NOURRIR LES ANES #3
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On m’a donné plusieurs consignes. Car les ânes, quoi qu’on en pense, sont plutôt difficiles. La première contrainte, et la plus pénible de mon point de vue, est qu’il faut nourrir les ânes à heure fixe. En l’occurence, il s’agit du matin, avant 10 heures de préférence. Si jamais on déroge à cette règle, l’âne peut le faire remarquer de manière assez désagréable et parfois spectaculaire. Cela s’est produit une fois, d’après ce qu’on m’a raconté. Pris par je ne sais quelle obligation, le propriétaire des bêtes n’avait pu, en effet, leur donner leur botte de foin quotidienne. Quand il est arrivé, sur le coup des 14 heures, il les a pourtant trouvé, tous les deux au rapport, calmes et l’air dégagé. Il faut aussi savoir que dans le champ d’à côté, il y a deux chevaux. De belles juments de race, autrement dit dont la progéniture peut valoir très cher, pour peu qu’on les fasse monter par des étalons assez dignes.Au moment de cette histoire, le propriétaire des juments prévoyait justement d’aller les faire engrosser je ne sais où dans l’ouest de la France. Le pauvre homme emmène donc sa bête un jour de grande chaleur, la fait monter comme il se doit par un pur sang bien membré, et revient sur la colline des moulins. Il fait constater la grossesse, paie la saillie, et attend l’arrivée du poulain. Bien entendu, au moment de mettre bas, ce sont deux grandes oreilles qui apparaissent au lieu du pur sang attendu. Les ânes (on ne saura jamais lequel exactement), avaient sauté la jument ce jour où ils avaient attendu trop longtemps leur repas. Voila pourquoi il me faut respecter avec rigueur cette première contrainte. |
Su la mé
Quand je sis sus le rivage
Byin tranquille, êt’ous coum mei ?
J’pense es syins qui sount en viage,
En viage ou louan sus la mé
En viage ou louan, en viage ou louan sus la mé
La mé, ch’est vraiment superbe,
Et j’aime Byin quand i fait biâo
L’étaè sous nous cllos en herbe
La vei s’endormin un miot.
Mais quand o’s’fâche la vilaine,
Et qu’no-z-entend, dé t’cheu nous,
La gross’voué de la sirêne,
No-z-en a quasiment pouâ.
J’aim’byin, dans les jouors de fête,
Quand les batiâos sount à quai,
A l’abri de la tempête
A Chidbouorg coume au Bequet ;
Ch’est lo qu’i sount muus, sans doute,
Des treis couleus pavouésaès ;
Mais, dé nyit, dans la déroute ;
Hélos ! Qu’i sont esposaès.
Quand o sâot’ par sus la digue,
D’qui qu’o fait trembller les bllos,
Qu’à l’auncre, l’vaisseau fatigue,
Ah ! Veir’, jé pense es mat’lots !
Réverront-i lus villages,
Et pourront-i ratterri ?
J’avouns d’si mâovais parages
De Barflleu jusqu’à Gouory !
J’ai Déeus fis dans la mareinne,
Déeus forts et hardis gaillards
L’eun révyint dé Cochincheinne,
L’aôtre dé Madagascar.
I Rentrent, lus corvaèe faite,
D’y pensaer, no n’en vit pus
Mais que j’pllains, sans les connaître,
Cheus qui sont restaès lo-bas !
La musique comme seule sensation
J’écoute de la musique :
quand je travaille,
quand je prends le métro,
quand je cours,
quand je suis seul chez moi,
quand je lis,
quand je m’endors.
Bientôt, j’écouterai de la musique :
quand je serai au téléphone,
quand ils me parleront,
quand je disparaîtrai.
