dites la même chose. bon, alors je laisse tombre, je ne chercherai plus de mots différents, je prendrai les mêmes que les autres tout fripés, et on croira me comprendre, et on me foutra la paix. j’étais si différente, vous m’avez refaite. maintenant, triste parfois, je pleure dans le secret d’une entente différente, je m’émeus du mot que personne ne soulignerait dans le livre, et comme ça, je suis heureuse.
toutes nos âmes errantes et solitaires, nous nous croisons en gémissant de l’incompréhension des autres. ce n’est qu’un ingrédient humain, peut-être en fait nous sommes tous identiques, comme peut-être en fait nous n’existons pas.
aujourd’hui nous ne sommes que mardi et c’est déjà vendredi pour moi
ce matin, j’ai croisé un enterrement et suis tombée sur la pire caissière à la poste
aujourd’hui nous ne sommes que mardi et c’est déjà vendredi (13) pour moi
ce matin je me suis habillée, involontairement, en gothique attardée
on aurait pu venir me soutenir à l’enterrement me tendre un mouchoir et me demander si j’allais
hier ils étaient trop loin maintenant ils sont trop près.
mon corps gonfle des larmes retenues
« Frédéric, en écoutant ces choses, regardait Mme Arnoux. Elles tombaient dans son esprit comme des métaux dans une fournaise, s’ajoutaient à sa passion et faisaient de l’amour. » Flaubert
Il va encore pleurer. Depuis hier. Il pleure tout le temps. Il l’a quittée. Elle aussi elle a tellement pleuré. Elle hoquetait, c’était difficile, d’entendre ça maintenant, « mais je t’aime, je t’aime, pourquoi ? » entrecoupé de pleurs. Il a eu envie de l’engueuler, et pourquoi elle me l’a jamais dit cette salope. Cette salope, voilà comment aujourd’hui il pouvait appeler la femme de sa vie. Comment ça tu m’aimais, il a crié, elle a eu peur, bien sûr, il la tenait contre le mur, par le col de son pull. Comment ça tu m’aimais, petite pute, il pleurait lui aussi, et tout ça était très difficile. Il lui a raconté alors assis par terre en fumant une cigarette et en caressant son visage tuméfié (il l’a frappée), il lui a raconté toutes les nuits où il pleurait parce que jamais elle ne lui a dit qu’elle l’aimait. Toutes les nuits où il a cru qu’elle ne l’aimait pas, qu’elle le trompait, où il se sentait seul. Bref, elle voit quoi. Et voilà, maintenant tout est fini, il ne la croit plus. Il a mal d’amour, après quatre ans de couple, il croit moins à l’amour que jamais.
Le magicien faiseur de courants d’air était là, au haut de la colline et pouvait me voir jouir de ses tours. Je levais vers lui mon visage luisant de sueur et de mon regard inondait de brûlures son sexe impatient. Mais mon amant n’était point venu pour cela. Il fit un geste du bras, qui découvrit une armée de bandits sanguinaires sur leurs chevaux couleur enfer. Cette armée assoiffée fondit sur la foule égayée par le vin, et à coups d’épées chauffées sur les braises décapita ma famillle et mes convives. Mon mari officieux est bien le plus brave de tous. Il vient jusqu’à ma fenêtre et me somme de descendre. Je ne peux que lui obéir. Tremblante à la fois de peur et de désir, je le rejoins. Il me prend sur le corps de mon père, et nous glissons dans le sang. Je hurle à la vie. Et fête la mort de l’ennui.
elle entre dans la salle, enfumée, enfumée.
il la voit, il se retourne
elle fait claquer ses talons, elle le regarde
il voit ses yeux briller, il sont noirs, il le clouent
elle lui tourne le dos, elle parle à l’autre homme beau
il avance d’un pas sûr: je t’aime il lui dit
prends garde à toi, ce que tu peux m’exaspérer, ah… ta façon de m’appeler je ne la supporte plus
l’autre homme beau s’est impatienté il est parti
elle pleure dans le giron du premier, toi qui m’aimes rassure-moi, pourquoi lui ne m’aime pas, je l’aime
l’autre homme beau revient, elle l’embrasse en riant il l’emmène dans une nuit où il y aura elle et d’autres femmes quelle trouvera plus belles quelle. Elle sera triste se réfugiera dans le bras du gentil qu’elle ne pourra jamais aimer. Et elle souffrira la vie d’aimer un homme brutal.