| « Lorsque Ivan Tourgueniev publie Pères et fils en 1862, il campe un homme révolté d’un type nouveau en qui la force de l’illusion le dispute à la nonchalence et à la morgue. Il est aussi, dans cette vieille Russie provinciale, un étranger, un homme de trop qui côtoie d’autres hommes sans les rencontrer vraiment. L’écrivain russe avait déjà peaufiné des personnages d’hommes inutiles, dominés par l’ennui et par la certitude de la vanité de tout. Le nihiliste Bazarov a pour vocation de servir le peuple, en niant les principes en vigueur, l’autorité dominante, l’ensemble des traditions. (…) Il ramène, dès que l’occasion lui est offerte, tous les idéaux à leur principe, organique ou physiologique. S’agit-il de l’amour ? La simple évocation du sentiment provoque une réplique cinglante : « Nous autres physiologistes nous savons bien ce qu’il en est… Tout ça, c’est du romantisme, du vent, du pourri, de l’art. (p 67). D’ailleurs, selon Bazarov, l’art surpreme consiste à fabriquer des bottes et à soigner les hémoroïdes ! » in « Le nihilisme », textes choisis par Vladimir Biaggi, Ed. Corpus, Flammarion. |
IGOR A DISPARU…
Aidez-nous à retrouver Igor!
Plusieurs centaines de cas de crise de manque ont été constatées
et recensées aujourd’hui chez les lecteurs de Tourgueniev ce héros…
Si nous n’agissons pas très vite, l’épidémie risque de se propager
de façon exponentielle!
Alors faîtes vite, si vous avez des informations, nous contacter!!!
Evidement récompense!!!
ce matin tôt je rencontre « la juliette de pascal » rue du faubourg saint antoine : elle me dit :
– tu vas au boulot ?
– moui … (j’ai la tête dans le pâté, je porte un bonnet bleu atroce et je me rend chez mes potes de Console ou je fait en ce moment un dessin sur le mur de la cuisine…)
– ha oué, et ben, moi, chuis la galérienne du lundi matin !
décidémment, c’est grace à des moments comme celui ci que je suis forcée d’admettre cette réalité première en ce qui concerne « les échanges verbaux et moi » :
j’ai pas le sens de la formule…
Longtemps sous les arbres
tu vécus heureux
prend garde à la mer
Au premier cri de la mouette sur la grève
ton coeur
plus jamais ne trouvera la paix dans la forêt
in Liberation : 6 août 1873. A Flaubert qui lui adresse force compliments d’Eaux printanières (en un mot, il trouve le récit « charmant« ), Ivan Tourgueniev ravi répond que, venant de lui, cela fait vraiment plaisir, « les vieux latin avaient raison, quand ils parlaient de laudari a laudato viro ». A part ça, à Bougival (seine-et-Oise), « il fait une chaleur abominable – et, malgré les volets fermés, je suis à peu près ruisselant« .
in Immature : je dois être stupide (malré ma maitrise de philo), parce que je ne comprends pas l’intérêt de ce blog que tout le monde semble admirer : www.tourgueniev.com

George W. Bush, vous avez 48h pour abdiquer et quitter le pays.
Passé ce délai, nous mettrons Paris (Texas) à feu et à sang.
Cet ultimatum est irrévocable.
SEMAINE DE LUTTE CONTRE L’HÉTÉROPHOBIE
Cher collègues,
Dans sa grande bonté, notre être suprême nous a mis au monde pour que nous vivions de paire: hommes à hommes et femmes à femmes.
Cependant, nous ayant omis de notre capacité à nous reproduire est apparu peu à peu l’hétérosexualité, cette déviance consistant à avoir des rapports sexuels entre sexes opposés.
Bien que l’on soit porté à avoir des préjugés envers cette communauté, il faut se rappeler qu’elle est la base même de notre existence et la clé de nos générations futures. J’entends souvent des gens me parler de gaspillage lorsqu’ils voient de très beaux mecs hétéros. Pensez-y un peu. Si les plus beaux étaient tous gais, le monde s’enlaidirait de génération en génération.
Je vous demande donc de faire preuve de tolérance et de compréhension envers la communauté hétérosexuelle. Bien qu’elle soit majoritaire, on comprend qu’elle soit réticente envers nous par manque de confiance en eux et du fait qu’ils soient une classe à part.
Non à l’hétérophobie! Il en va de nos générations futures!
N.B.: Il existe un programme pour les jeunes hétéros souffrant de leur «déviance» et nous sommes là pour les aider.
« Je demande à la production Orlando de publier un démenti concernant les propos tenus sur internet me disant atteinte d’un cancer des cordes vocales depuis 1995. Cela est totalement faux, je tiens à vous rassurer à ce sujet : je suis en pleine forme ! »
tu as les yeux pers des champs de rosées
tu as des yeux d’aventure et d’années-lumière
la douceur du fond des brises au mois d’août
st-dominique est grand comme un désordre universel.
J’ai rencontré un type, c’est un rêve ambulant.
Il va falloir que je m’y fasse, et que lui se fasse à l’idée qu’il est plutôt en face d’une drôle de farce.
POUM POUM TCHAK CHTZING POUAM KA POUM
POUM POUM TCHAK CHTZING POUAM KA POUM
POUM POUM TCHAK CHTZING POUAM KA POUM
POUM POUM TCHAK CHTZING POUAM KA POUM

c’était très étrange
même dans le cadre expérimental du labo
Kiki continuait à s’exploser la tête spontanément

Cet homme là se fait passer pour Igor Tourgueniev…
La ressemblance est frappante… ça n’est pourtant pas lui.
Selon toute vraisemblance, ce « sosie » a été fabriqué par le clone de Zan…
Il regardait sa vie comme on contemple le soleil qui se couche
il plissait largement les yeux
et on ressentait dans ces moment là
sa fatigue immense et sa joie aussi, pour les choses accomplies
Il disparaissait lentement
sans peur de la mort
comme une étoile déclinante
dardant ses derniers rayons chauds et doux
sur ses mondes préférés
Je pleure
je ne veux pas que tu meures
tu as l’air si paisible
alors qu’il est si injuste que tu t’en ailles maintenant
injuste
Belle, active, drole, intelligente, douce, entière, désirable.
Soyons Badided
N’ayons l’air de rien
Ayons l’air Badided
Badided mag’
A paraître
Etrangement agréable…
Je tremble
Je n’ai pas froid
Le sommeil me manque
Pas la quiétude
Enfin si parfois
S’activer…
Grande journée numérique…
Aucune certitude…
Terroriste 1
camarade révolutionnaire, URANIUM comment allez vous ?
Terroriste 1
(MOLLAH OMAR)
Terroriste 2
je vais ARME BACTERIOLOGIQUE plutot pas mal ma foi
Terroriste 1
Vous êtes déjà PNOHM PENH arrivé NUCLEAIRE à Paris ?
Terroriste 2
oooh non ! ATTENTAT PREVENTIF je viens seulement BACILE DU CHARBON ce soir
Terroriste 1
boooooooooKILLTHEPRESIDENToooooooon
Terroriste 2
oué ASSASSINAT ça devrait OTAGE aller
Terroriste 1
Mais ALLAH AKBAR tu vas faire FIDEL CASTRO quoi à Paris JAMAH ISLAMIYAH ?
Terroriste 2
j’ai un rendez-vous GROUPUSCULE pour choper des photos MISSILE AL SAMOUD pour une expo au théâtre
Terroriste 2
(2)
Terroriste 1
Tu restes ALI TOUCHENT tout le week-RACHID RAMDHA-end ?
Terroriste 2
nan SYRIAN nan, juste l’aller ISLAMIC DICTATURE retour
Terroriste 1
Ah bon, même pas KHADAFI une soirée pour JE SAIS OU SE CACHE SADDAM HUSSEIN une soirée ?
Terroriste 2
si si, BOMB LA HAGUE une soirée. je rentre AEROPORT ROISSY CHARLES DE GAULLE demain matin
Terroriste 1
Bien bien… ben moi je vais aller PERVEZ MUSHARAF IS GAY faire ma sieste quotidienne
Terroriste 2
tu fais TOTO CUCUGNO bien
Terroriste 1
(45T – y -76H)
Terroriste 2
(JH 25A CH JF 18A PR RDV Q)
Terroriste 2
moi je file à l’usine (DE TRAITEMENTS DES DECHETS NUCLEAIRES)
Terroriste 2
a+ camarade MOUJAHIDINE
Terroriste 1
bon… je te souhaite CONTAMINATION une bonne SRAS DANS TON CUL journée
Plus près de toi mon dieu, plus près…
Ce soir je vais à la plage.
On jouera au ballon prisonnier
et aux chaises musicales.
Comme dans un show TV
de samuel beckett
ou de gertrude stein…
0001010100000111010011000010…ad lib.
le récitant : Un connard harcèle une des personnes les plus gentilles et douces que je connaisse.