si tu ne m’aimes pas je t’aime et si tu m’aimes prends garde à toi…
———-De lui il ne reste rien
(« Rien » est un terme du langage usuel, qui désigne l’absence de ce que nous cherchons, de ce que
nous désirons, de ce que nous attendons. A supposer que l’expérience nous présentât jamais un
vide absolu, il serait limité, il aurait des contours, il serait donc encore quelque chose. Mais en réalité
il n’y a pas de vide. Nous ne percevons et même ne concevons que du plein. Une chose ne disparaît
que parce qu’une autre l’a remplacée. Suppression signifie ainsi substitution.)
———-L’absence a remplacé la présence
(Seulement, nous disons « suppression » quand nous n’envisageaons de la substitution qu’une des ses
deux faces, celle qui nous intéresse; nous marquons ainsi qu’il nous plaît de diriger notre attention
sur l’objet qui est parti, et de le détourner de celui qui le remplace.)
Llegabas por el sendero,
Tu arrivais par le sentier,
delantal y trenzas sueltas,
tablier et tresses lâchées,
brillaban tus ojos negros,
tes yeux noirs brillaient,
claridad de luna llena
clarté de pleine lune
Mis labios te hicieron daño
Mes lèvres t’ont blessée
al besar tu boca fresca.
En baisant ta bouche fraîche
Castigo me dió tu mano,
Ta main m’a puni
pero más golpeó tu ausencia
mais plus cinglante est ton absence
Aaaaaaaah…
Volví por caminos blancos,
Je suis revenu par des chemins blancs
volví sin poder llegar.
Je suis revenu sans pouvoir arriver
Triste con mi grito largo,
Triste avec mon long cri
canté sin saber cantar.
J’ai chanté sans savoir chanter
Cerraste los ojos negros,
Tu as fermé les yeux noirs,
se volvió tu cara blanca
ta figure est devenue blanche
y llevamos tu silencio
et nous emportons ton silence
al sonar de las campanas.
Au son des cloches.
La luna cayó en el agua,
La lune est tombée dans l’eau
el dolor golpeó mi pecho.
La douleur a frappé ma poitrine.
Con cuerdas de cien guitarras
Avec les cordes de cent guitares
me trencé remordimiento.
Je tresse mon remords
Aaaaaaaah…
Volví por caminos viejos,
Je suis revenu par de vieux chemins
volví sin poder llegar.
Je suis revenu sans pouvoir arriver.
Grité con tu nombre muerto
J’ai crié avec ton nom mort
recé sin saber rezar.
J’ai prié sans savoir prier.
Tristeza de haber querido
Tristesse d’avoir aimé
tu rubor en un sendero.
Ton rougissement dans un sentier
Tristeza de los caminos
Tristesse des chemins
que después ya no te vieron.
Qui ensuite ne t’ont plus vue.
Silencio en el camposanto,
Silence dans le cimetière,
soledad de las estrellas,
solitude des étoiles,
recuerdos que duelen tanto,
souvenir si douloureux,
delantal y trenzas negras.
Tablier et tresses noires.
Volví por caminos muertos
Je suis revenu par des chemins morts
Volví sin poder llegar
Je suis revenu sans pouvoir revenir
Grité con tu nombre bueno
J’ai crié avec ton beau nom
Llore sin saber llorar
J’ai pleuré sans savoir pleurer
(Milonga triste)
suer sous le soleil voilà où jen suis
manger des scarabées dorés voilà ce que je suis
un fantôme décoré voilà qui je suis
décoré de mes rêves, de ce que je ne voudrais pas voir mourir
je cultive l’herbe du silence, pour que les autres la mâchent
la paix, la paix, la paix
demain, je rêverai que je suis
demain, je construirai d’autres songes
estivaux, hivernaux, pour une vie entière
où s’arrête la vie? inconnu délicieux
mots sirupeux et rêves au sucre
ça fond ça colle et ça coule
je vomirai vos désirs, les remplacerai par mes craintes
et demain sera noir
J’avance vers ce corps démantelé (ils l’ont ouvert systématiquement comme s’ils voulaient y trouver quelque chose). Le bord des plaies suinte, on voit plus que du rouge maintenant, il y a aussi du blanc (une espèce de gélatine qui indique que le corps est perdu) beaucoup de noir (des mouches assoiffées par le sang, requins terrestres, chauves-souris diurnes) et une couleur indéfinissable (sang séché qui racornit la peau). La peau… elle n’est plus tendre, plus imperméable, les bords des plaies (oh combien nombreuses) sont secs. J’avance vers ce corps démantelé, et je devine qu’il a été un homme. Frisent au bord des plaies des poils noirs épais comme j’en ai souvent léchés, la bouche est vermeille, le sourcil épais, et je vois son sexe. C’était un homme. Qu’est-il aujourd’hui ? Je veux qu’il soit un homme de nouveau, que l’on voit qu’il en était un. J’avance vers ce corps démantelé, et me baisse entre deux plaies béantes. Elles sont belles… les couleurs se mêlent au gré des mouvements des petits vers blancs qui les contaminent ; tableau vivant, qui m’émeut dans le temps. Son sexe est intact et donc immobile. Je le prends et le lèche doucement comme pour le laver d’une mort qui ne l’a pas assez atteint. Il est raide, et c’est un peu difficile de le lever pour le prendre dans ma bouche. Mais je le peux, et le mort ne sent pas mes efforts. Son corps pourtant se réalise un peu, et dans le mort s’immisce un peu de vie, il en prend la représentation. Je lèche son dard tant et si bien qu’il gonfle un peu, et m’excite. Je peux m’asseoir sur lui, et je vois les plaies soubresauter sous mon corps qui s’agite. Des vers tombent de leur cène, et le cou se détache du corps. Mon doux amant éloigne ses lèvres de moi à jamais ! Je crie au plaisir, et me lève, je sais que je ne dois pas rester avec lui. La région de son aine est singulièrement gonflée par le liquide de mon amour. Je peux partir maintenant, il est un homme de nouveau ; un nouvel homme mort.
Que faire du bonheur? Certains disent que ça ne se raconte pas, d’autres, comme Piaf, écrivent des chansons dont, si on est un suédois qui ne parle pas français par exemple, on croit qu’elles parlent de cataclysmes qui tuent irrévocablement l’être aimé… (Heureuse, heureuse….)
Moi j’erre dans l’espace où je me trouve en souriant béatement, et en racontant à qui veut l’entendre mon expérience récente du bonheur. Ou alors, je me mets dans un coin privé et je crie:
YIIIIIIIIIHAAAAAA! YOUPIIIIIIIIIII!!!!!!!!!!! OUAIAIAIAIAIS!!!!!!!!!!!!!!!! ENFIN!!!!!!!!!!!! INCROYAAAAAAAAAABLE……………………………
Je prends en secret un enfant dans mes bras et j’embrasse ses lobes d’oreille qui ressemblent à des coquillages roses
Je cours vers la cheminée et je bois un thé fumant, en regardant de mes yeux troubles en émoi, ceux que, oui, j’aime
Je prends une douche chaude et je laisse couler l’eau chaude très fort sur mes épaules en fermant les yeux, en serrant les cils
Je souris aux anges même s’ils n’existent pas, je souris à la croyance des autres
Aujourd’hui la mienne s’affermit, le bonheur c’est nous, ça peut être les autres, je ne sais pas bien en fait
(pour moi c’est avant tout le vent, les yeux dans le ciel, la mer)
en tous les cas c’est terrien, et on peut le vivre maintenant
Les objets, cela ne devrait pas toucher, puisque cela ne vit pas. On s’en sert, on les remet en place, on vit au milieu d’eux: ils sont utiles, rien de plus. Et moi, ils me touchent, c’est insupportable. J’ai peur d’entrer en contact avec eux tout comme s’ils étaient des bêtes vivantes.
L’autre jour, cela passait du galet dans mes mains. Oui, c’est cela, c’est bien cela: une sorte de nausée dans les mains.
Vous aussi, vous avez la nausée?