#10
Il pressent un scandale qui l’entoure, mais il ne sait pas le nommer.
Dénoncer l’obscurité. Voilà son programme.
Dénoncer l’incapacité à désigner le mal.
Il avance, légèrement courbé ; je vois traverser l
e temps jusqu’au moment où seule la vieillesse le calmera.
Cheveux longs sales. Petite maison. Petite nourriture.
Petite femme pour le regarder décliner.
Voir comment il se meurt depuis le commencement.
Je me méfie de toi tous les jours. Le héros fatigué
ne tracera pas un point final.
Trop fatigué aussi pour se retourner et compter les bravades.
Au fait, de quoi a-t-il déjà triomphé ?
De la torpeur bon sang !
le récitant : Une soirée est organisée à cette occasion dans un night-club tenu par Oncle Nicolaï, un mafieux russe.
bon à rien à cette heure, trop de fatigue, mais pas de mal.
bon à rien à sept heure, trop de fatigue, mais pas de mal.
demain on traque le maléfique et on recommence à bouquiner.
demain on reprend le rythme et on recommence à travailler.
je suis bien en ce moment, ça peut durer, on va tout faire pour.
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ne pas oublier de participer au barbecue théatral.
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peut-on rester femme et mère en prison ?
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lutter par le silence contre une petite pointe d’ironie.
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je vais à la cuisine chercher un couteau auto-aiguisé.
je vais à la cave chercher un biceps.
sortir une poêle, mettre un peu d’huile d’olive.
faire chauffer l’huile, bien bien chaude.
jeter le biceps, laisser griller,
un coup pile, un coup face.
quelques herbes
miam.
le récitant : imposteur !
ses yeux brûlent
imagine le soleil levant
pourquoi moi qui suis minuscule
me devrais-je d’être son amant
qu’elle s’arrête ou je m’émascule
je n’en peux plus dans ses yeux…
… brûle
(…)
Dominique A.
Autologue.
# -1
Je ne pourrais le percevoir qu’à distance, comme si je me souvenais
de la vie d’un mort.
Et pourtant les bruits, les paroles des autres sont si près de lui,
que je le vois maintenant, presque sous mes yeux.
Tout est prêt.
« Il ne me reste plus qu’à m’en emparer. »
Là. Rien au-delà. Présent.
Tentation de ne voir plus que les choses minuscules.
Tentation de n’aimer que l’ombre dévorante
de l’amour que je ne mérite pas.
C. m’a confié :
« peur dans un grand restaurant de mettre à hurler, à
danser nue sur une chaise. »
Mais toute allusion à la vie est un déchirement,
comme si je bafouais son silence,
son secret.
Viol du réel par le langage, c’est très sérieux et
vraiment ressenti comme tel.
Fermeture des yeux du héros, main saisissant le front
stressé de notre homme, extinction de la lumière, fermeture du lieu.
Queria muito ter todos os trade paperback dos invisibles(s?o sete ao todo), mas infelizmente na importadora cada um custa 105 reais. So quando eu trabalhar e ganhar uma grana boa portanto…. Enquanto isso vou me virando com a vers?o em português que ate agora esta s? no n?mero 10, e tende a ser interrompida no meio apesar da grandess?ssima boa-vontade dos editores, que se preocupam em trazer para o Brasil esses quadrinhos t?o bem escritos…
je tenais à remercier tout particulièrement Serge Gainsbourg, qui écrit toutes mes chansons depuis 10 ans,
merci Serge !
merci !
Ambassador
Une fausse blonde sublime agonise dans les odeurs de havanes, fauteuils club, il ne faudrait pas être ailleurs, vous savez, ailleurs les verres se servent à ras bord, ici les gants crème font glisser sur comptoirs en ébène, on prendra notre temps, pour ajuster les graisses à la forme du cuir, faux mouvement, la maison garantit l’harmonie de l’ensemble, c’est extraordinaire et tellement original, c’est une si bonne surprise, ici on sait à quoi s’en tenir, la maison garantit la surprise et les fausses blondes on toujours un mouchoir avec elles, une serviette, un masque à gaz, une Mercedes Benz, la vie au ralenti, et sans fausse modestie, je vous trouve exemplaire, mon ennui proportionnel à l’épaisseur des moquettes sur lesquelles on avance, au ralenti, à vitesse conforme, une grande porte à battants rotatifs à l’entrée fait le tri, alors pourquoi ne pas se mettre en chaussettes, dans la musique de feutre on se dit qu’on est bien dans ce mince interstice entre le bronze massif et le creux des moulures, entre le pli des ventres et la famine des dames, entre la masse visible et les semelles tout cuir, made in France, madame, vous savez, fragiles comme le cours des matières premières à la bourse, des matières précieuses, ici on vient pour sentir le silence, pour voir les petits cercles humides que le dessous des verres dépose à la surface des tables, vous voyez, le verre est absolument sec, vous le remplissez, et alors de petites gouttes apparaissent et laissent une trace en forme de cercle derrière elles, donc, sous le verre, et les fausses blondes détestent ce genre de détails et les gros bonnets adorent mesurer la taille de leur cercle en fumant un havane, sans complexes, pas de frime surtout, pas de drame, par pitié, avez-vous vu comme il sait bien y faire, ce barman est splendide, les serveuses sont parfaites, si précises à leur place, canapé réservé, au comptoir du palace, la fausse blonde s’est levée de son siège en se fondant toujours dans la mollesse des murs, profitant du protocole capiton des bourgeois en lévitation autour, la fausse blonde s’est dressée comme un vulgaire courant d’air au milieu du nappage de fumée, elle a rejoint le comptoir en ébène et s’est mise à parler :
Qui m’a posée ?
Qui m’a posée là ?
Qui m’a raflée ?
Et qui paiera ?
Elle a ouvert son sac à main à double initiales dans l’assurance tranquille des salons, il était question d’une partie fine à la table d’hommes et des femmes comme elle qui était à sa droite quand le premier crâne chauve a volé en éclats, et la fausse blonde tellement sereine et à bloc que la latence entre la détonation et le moment où la panique se met à saisir les clients se dilate, main serrée sur la crosse elle écoute le murmure dans la salle, on dirait : elle cherche une cible, mais l’entre-deux ne dure pas, regardez, c’est une arme automatique qui nous menace, elle est prête à cracher, et la monnaie sort des poches, on l’aligne sur les tables, on a de quoi payer, prenez tout ce que vous voulez mais de grâce, et de fait, la blonde s’en balance, sans désordre elle arrose l’assistance, la mitraille s’enfonce dans les fauteuils qui se gorgent de poisse, et comme si tout le monde se mettait à savoir la justice, personne ne bouge, et l’intérieur du barman s’infiltre dans l’ébène du comptoir, et personne qui hurle, comme un retour à la normale, c’est la graisse des ventres qui suinte à présent par les cratères que le métal perce à mesure que les douilles frappent le sol, she makes me wanna die, mort à l’Intercontinental, on n’est plus claustrophobes, on exécute en famille, enfin, on respire, ça n’est quand même pas souvent, que la moelle retourne aux crachoirs, quand on pense aux sirènes de police un peu longues à venir pour un quartier si chic, quand on pense à l’abondance et quand on voit l’hécatombe, encore un dernier chargeur, pour quelques salves de plus, pour ajuster la tête, être sûre cette fois que mastercard ne protège plus des balles, qu’elle ne cuirasse plus les cœurs, pour le plaisir d’une pièce de viande classe affaire explosée sur moquette, et dans un cadre idyllique, une page ouverte du catalogue « atmosphère cosmopolite » des corps déchirés, que la fausse blonde enjambe pour passer derrière le bar, elle s’y sert un verre de vin de classe insolente et rejoins les fauteuils, croise les jambes et sans puis-je vous offrir un verre, mademoiselle, dos au cuir du siège, silence autour, même, piano man est en miettes et mademoiselle soupire du plaisir de sentir les odeurs de poudre remplacer celles des havanes, enfin paisible, une courtisane qui se respecte, une call-girl digne de ce nom, saura toujours avoir de temps de se refaire les ongles en attendant l’arrivée des fourgons, elle se dit à elle même.
Il faut aussi savoir que dans le champ d’à côté, il y a deux chevaux. De belles juments de race, autrement dit dont la progéniture peut valoir très cher, pour peu qu’on les fasse monter par des étalons assez dignes.


























